Description

Oui mais non, mais non mais oui… C’est un éternel yoyo entre Marion Maréchal et son ex famille politique qu’est le Rassemblement National. L’ancienne tête de liste Reconquête! qui s’est hissée au rang des députés européens il y a quelques semaines semble désormais faire campagne pour le RN au vue des législatives ce dimanche 30 juin 2024. Cette dernière ne cache plus son soutien au bloc RN-Ciotti afin de « concentrer les forces ». « Nous incarnons un courant à droite qui a un certain nombre de convergences avec ce bloc national. Ce qui nous rassemble est plus important de ce qui nous sépare au regard de ce qui nous menace à savoir le Nouveau Front Populaire dont rien n’exclut totalement qu’il puisse remporter une majorité » explique notre invitée. Un aveu de dé« Zemmour » pour le chef de file de Reconquête qui l’accuse ouvertement de trahison, prête à sacrifier leurs idéaux sur l’autel de l’opportunisme politique. « Il y a eu un désaccord politique avec Eric Zemmour à l’issue de ces élections […] À défaut d’avoir trouvé un accord entre Reconquête! et le RN, il a fallu faire un choix très rapide […] Je pense que c’est une mauvaise décision parce qu’une fois de plus c’est prendre le risque de réconforter la coalition d’Emmanuel Macron ou du Nouveau Front Populaire » explique la députée européenne. Entre Marion Maréchal et Éric Zemmour, la rupture semble bel et bien consommée. En effet, ces tensions internes auront eu raison de leur couple politique, conduisant le polémiste à exclure sa favorite dont la proximité avec le RN a précipité sa chute. Le torchon brûle, donc, au sein de Reconquête!, plus fragilisé que jamais. 

Dernière ligne droite avant le premier tour des législatives. Une semaine jour pour jour avant le scrutin, Emmanuel Macron a tenu à adresser une lettre aux Français dans laquelle il exprime ses inquiétudes concernant la montée des extrêmes, mettant au passage un signe égal entre le RN et Le Nouveau Front Populaire. Dans ce dernier tour de vis pour tenter de consolider l’ancienne majorité présidentielle, le président de la République n’a pas hésité à pointer du doigt le Rassemblement National qui constitue selon lui une menace pour la nation française « en opposant ceux qu’elle nomme de vrais Français et des Français de papier ». Une prise de position que condamne Marion Maréchal au regard de son statut : « Il aurait dû tenir une forme de réserve […] mais il nous a habitués depuis longtemps à ne pas être à la hauteur du costume présidentiel qu’est le sien » fustige notre invitée. 

Lutter contre l’immigration et l’insécurité : le Rassemblement National entonne la même rengaine à chaque campagne. Avec un arrière-goût de préférence nationale, le RN propose une réduction drastique des flux migratoires, notamment en limitant l'asile et en renforçant les contrôles aux frontières. Le parti prône également la suppression du droit du sol et la mise en place d'une politique de rémigration, visant à inciter les étrangers à retourner dans leur pays d'origine. Un programme à géométrie variable jugée irréaliste par l’ancienne majorité présidentielle et la gauche. « Il y a des priorités qui ont été présentées par Jordan Bardella et Éric Ciotti. C’est d’abord réduire drastiquement l’immigration légale et illégale, s’attarder en priorité sur la question de l’insécurité et donc de la réforme pénale qui s’impose dans notre pays » défend notre invitée. Si le RN campe sur ses positions nationalistes, quid de leurs propositions sur le plan économique ? « Il y a deux engagements qui ont été pris : d’une part la réduction de la dépense publique pour ne pas faire courir l’endettement et d’autre part l’engagement de ne pas augmenter les taxes et les impôts » explique  Marion Maréchal. Des idées loin de convaincre Gabriel Attal, le Premier ministre, qui compare le programme du RN à un oignon. Selon lui, Jordan Bardella recule chaque jour sur une mesure à l’instar de l’interdiction du port du voile dans les espaces publics, l’abrogation de la réforme des retraites, ou encore la baisse de la TVA pour les produits de première nécessité. Une attaque que renvoie Marion Maréchal d’un revers de la main droite pointant la cohérence de leur politique et la pertinence de leur bilan. 

Jordan Bardella : « La majorité absolue ou rien ! »

Si Jordan Bardella se dit prêt à endosser le costume de Premier ministre, ce dernier a aussi affirmé qu’il ne pousserait pas les portes de Matignon si ses listes n'obtiennent pas une majorité absolue. « Je crois que c’est aussi une façon légitime d’appeler les Français à donner une majorité absolue à ce bloc national » défend notre invitée. À quelques jours du scrutin, les sondages donnent l’avantage au RN. Pour l’heure, le clan Bardella n’a donné aucune information sur le gouvernement qui pourrait être formé laissant présager bon nombre d’hypothèses dont celle d’un poste pour Marion Maréchal dans ce remaniement à droite. « J’irai là où je suis utile et je m’effacerai devant les personnes les plus compétentes » poursuit-elle. 

En attendant que les Français statuent sur le sort du gouvernement, le départ de Marion Maréchal du parti Reconquête! fait couler beaucoup d’encre. Loin de s’être signé sans fracas, un article du Canard enchaîné publié mercredi dernier et largement alimenté par les alliés d’Eric Zemmour accable l’ancienne tête de liste. Ces derniers l’accusent ouvertement d’avoir dilapidé les caisses du chef de file. « Ces accusations sont totalement grotesques et infondées. Quand il y a une rupture politique, on règle ses comptes de manière générale par presse de gauche interposée […] ma probité n’a jamais été remise en cause » défend notre invitée qui pour l’heure n’a pas porté plainte.