Écoles très perturbées, transports quasiment à l’arrêt, multiples manifestations à Paris et dans les grandes villes de France… La journée du 19 janvier s’annonce noire. Une semaine après l’annonce du projet de réforme des retraites par le gouvernement, les syndicats appellent à l'unisson à la mobilisation massive. Philippe Martinez, espère « beaucoup de monde dans la rue et beaucoup de monde en grève », déclare-t-il sur le plateau des 4 Vérités, mercredi 18 janvier, sur France 2. Il s’attend également à une forte mobilisation au sein des entreprises privées. Doit-on s’attendre à la possibilité d’un mouvement reconductible ? Sur ce point, le secrétaire général de la CGT se dit favorable « partout où c’est possible », a-t-il déclaré, affirmant qu’il y aura des « votes jeudi dans les assemblées générales des entreprises ». Une chose est sûre : la journée de demain s’apparente à un test pour le gouvernement. Dans la foulée de son annonce, la Première ministre, Élisabeth Borne, a appelé les syndicats à « la responsabilité », afin de ne pas « pénaliser les Français » dans leur mobilisation. « Je peux lui renvoyer la politesse. Ce projet de réforme va faire travailler deux ans de plus, donc on peut aussi en appeler à la responsabilité du gouvernement et du président de la République. Quand il y a un tel taux de mécontentement, pas uniquement sur les retraites, il y a de quoi écouter et prendre les bonnes décisions, c’est-à-dire retirer ce projet », affirme Philippe Martinez, qui n’exclut pas de nouvelles discussions.
Néanmoins, selon les estimations du gouvernement, près de 4 Français sur 10 pourront bénéficier d’un départ anticipé et donc partir à la retraite avant 64 ans. « Tout le monde a compris que même si on part deux ans avant 64 ans, on partira plus tard qu’aujourd’hui. Les gens ne sont pas des imbéciles ! », fustige le responsable syndical. Le projet de réforme prévoit également un index pour inciter les entreprises à embaucher des séniors. « S’il n’y a pas de sanction, cela n’a aucune conséquence », estime Philippe Martinez, qui espère que cette « union syndicale durera jusqu’au retrait des mesures d’âge et d’augmentation de la durée de cotisation ». Une grève générale reconductible et un blocage total du pays est-il envisageable ? « Ce sont les salariés qui décident. (…) L’idée de blocage est faite pour faire peur. Quand plus personne ne travaille, ça ne marche pas. Mais ce n’est pas un blocage, c’est une grève », estime Philippe Martinez. De son côté, la fédération CGT de l’énergie, envisage des actions ciblées contre les ministres et élus qui défendent cette réforme. « C’est d’abord et avant tout un cri de colère », réagit Philippe Martinez, saluant les « opérations robin des bois » des énergéticiens.
Peur des débordements ?
Dans un contexte social tendu, doit-on redouter le climat des manifestations et doit-on craindre des débordements ? « L’expérience nous montre que oui, nous sommes dans un monde de plus en plus difficile. On assure la bonne marche des cortèges. Ce qui se passe à l’extérieur est du ressort du préfet de police », commente Philippe Martinez. Certains élus ont annoncé vouloir se joindre au cortège. « Ils sont bienvenus à la manifestation, mais leur place est en soutien et donc en arrière des cortèges », estime-t-il, en excluant néanmoins les élus du Rassemblement national. « Les manifestants ont le sens des responsabilités, on ne veut pas de racistes ou ceux qui prônent le racisme dans nos cortèges », assume-t-il.