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En ce 1er mai, les cortèges se préparent pour leur grand défilé annuel. Mais cette année, huit organisations salariales seront réunies sous une même bannière. Une alliance qui ne s'était pas reformée depuis 2009 et qui devrait envoyer un message fort au gouvernement. Si cette fête du travail doit pouvoir illustrer l’unité syndicale, c’est également l’occasion de manifester une nouvelle fois contre la réforme des retraites. « Ce 1er mai est très important et fera date […] il sert à dire que nous ne passerons pas à autre chose tant que cette réforme ne sera pas retirée » affirme Sophie Binet avant d’ajouter quelques revendications sociales essentielles comme « l’augmentation des salaires, l’égalité entre les femmes et les hommes, une amélioration des conditions de travail et la prise en compte des enjeux environnementaux ». Autant de sujets au cœur des préoccupations des Français qui devraient répondre à l’appel de l’intersyndicale pour soutenir le projet de loi d’abrogation de la réforme des retraites le 8 mai prochain. Ce défilé symbolique du 1er mai aura donc pour objectif de maintenir une pression supplémentaire sur les parlementaires qui pourraient redistribuer les cartes face à un gouvernement de marbre et inflexible quant à cette réforme tant contestée. « C’est malheureux car tout lui donne tort aujourd’hui, même les marchés financiers. On a vu que la note de France avait été dégradée à cause de cette réforme des retraites ce qui est très grave » fustige la nouvelle secrétaire de la CGT qui démantèle l’argumentaire du Président de la République : « La seule justification c’était de rassurer les marchés financiers, on voit que c’est l’inverse ». Une dégringolade en partie due aux mouvements sociaux qui ont pénalisé l’économie française.

À l’occasion de ce défilé du 1er mai, des drones seront utilisés pour la première fois afin de surveiller certaines manifestations dites à risque. Un nouveau dispositif qui est loin d’enthousiasmer les organisations salariales. Le tribunal administratif de Rouen leur a en partie donné raison après qu'elles aient déposé des recours. Pourquoi la CGT condamne cette méthode de surveillance lors des manifestations ? « C’est une utilisation qui est absolument pas contrôlée […] il faudrait qu’il y a débat démocratique collectif sur l’utilisation des nouvelles technologies en matière de maintien de l’ordre et de sécurité sachant que ce qui nous inquiète depuis plusieurs semaines, c’est qu’on assiste à une grave dérive sécuritaire du pouvoir avec une instrumentalisation des lois terroristes pour réprimer le mouvement social » explique notre invitée qui rappelle que le gouvernement a été sanctionné sur les casseroles et la distribution de cartons rouges. 

Ces dernières semaines, syndicats et manifestants ont été bousculés par les forces de l’ordre. Des affrontements à répétition marqués par une violence extrême et qui ne sont pas sans conséquence, en témoignent les arrestations et les garde-à-vue en masse, qui, pour Sophie Binet, n’étaient absolument pas justifiées. Cette répression exercée par le gouvernement pour ramener de l’ordre dans le pays détonne même à l’international. En effet, la crise démocratique qui se joue en France résonne jusque chez nos voisins. Ces derniers soutiennent le mouvement social et encouragent les syndicats à prolonger leurs opérations : « Si la réforme des retraites passe en France, ça tirera le droit des salariés dans le monde entier vers le bas » rapporte la nouvelle cheffe de file de la CGT qui succède à Philippe Martinez. 


Mouvement des retraites : faut-il passer à autre chose


Après avoir engagé un bras de fer avec les partenaires sociaux, le gouvernement ne cesse de marteler son envie de renouer le dialogue avec les forces syndicales. La Première ministre Élisabeth Borne, a déclaré leur envoyer prochainement une invitation pour tenter de trouver un consensus. Mais cette main tendue de l’exécutif semble vaine au regard de la CGT qui a jusqu’ici filtrer les appels du gouvernement. En revanche, la CFDT semble plus souple et s’est dit prête à aller discuter des autres sujets à Matignon. « Nous avons une intersyndicale demain et nous déciderons ensemble de ce que nous ferons » tempère Sophie Binet même si cette dernière sera inflexible concernant la réforme des retraites : « Il n’y aura pas de retour à la confiance s’il n’y a pas de retrait de cette réforme des retraites ». Et de poursuivre : « Nous voulons enfin négocier sur les vrais sujets de préoccupation des Français à savoir les salaires, l’égalité professionnelle, les conditions de travail ». Alors que s’est achevée la journée mondiale contre les accidents au travail, elle rappelle à juste titre que chaque jour, deux ouvriers meurent sur les chantiers en France. 

Ce 1er mai 2023, le SMIC augmente de 2,2% soit 6% sur l’année. Une augmentation qui suit l’inflation mais qui isole les salaires légèrement au-dessus. « C’est bien notre objectif […] il y a un tassement sans précédent des salaires en France avec un déclassement massif. Pour la première fois, les salaires baissés en euros constants, il faut mettre en place des mécanismes automatiques pour que les salaires augmentent en même temps que le SMIC et que les salaires soient indexés sur l’inflation » préconise notre invitée qui souhaite également conditionner les aides publiques qui représentent 200 milliards d’exonérations fiscales et sociales consenties aux entreprises sans contrepartie chaque année.