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L’attente se prolonge de quelques heures avant l’annonce du remaniement. En effet, Emmanuel Macron et Élisabeth Borne planchent sur les derniers détails de ce plan qui prévoit la refonte de l’équipe gouvernementale. Le casting se précise avec au moins six départs en perspective à l’instar de Pap N’Diaye qui n’a pas réussi à re-consolider l’Éducation nationale. Au terme d’un long suspens, les Français s’interrogent avant tout sur la politique du pays. Va-t-elle changer au même titre que les nouveaux soupirants à la tête des ministères ? Alors qu’une majorité de Français estime que le président de la République a tort de reconduire Élisabeth Borne, cet avis est partagé à la droite républicaine : « En gardant la même Première ministre, on voit très bien que le cap n’a aucune chance d’être changé, que l’impact sur la vie quotidienne des Français de ce remaniement sera absolument nul » affirme Pierre-Henri Dumont. Pour le porte-parole du groupe LR, il suffit de regarder le bilan des 100 jours d’Emmanuel Macron pour en tirer une conclusion : « C’était censé être l’apaisement et l’action et c’est quoi ? C’est les pires émeutes depuis 20 ans dans certains quartiers de notre territoire […] et l’action c’est 12,2 milliards d’euros supplémentaires mis sur la table par le gouvernement. On est très très loin de ce qui avait été annoncé » fustige le député de la 7e circonscription du Pas-de-Calais. Si Aurélien Pradié avait appelé les LR à la « prudence », son message n’aura visiblement pas été entendu par ses anciens camarades. Emmanuel Macron aurait jeté son dévolu sur des grandes figures politiques de droite pour renforcer son équipe. Une preuve supplémentaire que ce gouvernement penche immanquablement à droite. Ce que refuse d’admettre notre invité : « Non, le gouvernement ne peut pas pencher à droite avec une Première ministre qui a été directrice de cabinet de Madame Royal » rappelle-t-il. En désaccord avec la politique d’Élisabeth Borne, celui-ci déplore des dépenses publiques pharaoniques, la disparition de services publics de proximité, la fermeture de classes et des hôpitaux à bout de souffle… « On a en France, le déficit le plus important de l’ensemble de la zone euro : 5,7%. Il faut changer de politique » argue le porte-parole LR qui pointe également du doigt la politique migratoire. 

Pendant le remaniement, les chantiers et travaux continuent. Face aux émeutes urbaines qui ont sévit sur tout le territoire il y a quelques semaines, un nouveau texte de loi est sur le feu concernant la réparation des dégâts causés sur les commerces et bâtiments publics. C’est aujourd’hui que les députés seront amenés à voter ce dispositif. Approuvé à la quasi unanimité au Sénat où la droite est majoritaire, Pierre-Henri Dumont reste à contre-courant : « Je vais voter contre ce texte parce que c’est un cri d’alarme » explique notre invité bien qu’il y soit favorable dans les grandes lignes. Alors que ce texte prévoit entre autres la reconstruction grâce à la suppression de certaines autorisations d’urbanisme et l’augmentation des subventionnements, l’ancien conseiller départemental du Pas-de-Calais aurait souhaité que cette loi s’adresse à l’ensemble du territoire et pas seulement aux quartiers sensibles et très touchés par ces manifestations d’une extrême violence. « Dans mon canton, j’ai des écoles qui sont amiantées, qui sont des passoires thermiques, qui ont à peine 15% de subventionnement. Il faut aussi aider ces communes-là » lance notre invité. 


Politique de la ville, justice, immigration : la ligne L


Parmi les sujets de discorde qui creusent le fossé entre le gouvernement et la droite républicaine, la question migratoire accentue les tensions déjà palpables. Emmanuel Macron tente néanmoins de trouver un accord pour établir un texte avec les députés Renaissance. De leur côté, les Républicains campent sur leur position et ne compte pas ratifier leurs propositions, pourtant incompatibles avec le plan du gouvernement notamment sur la question épineuse du droit d’asile que les députés LR souhaitent examiner en dehors du territoire. « Notre texte est déjà déposé […] si le gouvernement veut faire adopter un texte immigration, il n’a qu’à reprendre à l’Assemblée nationale le texte qui sera voté » martèle notre invité qui veut réduire l’immigration régulière et supprimer l’immigration irrégulière en faisant sorte de faciliter les renvois dans les pays d’origine. « Nous voulons faire en sorte aussi que le droit européen ne nous empêche pas de pouvoir assurer ces renvois et ne nous empêche pas de pouvoir imposer quelque chose que nous ne désirons pas avoir sur notre territoire » poursuit-il. Et d’ajouter qu’il sera prêt à déposer une motion de censure contre le gouvernement « si dans son texte d’immigration, il y a un texte beaucoup trop laxiste » qui autorise par exemple la régularisation des clandestins dans les métiers dits en tension. De la même façon qu’il adoptera cette ligne de conduite concernant le budget « s' il y a une dérive trop importante des comptes publics ». Ce refus d’obtempérer risque fatalement de faire tomber le gouvernement et de conduire éventuellement à une dissolution : « On a pas peur des élections […] ce qui est important c’est d’avoir une trajectoire que l’immigration, sur les questions financières […] aujourd’hui ce qui est présenté n’est pas soutenable ». « Le gouvernement doit beaucoup mieux prendre en compte ce qui est dit par les oppositions à l’Assemblée nationale […] nous n’accepterons pas d’avoir des considérations qui sont prises à la toute marge » fustige Pierre-Henri Dumont invitant le gouvernement à revoir l’ordre de ses priorités y compris concernant le remboursement des médicaments accordé aux Français.