Ce mercredi 30 août 2023, Emmanuel Macron va ouvrir les réunions de Saint-Denis, une initiative politique d’ampleur visant à rassembler les chefs de partis pour tenter de bâtir « ensemble » des textes législatifs. Inflexible sur la réforme des retraites, le président de la République espère renouer le dialogue avec l’opposition. Les responsables politiques vont-ils saisir cette main tendue ? « On vient de traverser une séquence extrêmement pénible sur le plan de la démocratie politique avec une utilisation du 49.3 à répétition » se remémore Ségolène Royal. En effet, l’épisode des retraites a considérablement accentué les tensions entre la majorité et l’opposition. Un véritable fiasco qui s’est soldé par une forte mobilisation contre le report de l’âge légal de départ à la retraite. Depuis, les chefs de partis n’en démordent pas et émettent de sérieuses réserves sur l'issue de cette réunion inédite que certains considèrent comme un coup de com supplémentaire de l'Élysée. À l’instar de Ségolène Royal qui souligne la dégradation du débat démocratique dans notre pays depuis le passage en force de la réforme des retraites : « Le gouvernement sentait qu’il n’était pas majoritaire pour détruire une nouvelle fois la protection et le modèle social français ». Si l’ancienne ministre de l’Environnement n’a pas été conviée à l’événement, cette dernière appelle à la suppression de cette réforme épineuse qui a mis en exergue d’autres problèmes de fond : « On voit pour cette rentrée que la préoccupation première des Français c’est la question de la hausse des prix. On a une situation de chaos dans tous les secteurs et les services publics » observe-t-elle.
À quelques heures du rendez-vous politique instigué par le chef d’État, Les Républicains et le Rassemblement National ont déjà donné leurs prérogatives. Et la droite souhaite poser sur la table un référendum concernant l’immigration. Pour l'ancienne candidate à la présidentielle, c’est une hérésie : « C’est remettre du conflit dans le pays. Nous avons besoin d’apaisement et de sérénité. Nous sommes secoués par de multiples réformes qui n’ont aucun sens et nous avons peur de la hausse des prix » martèle notre invitée, davantage préoccupée par la situation des jeunes et l’accès aux logements.
Abaya : la laïcité en danger à l’école ?
Parmi les sujets de la rentrée, un autre débat concernant la laïcité crispe et divise l’opposition. Le ministre de l’Éducation, Gabriel Attal, a fait promulguer l’interdiction de l’abaya dans les écoles. Contre l’avis du conseil français du culte musulman qui ne prescrit pas cette tenue dans la religion, le gouvernement y voit une autre lecture. Pour Ségolène Royal, le gouvernement agite une nouvelle fois les peurs et exacerbe les tensions. Si elle ne s’oppose pas fermement à cette mesure, elle dénonce un mauvais timing : « La rentrée scolaire doit être un moment de concorde nationale. La question n’est pas d’actualité et doit être réglée en leur temps c’est à dire dans plusieurs mois » défend l’ancienne présidente du conseil régional de Poitou-Charentes. Si les syndicats des établissements étaient très favorables à l’idée d’une consigne nationale, notre invitée aurait privilégié le cas par cas. Elle rappelle que cette mesure choc ne concerne qu’une minorité infime de jeunes filles. L’occasion de relancer le débat sur des questions prioritaires tel que le déficit de recrutement à l’Éducation nationale. Plus de 3000 postes d’enseignants restent vacants à quelques jours de la rentrée scolaire : « Il y a une pénurie parce que le gouvernement n’a pas fait le nécessaire pour revaloriser la rémunération des enseignants » analyse-t-elle.
Lors des universités d’été, Ségolène Royale avait subtilement fait part de ses ambitions politiques. Et le week-end dernier, elle a créé l’événement à gauche. En effet, elle se dit prête à prendre la tête de liste en vue des prochaines élections européennes avec le soutien inattendu de La France Insoumise et notamment de Jean-Luc Mélenchon. Moquée par certains de ses alliés à la NUPES tels que Fabien Roussel, ou encore Olivier Faure, Ségolène Royal appelle avant tout à « l’unité des gauches » pour stabiliser le clivage politique : « Si la gauche est divisée, la gauche disparaîtra ». Sur sa feuille de route, l’ancienne ministre souhaite « remettre l’humain au cœur de tout et l’exigence de la protection de la planète devant nous ».