En 1939, le compositeur autrichien Eric Zeisl reçut la commande d’une musique pour une adaptation scénique de Hiob, le roman de Joseph Roth. La figure biblique de Job combinait dans l’œuvre du romancier légende européenne et tradition biblique, entre la malédiction traditionnelle de l’errance et le mouvement utopique vers la délivrance. Eric Zeisl, lui-même contraint à l’exil, s’identifia fortement aux deux protagonistes du roman, Mendel Singer et son fils Menuchim. Cette prise de conscience de son identité à travers la musique hébraïque, initialement exprimé dans Job, irrigua toute son œuvre, comme son second quatuor à corde dont le thème de l’andante évoque les musiques juives traditionnelles d’Europe de l’Est. Fidèle à la tradition judaïque, présente dans le Kaddish Yatom qui reste une prière de louange du nom de Dieu, le compositeur a choisi de garder le texte du Psaume 92 pour son Requiem, écrit à la mémoire de son père à Treblinka.