Jeff Wittenberg reçoit Thomas Ménagé, nouveau visage de l’Assemblée nationale, élu RN dans la 4e circonscription du Loiret.
Aux États-Unis, la Cour Suprême a provoqué une véritable onde de choc à l’échelle mondiale. La droite conservatrice a remporté son combat contre l’avortement, supprimant un droit acquis depuis près d’un siècle. Cet arrêt renvoie la balle aux États, libres de statuer sur le recours à l’avortement, un véritable bon en arrière qui n’est pas prêt de s’arrêter. C’est le résultat d’un sursaut mondial pour la droite conservatrice, incarné en France par le Rassemblement National dont Thomas Ménagé fait partie. Comment se positionne le RN face au maintien de l’avortement dans le pays ? « Je ne crois pas qu’on représente la droite conservatrice aujourd’hui. Sur ces positions nous sommes clairs. Nous défendons le droit des femmes, nous défendons l’avortement » affirme notre invité. Il nous alerte sur la politique regressiste aux États-Unis qui pourrait toucher le droit des homo-sexuels, la contraception. Et de poursuivre : « Il ne faut pas transposer les sujets américains, on le fait trop souvent en France ». Pourtant, une partie des personnalités et des électeurs du Rassemblement National manifeste régulièrement sur ces questions nottament lors de la grande marche du mariage pour tous contre le mariage homosexuel. « Personne pendant la campagne n’a parlé du droit à l’avortement, des homo-sexuels. C’est des sujets importants mais aujourd’hui il faut le statu quo. On a la chance d’avoir tous ces droits qui sont protégés par la loi » souligne l’ancien directeur de cabinet de Nicolas Dupont-Aignan.
Assemblée nationale : quel rôle pour le RN ?
Fraîchement débarqué à l’Assemblée nationale, Thomas Ménagé fait partie des candidats RN qui ont atteint des scores records après avoir obtenu près de 64% des suffrages dans sa circonscription. Il était en concurrence direct avec Jean-Michel Blanquer, anciennement Ministre de l’Éducation. L’ex membre du gouvernement Macron a été éliminé dès le premier tour. Comment expliquer ce résultat ? « Aujourd’hui les Français regardent les programmes et les personnalités. J’ai eu un programme et une campagne basée sur le fond. J’ai pas fait une campagne anti-Blanquer mais une campagne pour la France et sur les propositions de Marine Le Pen qui avait déjà fait une majorité de suffrage sur mon territoire » explique notre invité. Malgré une hausse non négligeable de la popularité du RN, les experts politiques ont observé que le Rassemblement National faisait de meilleurs scores en campagne. Dans les grandes villes, les électeurs se sont retranchés derrière la majorité présidentielle. Selon notre invité, les territoires en périphérie seraient plus concernés par les mesures que souhaitent faire adopter le RN à commencer par le pouvoir d’achat, premier cheval de bataille de cette campagne électorale. « Nous avons porté une mesure qu’on va défendre dans quelques jours sur le projet de loi portant sur la baisse de TVA de 20% sur l’énergie et le carburant. Cela concerne 80% des habitants de la circonscription qui se déplacent en voiture » précise le cofondateur de L’Avenir français.
La crise inflationniste a-t-il mis les questions de sécurité et d’immigration au second plan ? « Pas du tout, on est très clair sur ces questions. Nous souhaitons contrôler l’immigration » tient à rappeler notre invité même si ces questions ne sont pas prioritaires. Arrivée à l’Assemblée Nationale, Marine Le Pen a parlé d’opposition constructive et n’a pas exclu de voter au cas par cas certains textes. Est-ce une stratégie de dédiabolisation du parti ou le RN est-il en train de muter ? « On ne reconnaît pas l’image qui était donnée parfois sur les plateaux par les opposants politiques […] les députés du RN ont voté beaucoup plus souvent que les députés En Marche sur des propositions de loi qui viennent de notre camp » déclare Thomas Ménagé qui affirme voter au cas par cas pour éviter un blocage institutionnel.