Deux semaines après la victoire des législatives remportée par la coalition de gauche du Nouveau Front Populaire, les députés n’ont toujours pas désigné de Premier ministre. Une situation dont se désole François Ruffin, député NFP de la Somme, pourtant celui qui a initié le rassemblement des forces de gauche pour contrer la montée en puissance de l’extrême-droite dans les scrutins, à l’instant où le président de la République annonçait la dissolution de l’Assemblée nationale. Plus d’un mois et demi plus tard, il demande à ses collaborateurs d’« arrêter les conneries » et de se mettre d’accord sur un nom. S’il estime que le NFP a « rempli une partie du contrat » en empêchant Jordan Bardella de passer la porte de Matignon, il considère également que le répit obtenu est une « dernière chance pour la France » qui devrait être mise « au service des Français ».
L’entente de la gauche aura été de courte durée, et ne semble être effective que lorsqu’il y a des élections. Doit-on considérer ce manque de cohésion dans les partis constituant le NFP comme un échec de leur politique de réunification, et l’impossibilité de recréer une gauche forte dans le pays ? Au micro d’Émilie Tran Nguyen, l’ancien reporter critique les « petits calculs cyniques » des hommes et femmes politiques de sa coalition. Impatient, il aimerait déjà pouvoir siéger au Palais Bourbon pour avancer sur les lois promises aux électeurs, comme par exemple la réforme des retraites. Dans l’enlisement actuel, « c’est le découragement qui s’installe » pour François Ruffin. Pour lui, c’est déjà trop tard, « une fenêtre d’opportunité s’est refermée ». Il espère que les forces seront revenues à la rentrée pour que les députés puissent la préparer de la meilleure manière qui soit, quand les Jeux Olympiques seront passés. Car, pour l’instant, selon Ruffin, « l’esprit est ailleurs », cela fait plus d’un mois qu’il y a un gouvernement fantôme, et que Gabriel Attal est « surtout à la plage » plus d’à Matignon ou à l’Assemblée.
Le chef des Insoumis a indiqué cette semaine, dans une lettre aux médias espagnols et italiens, qu’il n’est pas « pas pressé » et qu’il demande la démission d’Emmanuel Macron pour que les Français puissent se concentrer sur une nouvelle présidentielle qui l’opposerait lui, Jean-Luc Mélenchon, à la cheffe du Rassemblement National, Marine Le Pen. Une affirmation qui confirmerait selon notre invité que l’homme politique, 4 fois perdant à la présidentielle contre la fille de Jean-Marie Le Pen, privilégierait ses intérêts personnels plutôt que ceux des Français. Pour François Ruffin, les électeurs en seraient réduits à choisir celui « qu’ils détestent le moins », c’est pourquoi il invite la gauche à se demander sérieusement qui serait le plus qualifié pour aller battre l’extrême-droite aux prochaines élections.
Une trêve olympique
Le président de la République s’exprimera ce soir, mardi 23 juillet, au JT de France 2, pour demander une trêve des tergiversations politiques le temps des Jeux. Pour notre invité, il s’agit d’une annonce qui coule de source puisqu’il n’y a de toute façon « pas de combattant ». Il se désole que les gens se « bagarrent » sans savoir pour qui ni pour quoi. « Il faut qu’on ait conscience de pour qui on se bagarre, et on doit se bagarrer pour les Français », explique-t-il.
Questionné à propos de la présence des athlètes Israéliens aux Jeux, arrivés hier sur le territoire, François Ruffin estime qu’ils ont toute leur place à l’événement sportif. Néanmoins, il déplore un « deux poids, deux mesure » : alors que les athlètes Russes participent aux Jeux sans bannière ni hymne national, ce n’est pas le cas des athlètes Israéliens. « En tant qu’individu, tout le monde doit être le bienvenu sur le territoire français pour participer aux jeux », insiste-t-il. Il rappelle cependant qu’il milite pour un cesser-le-feu à Gaza, la reconnaissance de l’État Palestinien, et l’arrêt des livraisons d’armes à Israël.
