Atanase Périfan, vous avez 57 ans. Vous êtes conseiller de Paris, créateur de l’Association Voisins solidaires et de la fête des Voisins. Votre père, Yancou Périfan, était ingénieur du Génie civil. Il s’est enfui de Roumanie soviétique la veille de son exécution, en 1948. Etudiant à l’Ecole polytechnique, il participait à la résistance contre l’Armée rouge et avait été condamné à être fusillé par le régime de Ceausescu. Il a été capturé en Yougoslavie, envoyé dans les mines de sel, dont il s’est évadé ; il a réussi à gagner l’Autriche, en pleine guerre froide. Il a mis quatre ans pour traverser l’Europe, à pied, et arriver en France. Son point de chute a été l’Eglise orthodoxe roumaine, à Paris, qui rassemblait l’élite intellectuelle ayant fui le communisme. A l’âge de 89 ans, votre père est reparti à Bucarest, qui a ouvert les archives de la Securitate, l’ancienne police politique. Elles contenaient dix-sept volumes sur lui, et il voulait savoir qui l’avait dénoncé, mais les noms avaient été effacés. Vous avez appris la solidarité, la fraternité et le sens du service, grâce au scoutisme entre 8 à 25 ans. Votre foi orthodoxe, qui vous conduit à la messe tous les matins, donne un sens à votre vie et vous fait aimer profondément les gens. Vous êtes un modèle d’intégration. Votre prénom d’origine grecque signifie immortel. Après des études d’informatique, un DESS de marketing direct et de commerce electronique, vous vous êtes associé relativement jeune avec Alexandre Basdereff, un jeune gaulliste qui montait sa boîte, Optimus, destinée à rechercher des fonds pour des causes associatives comme les Pièces jaunes ou le Téléthon. Vous êtes toujours associés. Vous vous considérez comme un gaulliste social. En 1981, vous avez adhéré au RPR. En 1989, vous avez été élu conseiller municipal du 17e arrondissement de Paris. En 1990, vous avez créé avec trois amis une première association, « Paris d’Amis » qui avait pour slogan « Pas de quartier pour l’indifférence ».En 2000, vous vous êtes « désencarté » pour ne pas marquer vos projets associatifs, et parce que vus travaillez aussi bien avec des élus de droite que de gauche. En 2011, vous avez été chargé par Roselyne Bachelot, alors ministre des Solidarités et de la Cohésion Sociale, de rédiger un rapport sur les « Solidarités de voisinage et fragilités sociales ».Votre nom et votre réussite restent associés à des concepts nés à l’échelon local qui se sont souvent mondialisés après s’être généralisés en France : la fête des voisins immeubles en fêtes créée dans la ville en 1999 puis étendue à l’entreprise, voisins solidaires , créé en 2007. Vous avez étendu la fête des voisins à l’Europe en 2003 avec la « Journée européenne des voisins » et en 2007 au reste de la planète. La fête des voisins est aujourd’hui célébrée par plus de 20 millions de participants dans 36 pays du monde. Vous présidez en Europe la Fédération européenne des solidarités de proximité. Vous avez publié en 2005, Pas de quartier pour l’indifférence : pour en finir avec la France dépressive, aux éditions de la Table Ronde.