Pour cette nouvelle édition des 4 vérités, Thomas Sotto reçoit Yonathan Arfi, Président du CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France).
Selon le dernier bilan publié dans la nuit de mardi à mercredi par les Forces de défense d’Israël, 50 personnes sont retenues en otage depuis l’attaque du Hamas contre Israël, dont le bilan s’élève désormais à plus de 1 000 morts côté israélien. Parmi eux, Eithan, un garçon de 12 ans, franco-israélien, enlevé par les terroristes du Hamas, toujours porté disparu. « Nous avons une responsabilité, nous citoyens français de nous inscrire en solidarité, en fraternité, en humanité, aux côtés des Israéliens frappés par le terrorisme. Nous avons la responsabilité que la France prenne le leadership du combat pour la libération des otages », appelle Yonathan Arfi, président du CRIF, invité des 4 Vérités, ce mercredi 11 octobre 2023. « C’est qu’il s’est passé, ce n’est pas une attaque terroriste, ce n’est pas un acte de résistance, c’est bien un immense pogrom. (…) Il y a eu samedi dernier le plus grand massacre de juifs depuis la Shoah », alerte-t-il. Le responsable veut lancer un appel au monde de la culture. « On ne parle pas de politique, on parle d’humanité. Il y a sous nos yeux, quelque chose qui doit toucher chacun de manière intime », souligne-t-il, déplorant le manque de prise de parole publique. « J’entends déjà le ‘oui, mais’ », mais face aux scènes qu’on nous raconte, il n’y a pas de complexité, il n’y a pas autre chose qu’une humanité défigurée. J’attends que le monde de la culture joue son rôle pleinement. Il y a une vocation universelle de la France, celle qui fait que des Juifs du monde entier ont choisi la France pour venir y vivre depuis des centaines d’années. J’appelle cette France là à se mobiliser », ajoute-t-il.
Depuis l’attaque du Hamas contre Israël samedi, la position de La France Insoumise est vivement critiquée, notamment par l’absence de condamnation ferme des actes terroristes du Hamas. Lundi 10 octobre, en marge de la marche de solidarité organisée par le CRIF, dont LFI était le seul parti à ne pas envoyer de représentant, Jean-Luc Mélenchon a estimé sur X, que le Conseil Représentatif des Institutions Juives de France « empêchait la solidarité des Français avec la volonté de paix et la demande de cessez-le-feu immédiat ». « Quand il faut critiquer l’extrême-droite, je l’ai fait, et sur des sujets en Israël, je l’ai fait. Mais l’heure n’est pas la politique politicienne. Elle est à la mobilisation. (…) J’ai entendu ces petites musiques à maintes reprises. C’est simplement une manière pour Jean-Luc Mélenchon de refuser d’exprimer sa solidarité et de soutenir de fait le Hamas. Il a une responsabilité immense. Mettre en équivalence un régime terroriste et des populations civiles massacrées lui coûtera cher. Il devra payer politiquement », argue Yonathan Arfi.
La mort de plus de 100 personnes dans le kibboutz de Be'eri et le "massacre" évoqué par l'armée israélienne dans celui de Kfar Aza ont été qualifiés de "crime de guerre » par Amnesty International France. De son côté, l’armée israélienne continue d’affaiblir le Hamas en bombardant des cibles militaires et maintient son blocus sur la bande de Gaza : plus de gaz, ni d’électricité, ni d’eau courante. Des familles palestiniennes vivent dans un chaos total et coupé du monde. « Toutes les victimes civiles sont dramatiques. Mais il n’y a pas d’équivalence entre le fait de viser délibérément des civils et de les massacrer comme l’a fait le Hamas, et de viser des cibles militaires du Hamas et qu’il y ait malheureusement des victimes civiles de manière collatérale », commente le représentant du CRIF, au micro de Thomas Sotto. « Il n’y a pas d’équivalence morale. Il y a des règles, y compris dans la guerre. (…) On est face à une organisation terroriste ». Selon lui, aujourd’hui « les Palestiniens sont victimes du Hamas. Le Hamas est l’ennemi des Israéliens et des Palestiniens. Il faut le comprendre. Il endoctrine sa propre population, il n’ a que faire de l’avis des civils palestiniens ».
La solution d’une cohabitation à deux Etats, dans la région, est-elle encore possible ? « Évidemment que nous avons toujours soutenu le processus de paix. Évidemment que j’aurais souhaité deux peuples vivant ensemble, l’un à côté de l’autre. Aujourd’hui manifestement, ce n’est pas encore le cas. Il faudra qu’il y ait ça, mais la question n’est pas là. Les Israéliens n’ont pas encore enterré leurs morts. Le premier obstacle à la paix, c’est le terrorisme », assume-t-il.
Quelles conséquences en France ?
En France, Gabriel Attal, ministre de l’Education nationale et Gérard Darmanin, ministre de l'intérieur se déplacent ce matin à Sarcelles, dans une école juive, alors que ce dernier dénonce une cinquantaine de faits antisémites depuis samedi. À chaque fois qu’il y a eu un conflit au Proche orient, il y a eu des répliques en France, qui prennent toujours la forme d’agressions de Français juif. Il y a un lien mécanique, il y a eu des appels à manifester en soutien au Hamas dans des villes françaises. C’est l’apologie de terrorisme, elles ont été interdites. Il faudra une fermeté républicaine. C’est une menace pour tous les Français », déclare-t-il, estimant que l’Europe « peut jouer un rôle dans la résolution de cette crise des otages ».