Aurélie Trouvé, députée la France Insoumise, a été élue à la présidence de la commission des Affaires économiques ce mercredi 9 octobre 2024, sur fonds de dissensions entre la macronie et les Républicains. Pour Thomas Cazenave, député Ensemble pour la République, il s’agit d’une « trahison » de la part de leurs alliés de la droite républicaine : « l’engagement qui a été pris n’a pas été tenu », ajoute-t-il. Selon ce représentant de la majorité, Stéphane Travert était le candidat idéal, ayant déjà été à la tête de cette commission. Selon lui, l’accord initial entre Ensemble et LR était de garder cette commission, mais leurs alliés auraient « préféré laisser une députée de la France Insoumise à la tête de cette commission. »
L’alliance du centre-droit serait-elle déjà en train de battre de l’aîle ? Dans un hémicycle divisé où il devient de plus en plus flou de lire les allégeances au gouvernement, quel est le positionnement du clan Macron ? « On ne veut pas que les difficultés à l’Assemblée rejaillissent sur le travail de Monsieur Barnier », explique notre invité. Puis d’ajouter : « On a une responsabilité, on veut que le pays avance, on ne veut pas que le pays soit bloqué. » En un mot : la majorité soutient le gouvernement. « Nous sommes confiants sur le fait que, sur un certain nombre de sujets, on sera entendus par le gouvernement », déclare-t-il, revendiquant l’importance de « construire avec le gouvernement. »
La question du budget
Face à Julien Arnaud, Thomas Cazenave développe les ambitions budgétaires de son groupe. L’ancien adjoint de cabinet d’Emmanuel Macron au ministère de l’Économie insiste sur le travail effectué en amont de la passation de pouvoir : « On avait préparé les choses cet été même en étant démissionnaires, et on a fait des propositions au gouvernement de Monsieur Barnier. » Les macronistes veulent-ils continuer de gouverner dans l’ombre alors que le Premier ministre est un élu de droite ? « On soutient Michel Barnier dans son objectif de réduction du déficit », ajoute le député, qui précise vouloir « réduire le déficit public en faisant des économies. »
Sa ligne rouge ? « Le fait que les décisions prises ne soient pas un frein à la croissance ». Les élus Ensemble pour la République tiennent toujours à la croissance économique malgré une dette historique et un besoin d’économies. L’homme politique bordelais détaille la stratégie de son parti : faire une proposition dès qu’ils ne sont pas d’accord avec la ligne du Premier ministre. « On compense à l’euro près parce qu’on est responsable », insiste-il. Par exemple, Thomas Cazenave propose de « remettre sur la table la réforme de l’assurance chômage » débattue sous Gabriel Attal.
Les autres lignes rouges de l’extrême centre seraient, selon notre invité, de ne pas « voir les impôts de celles et ceux qui travaillent augmenter » et de ne pas revenir sur la taxe sur l’électricité. Malgré quelques divergences, cet ancien inspecteur des finances concède soutenir beaucoup des propositions avancées par Michel Barnier dans son discours de politique générale, notamment celles concernant les économies à faire du côté des collectivités locales. « Elles représentent 20% de la dépense collective, on estime que c’est normal qu’elles contribuent. » Selon lui, son groupe parlementaire veut « continuer à porter des réformes pour le pays » et va bientôt proposer une loi sur la lutte contre la fraude.