La perception du handicap n’est pas la même selon que l’on est en situation de handicap ou non. D’où le grand intérêt de la démarche singulière de l’anthropologue américain Robert Murphy, qui a observé son corps se paralyser progressivement aussi attentivement que les peuplades amazoniennes qu’il avait étudiées auparavant, pour compenser par la connaissance l’absence de maîtrise.
Que faire en effet de ce corps étranger, devenu prison, « tombeau de l’âme », comme dirait Platon ? Comment vit-on avec un handicap ? Il n’est pas facile de (bien) se représenter cela lorsqu’on n’est pas (encore) concerné.
Pour y voir plus clair, il faut résister aux deux écueils symétriques de la stigmatisation et de la survalorisation suspecte.