Description

À 95 ans, Robert Badinter publie un livre intitulé « Vladimir Poutine, l’accusation » (Éditions Fayard) coécrit avec Bruno Cotte (ancien président de chambre à la Cour pénale internationale) et Alain Pellet (ancien président de la Commission du droit international des Nations unies), dans lequel il revient sur le conflit ukrainien. Et ne cache pas son inquiétude pour l’avenir. « Les connaissances que l’on a, suffisent à en établir la réalité et permettent d’en imputer la responsabilité première à Vladimir Poutine », peut-on lire en introduction. « Il est évident que lorsque Poutine a lancé une guerre d’agression contre l’Ukraine ne résisterait pas plus de trois jours. Dans l'esprit de Poutine, qui est un dictateur, l’Ukraine était un pays que l’on doit rappeler à la vassalité vis-à-vis de la Russie », commente l’ancien garde des Sceaux, invité des 4 vérités, jeudi 20 avril 2023, sur France 2. Dans l’ouvrage les trois hommes dressent une liste de chefs d’accusation pouvant être retenus contre le président russe. « Il y a le crime d’agression qui n’est pas discutable. (…) Vous avez ensuite les crimes de guerre. Je suis heureux que les instances internationales se soient, dès le début, impliquées pour réunir les preuves contre Poutine. Vous avez ensuite le crime contre l’humanité, avec les crimes contre les civils, les bombardements d’hôpitaux et d’écoles. Et puis, il y a cette forme d’insidieuse de déportation d’enfants ukrainiens vers la Russie, une forme de génocide culturel », affirme l’ancien présent des Conseil constitutionnel.

Vladimir Poutine sera-t-il, un jour, jugé ? « Il n’est pas possible d’arrêter Poutine. (…) Il est aujourd’hui au pouvoir. Demain, peut-être ne le sera-t-il plus ? Mais pour lui, l’exercice de son pouvoir se confond, (à cet instant) avec la volonté de soumettre les Ukrainiens à sa volonté et aux intérêts de la Russie. Il ne supporte pas la désintégration de l’Empire russe », juge l’ancien ministre. En Europe, l’enlisement du conflit semble l’avoir « normalisé » et entraîne un « désintérêt » de la population. « La conscience d’une guerre à deux heures et demie d’avion de Paris, à l’est de l’Europe n’a pas pénétré la sensibilité de nos concitoyens. Le mot de guerre n’existe plus dans la portée qu’il a connue en Europe depuis la fin de la guerre d’Algérie. Les jeunes générations ne savent pas ce qu'est une vraie guerre. L’horreur quotidienne de la guerre, ils ne connaissent pas. Pour eux, c’est un thème de film », déplore Robert Badinter. « On ne mesure plus ce qu’est un dictateur », ajoute-t-il.