C’est une visite qui suscite de vives réactions. Ce midi, le président de la République déjeunera avec Mohammed Ben Salmane, le prince héritier d’Arabie Saoudite. MBS est actuellement en quête d’une nouvelle légitimité et cherche à changer l’image de son pays. Le prince est connu pour les violentes répressions qui sévissent pour les opposants du régime en Arabie Saoudite, et même pour des crimes qu’il aurait instiguer, comme celui du journaliste Jamal Khashoggi. Faut-il accueillir en France ce dirigeant sans état d’âme, malgré la situation des droits de l’Homme dans son pays ? « Nous sommes dans un contexte politique et géopolitique extrêmement tendu et difficile, avec le retour de la guerre en Europe des tensions régionales partout sur la planète, l‘Arabie saoudite est un acteur central de la stabilité dans le Golfe et qui joue un rôle de plus en plus important dans la relation avec la Chine et dans la pression qu’elle peut éventuellement exercer vis-à-vis de la Russie dans le conflit ukrainien », explique Pierre-Alexandre Anglade, député Renaissance et président de la commission des affaires européennes de l’Assemblée nationale, invité des 4 vérités ce vendredi 16 juin 2023.
Grâce à sa production de pétrole, L’Arabie saoudite est en effet un acteur majeur dans la géopolitique actuelle et détient une des clés de la pression sur la Russie, pour le député il est donc « important d’avoir ce dialogue », malgré que le pays applique la peine de mort, avec 147 exécutions en 2022, 81 en une seule journée. L’Arabie saoudite n’est donc plus un paria en Occident. « La France qui est une puissance du conseil de sécurité des Nations Unies, ne choisit pas ses interlocuteurs, les défis sont globaux. Le rôle de la France c’est d’être capable de parler avec tout le monde, y compris avec des personnalités qui, en l’occurrence, parfois mènent les pires actions », déclare le député.
Ukraine : la contre-offensive est en cours
Depuis plusieurs jours, la contre-offensive ukrainienne a débuté mais n’a pas fait reculer de façon notable les forces russes. L’Ukraine a perdu beaucoup de matériels, fournis par l’Occident. « Il ne faut pas s’attendre à quelque chose qui soit extrêmement rapide et dans 10 jours avec un effondrement total de l’armée russe », affirme Pierre-Alexandre Anglade. Le député croit en la capacité de l’Ukraine a reconquérir son territoire et affirmé sa souveraineté, mais reste prudent. « Même si l’armée russe est affaiblie, elle reste une armée puissante (…) Vladimir Poutine envoie ses soldats comme de la chair à canon au front, les ukrainiens n’ont pas la même approche». L’OTAN doit-il continuer d’armer l’Ukraine sans compter, sans limite, malgré les nombreuses pertes ? Le président de la commission des affaires européennes à l’Assemblée est clair : « Je crois qu’il faut soutenir la résistance ukrainienne jusqu’à ce que le dernier soldat russe est quitté le territoire ukrainien (…) Si nous ne sommes pas capables d’apporter maintenant le soutien nécessaire à la résistance ukrainienne, alors peut-être que dans quelques années nous ne connaitrons plus la paix, la liberté et la prospérité telle qu’on les a connu ».
Migration : un naufrage dramatique
« C’est un drame absolu, on ne peut pas se résoudre à voir des dizaines voire des centaines de femmes, d’hommes, d’enfants, qui font le choix de fuir leur pays pour différentes raisons (…) on ne peut pas accepter en tant qu’Européens, en tant qu’humanistes, que la Méditerranée devienne un cimetière », exprime le député. Pierre-Alexandre Anglade souhaite que les Chefs d'État, les États membres et les gouvernements arrivent à conclure le plus vite possible, le pacte «Asile et Migration ». Un pacte pour une meilleure organisation au sein des 27 pour les flux migratoires.