Du 2e siècle avant Jésus-Christ au 5e siècle après Jésus-Christ, Tintignac près de Naves s’impose comme un ensemble monumental à l’époque gauloise. Deux millénaires plus tard, des archéologues vont y mener des fouilles et y découvrir des objets uniques au monde… Une opportunité exceptionnelle pour mieux connaître la civilisation gauloise. Mais Tintignac a-t-il livré tous ses secrets ?
Le lieu-dit Tintignac est situé sur la commune de Naves, près de Tulle, en Corrèze. Il est connu depuis longtemps des Corréziens mais va connaître une renommée internationale, dès le début des années 2000, grâce à une campagne de fouilles qui va notamment mettre à jour des carnyx et ces casques zoomorphes.
Tintignac a eu deux vies : la première sous l’impulsion des Lémovices gaulois, la seconde sous l’impulsion des Romains. Situé à proximité d’un chemin protohistorique, le site Tintignac s’est progressivement développé sur plusieurs hectares avant d’être abandonné à la suite d’un incendie qui sellera définitivement la fin de ce sanctuaire monumental.
Des arènes et des spectacles
La toponymie de Tintignac pourrait indiquer que ce lieu-dit appartenait à grand propriétaire terrien gallo-romain, probablement le domaine de Quintinus, terme qui a évolué par la suite à Tintignac.
"Les premières mentions de Tintignac remonte aux XIe et XIIe siècle" précise Christophe Maniquet, archéologue à l’INRAP. On les doit à Geoffroy de Vigeois qui ne mentionne pas le lieu exact mais seulement l’intérêt archéologique du site. En 1633, Bertrand de Latour évoque les Arènes de Tintignac (les parcelles du site portent le nom des Arènes. Puis, Etienne Baluze évoque le site en lui donnant le nom des Arènes de Tintignac : "un théâtre plutôt qu’un amphithéâtre" précise l’archéologue : "un édifice de spectacles".
Tintignac, implanté sur un point dominant, visible de très loin, se situe à proximité d’un grand itinéraire qui allait de la Narbonnaise à l’Armorique et qui traversait tous les districts miniers du Limousin. "Cela deviendra la route des Métaux" rappelle Christophe Maniquet.
Un lieu d’abord sacré
Le sanctuaire voit le jour au milieu du IIe siècle avant notre ère. Le site va évoluer, être modifié, agrandi et métamorphosé progressivement jusqu’à la fin du IIIe siècle de notre ère. Au début, ce sont les Gaulois qui développent Tintignac : "Il est au cœur de la Corrèze actuelle. La Corrèze pouvait appartenir à un pagus c’est-à-dire à une subdivision de la tribu gauloise des Lémovices et cela (Tintignac) pouvait être le cœur vital de ce pagus".
Grâce aux découvertes de Christophe Maniquet et de son équipe, il est possible d’imaginer à quoi ressemblait la vie des Gaulois de Tintignac : "On sait que les pratiques essentielles étaient liées aux sacrifices d’animaux pour les divinités. Les hommes tenaient de grands banquets dans l’espace sacré. Et pour les armes retrouvées ? "On peut imaginer que certaines appartenaient à des ancêtres prestigieux et ces objets étaient plus ou moins sacrés".
Les légendes :
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Vu du ciel, les fouilles de Tintignac engagées depuis le début des années 2000 : on distingue aisément les bases des éléments d’architecture mis au jour par Christophe Maniquet et son équipe © INRAP
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L’espace sacré formait un quadrilatère qui était délimité par une palissade. Traditionnellement, l’entrée était placée à l’est. Dans l’enclos, le bâtiment est destiné au culte des divinités © INRAP
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Le site de Tintignac à son apogée : un bâtiment dit "tribunal", un bâtiment en hémicycle et le théâtre sont construits entre le milieu du Ier siècle et le IIe siècle de notre ère © INRAP
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À Tintignac, les archéologues vont notamment mettre au jour des carnyx gaulois : une trompe de guerre dans un remarquable état de conservation. Une découverte unique en Europe © INRAP
Musique : Jonathan Marty-Wagner
Production : Podcast&Radio House