Élisabeth Borne était reçue hier soir dimanche 7 janvier 2024 dans les couloirs de l’Élysée par le chef de l’État pour retravailler, selon les porte-parole du gouvernement, des « dossiers importants ». Une visite nocturne de la Première Ministre au président de la République alimentant des rumeurs qui vont bon train depuis plusieurs jours sur un possible remaniement au sein du gouvernement, les médias donnant à cœur joie leurs pronostics sur les membres les plus sur la sellette selon eux, Mme Borne en tête de liste. Invité sur le plateau des 4 Vérités, Raphaël Glucksmann implore le Président d’ « arrêter de jouer avec [ce] remaniement », et critique l’aspect selon lui trop autocratique de la gouvernance d’Emmanuel Macron.
Le député européen insiste sur cette concentration des pouvoirs qu’il pense être un « problème immense pour notre démocratie ». Un phénomène qui n’est ni nouveau, ni une invention du président actuel, mais qui s’est largement intensifié depuis l’arrivée au pouvoir de ce dernier pour Raphaël Glucksmann. Il dit : « jamais le pouvoir n’a été autant concentré dans les mains d’un seul homme », et déplore le manque de « cap » dans la politique du chef de l’État. Il considère la « macronie » comme un échec. Pour l’homme politique, le Président, qui avait pourtant été élu sur des promesses de modernisation des institutions et de la politique française, a déçu ses électeurs, en perdant notamment de vue ses ambitions de compromis.
Questionné à propos de la cohabitation entre les partis de gauche et de droite au sein du gouvernement, Raphaël Glucksmann annonce la fin de la politique du « en même temps », pourtant centrale au projet d’En Marche. Selon lui, une année qui commence par la réforme très polémique des retraites, et se termine par la toute aussi polémique loi sur l’immigration, démontre clairement que le gouvernement a fait le jeu de l’extrême-droite, et abandonné ses alliés à gauche. Glucksmann salue tout de même le courage d’Aurélien Rousseau, ex-Ministre de la Santé, pour avoir quitté ses fonctions suite à l’adoption du projet de loi sur l’immigration, préférant ses valeurs à son confort et sa carrière. Un symbole qui restaure, selon le président de Place Publique, la foi des français en la politique, alors même que « ce qui menace la vie politique en France, c’est le soupçon d’insincérité qui pèse sur les politiques ».
Un avant-goût de campagne
Face à ce manque de sincérité qu’il voit chez ses confrères, Raphaël Glucksmann se propose-t-il comme une alternative, un homme politique d’une nouvelle trempe ? C’est ce que son intervention face à Thomas Sotto laisse penser, le député européen rappelant avec ferveur les raisons qui devraient pousser les français à soutenir son parti pour les élections européennes. Celui qui est qualifié comme une « valeur refuge pour macroniste en détresse » par l’Opinion énonce sa foi en la construction européenne comme le fer de lance de son projet politique, réitère son engagement contre les multinationales ne respectant pas nos lois. L’Europe est pour lui le rempart contre les guerres et l’impérialisme américain : les élections européennes de cette année, qui vont se dérouler en même temps que les présidentielles Étatsuniennes, devraient sceller le sort du vieux continent face à la concurrence outre-Atlantique et d’une potentielle réélection de Donald Trump.
Une croyance dans le projet européen qui place Glucksmann comme une alternative à Emmanuel Macron, mais aussi à la tentation de l’extrême-droite. Interrogé à ce sujet, ce dernier admet comprendre le « sentiment d’impuissance » de nombreux français suite à leur déception par la quasi-intégralité de l’échiquier politique, mais rappelle que « les solutions du Rassemblement National sont illusoires et dangereuses » ainsi que fondées sur « le mépris de la démocratie et la haine de la construction européenne ». Comme lancé dans sa campagne pour une chaise au Parlement européen avant l’heure, Raphaël Glucksmann martèle, au nez et à la barbe des représentants d’extrême-droite, que l’« Europe ne rime pas avec faiblesse et impuissance ».