Jeff Wittenberg reçoit Yves Veyrier, secrétaire général de la Confédération générale du travail - Force ouvrière dans les 4 vérités.
Alors que la hausse des prix de l’énergie atteint des records avec une augmentation de 12,6%, Jean Castex a annoncé la mise en place d’un « bouclier tarifaire » visant à réduire la flambée des tarifs à partir de novembre. Pour Yves Veyrier, cette mesure est insuffisante et la considère comme « une mesure de tour de passe-passe ». Même le chèque énergie ne devrait pas pouvoir compenser cette hausse des tarifs chez les ménages les plus précaires. Le Premier ministre n’a alors pas écarté l’idée de valoriser une nouvelle fois ce dispositif pour soutenir les Français en difficulté. Même si le secrétaire général de la FO perçoit « une volonté de freiner l’impact de la hausse », il déplore le manque d’investissement pour ceux et celles à peine au-dessus du seuil de pauvreté, ignorés par le gouvernement face à cette crise des prix de l’énergie.
« Bouclier tarifaire » des prix de l’énergie, augmentation du SMIC : des mesures suffisantes ?
Aujourd’hui vendredi 1er octobre, le SMIC augmente de 35€. Depuis 2012, le SMIC a toujours augmenté selon l’inflation sans coup de pouce supplémentaire. Pour l’ancien membre du Conseil économique, social et environnemental, cela reste nettement insuffisant et affirme que « Ce n’est que le rattrapage des inflations passées, cet hiver la hausse du coût de l’énergie, l’alimentation, les transports vont taper dans les portes-monnaies » avant de poursuivre que « augmenter le SMIC c’est un moyen de dynamiser les négociations de branche sur les salaires ». Sur le sort des entreprises, Yves Veyrier est catégorique : « Ils ont du mal à trouver des candidats sur les postes et cela est lié à la faiblesse des salaires, des conditions de travail et de la qualité des emplois » freinant ainsi la compétitivité de ces dernières. Pour alerter les patrons, il appelle à une mobilisation le 5 octobre qui portera sur « la retraite, le chômage mais également sur les salaires tournée vers les organisations patronales ». Pour le vice-président du Comité de la liberté syndicale, la question des salaires est une affaire de « double responsabilité, l’État peut agir sur le SMIC et sur la rémunération de base des fonctionnaires et les entreprises négocier dans les branches […] le salaire n’est pas l’ennemi de l’emploi au contraire ».
Assurance-chômage : entrée en vigueur d’une réforme controversée
Le 1er octobre marque le début de l’entrée en vigueur de la réforme de l’assurance chômage. Un peu plus d’un million de demandeurs d’emploi vont percevoir moins qu’habituellement malgré la lutte des syndicats qui avaient mené un recours devant le Conseil d’État. Face à cet échec, Yves Veyrier ne renonce pas et annonce qu’un nouveau recours devant le Conseil d’État va se tenir : « il est prêt, le gouvernement a joué la montre mais on espère que le Conseil d’État va nous donner raison ». « On fait subir la réforme de l’assurance chômage aux demandeurs d’emploi » explique t-il. Peut-on craindre une nouvelle révolte comme celle des Gilets Jaunes ? Le syndicaliste appelle les salariés à se rassembler le 5 octobre contre la réforme des retraites à laquelle il est fermement opposé. Face à la surenchère pendant la période électorale, la mobilisation syndicale en sommeil depuis plusieurs mois avec l’épidémie de covid, devrait se réveiller le 5 octobre avec des arrêts de travail, des manifestations. « Tous nos syndicats sont mobilisés sur la question des retraites, sur la question des salaires, sur la question du service public […] il faut vraiment que les salariés se mobilisent en ce moment » conclut notre invité.