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Ce matin, le sénateur écologiste de Paris Yannick Jadot était l’invité de Thomas Sotto dans les 4 vérités. Dans le contexte de la COP28, il a cité les mots d’António Guterres, secrétaire général des Nations unies, qui parle d’un monde climatiquement « en train de s’effondrer, de se suicider ».  « Ce chaos climatique, on n’en voit que les prémices », alerte-t-il, pointant l’inaction de nos sociétés comme de nos économies. La peur de changer ses habitudes ? La peur de s’attaquer aux rentes pétrolières ? En tout cas, quelles que soient les raisons qui poussent à cet immobilisme, « il va falloir changer ». Pour ce, la solution (partielle) serait de mettre en place un traité de non-prolifération des énergies fossiles. Porté depuis 2015 par un groupe d’États du Pacifique, celui-ci met en avant des mesures fortes, comme le stoppage des gisements. Il exhorte notamment les actionnaires de TotalEnergies à voter contre le plan climat de l’entreprise, jugé largement insuffisant. Car les scientifiques, les Nations Unies et l’Agence internationale à l’énergie conviennent tous de la même chose : il faut arrêter d’aller chercher du pétrole et du gaz. Les principales banques françaises, dont BNP Paribas et le Crédit Agricole, participent largement au dérèglement climatique. Concrètement, Yannick Jadot propose trois mesures : tripler les énergies renouvelables, investir dans la sobriété et l’efficacité énergétique, et taxer les superprofits des groupes, qui, selon lui « participent du malheur du monde ». À l’heure actuelle, ces superprofits bénéficient d’aides d’État, de subventions et de crédits d’impôts. « L’argent public finance des groupes qui sont en train de remettre en cause nos conditions de vie et le règne du vivant. » 

D’ici 2050, la France prévoit de tripler les productions nucléaires. Un engagement notamment pris avec le Royaume-Uni, la Suisse, et d’autres pays. Mais l’homme politique parle d’une urgence plus immédiate : « la seule énergie que l’on peut installer maintenant, sont les énergies renouvelables, c’est la seule urgence », martèle-t-il. 

Dans une France fracturée, un risque maximal de dérives vers des voies extrêmes 

Lorsque l’on observe le degré de tension en France en ce moment, une autre question se pose : comment en est-on arrivé là ? La France est-elle au bord du basculement ? Le militant écologiste avoue que, en trente années de carrière, c’est la première fois qu’il ressent un sentiment de peur, « une vraie trouille ». L’effondrement démocratique, l’effondrement climatique, la peur sociale, les chocs climatiques, les crises, les pandémies : cette énorme crise de l’avenir entraîne des réactions d’instinct qui pourraient faire advenir le pire, le drapeau de l’extrême droite continuant d’être brandi et faisant les louanges d’une France « qui n’a jamais existé ». Dans  un pays agité, fracturé, au bord du basculement, les individualismes prennent le dessus, et l’angoisse du futur peut mener vers des voies extrêmes. « Ce qu’il faut, c’est arriver à nous remettre en mouvement, et quel plus beau projet que la justice sociale, la fraternité, pour retrouver un dessein commun ? » 

Au sujet d’Éric Dupond-Moretti —dont la présence dans l’hémicycle comme Garde des Sceaux et en même temps comme personne mise en examen devant la Cour de Justice de la République est « lunaire »— Yannick Jadot apporte une opinion claire et ferme : « S’il est condamné, évidemment, il devra partir. On a besoin d’exemplarité en politique ».