La semaine dernière, Emmanuel Macron s’est rendu en Chine lors d’une visière d’État, l’occasion pour le Président de la République de consolider les liens avec l’empire du Milieu et ainsi de tirer parti des relations entre Xi Jinping et Vladimir Poutine pour tenter de marquer une trêve dans la guerre en Ukraine. Au-delà des enjeux diplomatiques de ce voyage officiel, cette rencontre au sommet entre le président chinois et Emmanuel Macron accompagné par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, devait également définir le lien économique intrinsèque avec l’Europe. À l’issue de cette visite protocolaire, la Chine est-elle un partenaire ou un adversaire de l’Union européenne ? C’est la question qui a été posée à Thierry Breton ce lundi 10 avril 2023. Pour le commissaire européen au marché intérieur, « la Chine est un très grand partenaire commercial » au même titre que l’Europe tire son épingle du jeu puisqu’elle représente 20% des exportations : « On est plus important pour la Chine qu’elle ne l’est pour nous ». Néanmoins, cette grande puissance reste un « rivale systémique » comme la qualifiait l’ancien président de la commission européenne, Jean-Claude Juncker. « Nous devons dérisquer les relations que nous avons avec la Chine […] c’est un voyage important car c’est l’Europe dont il s’agit » affirme notre invité qui insiste sur l’importance de « clarifier les choses » pour préciser la politique de l’Europe. En effet, beaucoup de diplomates chinois ont commenté ce voyage en fustigeant la commission européenne, selon eux, trop soumise aux intérêts américains. « L’Europe n’est pas alignée ni avec les États-Unis, ni avec la Chine même si bien entendu nous sommes alliés avec les États-Unis et notamment dans le cadre de la guerre en Ukraine » rappelle Thierry Breton qui souhaite malgré tout préserver cette voie singulière pour « pouvoir peser dans le monde tel qu’il vient ». Dans un contexte d’ultra violence marquée par la frappe russe qui se poursuit aux portes de l’UE, l’Europe protège ses arrières en augmentant « l’autonomie stratégique, la défense, et l’autonomie en matière industrielle ». Malgré ces précautions d’usage, les tensions montent d’un cran autour de Taïwan. Quelle position faut-il adopter, alors que les États-Unis font monter la pression ? De son côté, Emmanuel Macron joue la neutralité après avoir affirmé qu’il ne voulait pas prendre partie pour éviter d’accentuer les tensions. « Il y a une volonté très claire de Xi Jinping de réunifier la Chine puisqu’il considère que Taïwan fait partie de la Chine. En ce qui concerne l’Europe, là aussi les choses sont très claires, l’Europe est pour le maintien du statu quo […] il faut être très vigilant à ce que ça se passe dans ce contexte » martèle le commissaire européen.
Europe : comment se protéger des cyber attaques ?
Parmi les nouveaux enjeux prioritaires de l’Europe, Thierry Breton a annoncé que le continent allait prochainement se doter d’un bouclier anti cyber-attaques. En effet, ces agressions sur le numérique se sont multipliées depuis le début de la guerre en Ukraine. Un projet plus que nécessaire qui se chiffre en milliard d’euros. « C’est absolument indispensable […] les cyber attaques font hélas parties de notre vie quotidienne dans l’espace informationnel dans lequel on passe beaucoup de temps. Il faut protéger cet espace contesté » affirme notre invité qui rappelle que ces attaques sur le numérique ont augmenté de 140% depuis la guerre en Ukraine. Ce nouveau dispositif va permettre de détecter toute intrusion ou action malveillante à l’égard de l’Europe. Un dôme de surveillance qui n’est pas superflue selon l’ancien ministre de l’Économie et des Finances pour contrecarrer la Russie, principale assaillante dans cette guerre numérique.
Mardi 11 avril 2023, Thierry Breton va effectué une tournée en Roumanie puis en Italie pour tenter de parler aux gouvernants de ces pays. Un voyage majeur durant lequel il abordera le plan européen concernant les livraisons d’armes à l’Ukraine. Un vaste dossier à l’heure où les pays européens doivent envoyer prochainement pas moins de un million de munitions en Ukraine. « C’est l’objectif que nous nous sommes fixés pour répondre aux demandes des autorités de défense ukrainiennes […] il faut maintenir et aider les Ukrainiens à se protéger contre les agressions russes » explique notre invité qui souhaite accroître la production et la cadence de munitions. « Il y a une urgence. Nous devons faire ça de manière totalement coordonnée et unique » conclut Thierry Breton.