Description

Ils ont été des grands serviteurs  de l’Etat : des militaires ou des politiques. Leurs noms sur des plaques  émaillées racontent l’histoire de France. À d’autres endroits, des  personnalités locales racontent l’histoire de Brive. Il y a les rues,  les avenues, les boulevards, les places ou encore les impasses. Mais  quel que soit le carrefour ou le trottoir, le promeneur remonte toujours  le temps.

Brive-la-Gaillarde. 46 630 habitants pour une  densité de 960 hab./km2. C’est une belle ville de province. Une "grande  ville" disent les habitants de la campagne, peu habitués aux  perspectives urbaines, aux grands ensembles et vastes zones  commerciales. C’est d’ailleurs avec une relative appréhension que ceux  des champs viennent visiter ceux des villes. L’immensité de l’aire  urbaine (75 046 habitants) a l’inconvénient de désorienter rapidement  celui qui la traverse… Pour s’y retrouver, l’automobiliste peut compter  sur les plaques émaillées qui, outre le fait de confirmer ou non une  direction, valident, au moins, une position. Il est intéressant de se  demander quand ces odonymes ont vu le jour : "les historiens considèrent  qu’en France la dénomination des voies urbaines a commencé à la fin du  XIIIe siècle" explique Jean-Michel Valade qui signé un livre intitulé « À  la découverte mémorielle des rues de Brive"…

De la rue de l’église à la place Verdun

Rue  de l’église ou rue du Four seraient les premières appellations qui  prévalent jusqu’au début du XVIIe : "Ce sont les dénominations d’usage  populaire (…) et à partir de ce XVII on entre dans une ère nouvelle,  celle des toponymes de décision créées par les autorités publiques". La  fonction est utilitaire : permettre de se situer dans l’espace  quotidien. Tout en sachant qu’à cette époque, les gens lettrés ne sont  pas nombreux : "d’où la nécessité de tenir compte de l’usage populaire  qui décrit un lieu comme la rue Haute, la rue des Fossés et, bien plus  tard, la valeur commémorative (place Verdun) ou la valeur symbolique  (avenue de la Liberté) ont pris le relais" rappelle l’historien  briviste…

Au fil du temps et… des rues

À Brive,  plusieurs odonymes sont issus de l’Ancien Régime : la rue du Clocher et  la rue des Récollets (d’aspect religieux), la rue des Cloutiers et la  rue du passage de la poterie (d’aspect social)… la rue de la Jaubertie,  la rue des Carbonnières, la rue Barbecane ou encore la rue Traversière  sont tous des toponymes antérieurs à 1789.
Rappelons que Brive a eu  son boulevard du Maréchal Pétain ou encore son avenue Staline. Plus  récemment, Brive a fait le choix de se doter d’une avenue dénommée  Jacques et Bernadette Chirac.
Les rues les plus emblématiques pour  Jean-Michel Valade ? "La Place de la Guierle qui est le lieu  emblématique de Brive, là où se déroule le marché hebdomadaire, cher à  Georges Brassens". Pour autant, sur votre GPS, vous lirez Place du 14  juillet. Mais, les brivistes en ont décidé autrement. Dans l’esprit des  Corréziens, cette place centrale de Brive reste, et restera, la Place de  la Guierle !
L’odonymie briviste c’est "Une mémoire de la ville, une  mémoire mouvante, une mémoire qui fluctue au gré de l’expansion  spatiale du bâti urbain et de la volonté décisionnaire des pouvoirs  municipaux. Une mémoire plurielle" ajoute Jean-Michel Valade.