L’insoumise Aurélie Trouvé a été élue présidente de la commission des Affaires économiques sur fond de fractures dans l’alliance entre la macronie et les Républicains ce jeudi 10 octobre 2024. Une élection que la première intéressée est loin de considérer comme illégitime. Au contraire, cette ingénieure agronome considère que même en gardant leur programme, la France Insoumise a réussi à convaincre et peut « trouver des majorités au sein de l’Assemblée nationale. » Elle remercie dans la foulée toutes les personnes qui ont soutenu sa candidature : « [Cette victoire] je la dois à toutes les voix du Front populaire, et au-delà », assure-t-elle face à Jeff Wittenberg.
Ayant été le seul parti à déposer et voter une motion de censure contre le gouvernement de Michel Barnier le 8 octobre dernier, la France Insoumise se positionne comme le seul bloc d’opposition de l’hémicycle. Notre invitée insiste sur leur volonté de « faire vivre la démocratie parlementaire », considérant que cela fait « sept ans qu’Emmanuel Macron étouffe le débat parlementaire. » Le projet de loi de finances déposé ce jeudi 10 octobre, pourtant décrié par les élus de gauche, risque d’être adopté par 49.3, ce à quoi Aurélie Trouvé répondra par une nouvelle motion de censure.
Une économie d’austérité ?
À son nouveau poste depuis à peine deux jours, cette militante altermondialiste connaît déjà son plan d’attaque, qu’elle détaille sur le plateau des 4 vérités. Elle souhaite tout d’abord « demander des comptes aux grands patrons de multinationales », à commencer par Lactilis qui, selon elle, a arrêté de collecter chez 300 éleveurs et fait pression pour baisser les prix. Sanofi est également sur la liste de la jeune présidente de commission. L’industrie pharmaceutique est en passe de vendre son Doliprane à une firme américaine, une situation « très grave » pour notre invitée car elle a été soutenue par le gouvernement. « Il faut aujourd’hui un État qui dise non. Le gouvernement aurait pu l’empêcher. Rappelons que Sanofi a touché plus d’un milliard d’aides publiques en 10 ans », ajoute-t-elle. Puis de conclure : « Il est temps que toutes ces entreprises soient conditionnées sur le plan social et écologique, mais aussi sur le fait de ne pas délocaliser des actifs stratégiques qui remettent en cause la santé des Français. »
Le projet de loi de finance proposé par le Premier ministre est défendu par Antoine Armand, ministre de l’économie, qui refuse de parler d’austérité. Pour la députée LFI, il est au contraire problématique car « la très grande majorité des économies budgétaires va peser sur ceux qui ont déjà du mal à boucler leurs fins de mois. » Elle étaye en donnant trois exemples : la baisse des pensions de retraite, la hausse des taxes sur l’électricité qui va se répercuter sur la hausse des prix de l’électricité, et la sécurité sociale qui va moins rembourser ses consultations, ce qui va se répercuter sur le prix des mutuelles. Aurélie Trouvé pense aussi que l’augmentation de 0,6% des plus grandes fortunes inscrite dans ce projet de loi est « très insuffisant et transitoire. » « Ce gouvernement Macron-Barnier va faire seulement 10 milliards sur les 60 milliards exigés sur les plus riches et les entreprises : nous proposer d’aller chercher 50 milliards d’euros chez ceux qui gagnent le plus », précise-t-elle.
Elle ajoute que la plupart des économistes s’accordent à son avis pour dire que ce qui est prévu par le gouvernement est à la fois « brutal » mais aussi « irresponsable et inefficace » car cela risque de plomber la croissance en augmentant le chômage.