Ici l’apocalypse avait déjà eu lieu. La dévastation avait engendré la beauté avant qu’à son tour la beauté ne sème la dévastation. Dans ce décor propice à l’invention des dieux, nous nous baignons tranquillement aux portes de la mort, savourant la proximité du ciel et de l’abîme.
Dans ce livre majeur, Stéphane Lambert dit le chaos d’une enfance abusée. Au hasard des jours, en se rendant chez un thérapeute, il se retrouve, trente ans plus tard, dans l’immeuble même de son ancien abuseur. A partir de là il remonte le fl de son enfance et de ce qu’on a voulu taire, en mesurant avec quelle force le passé imprégnait sa vie présente. Il perçoit dans le souvenir traumatisant d’une famille qui vole en éclats l’écho de la crise qu’il traverse en tentant d’aimer. Et quand survient la mort du père, d’anciens séismes se réveillent sur cette île grecque où il a trouvé refuge.
Son travail et sa vie occupent depuis longtemps le territoire de l’écriture, celui qui impose isolement, distance avec le monde, et entretient un trop familier sentiment d’abandon. L’heure semble venue de le faire plier. « Je fraie avec ce qu’il y a de plus fragile, de plus indocile, en moi ; la tâche est rude : à chaque pas, je manque de renoncer » Ce sont dans les failles les plus profondes que les livres tentent la diffcile communion du meilleur et du pire.
L’AUTEUR
Né en 1974 à Bruxelles, Stéphane Lambert est romancier, poète, essayiste. Il a publié chez Arléa :
Nicolas de Staël, le vertige et la foi (2014 ; Arléa-Poche, 2015), Mark Rothko, rêver de ne pas être (Arléa- Poche, 2015), Monet, impressions de l’étang (Arléa-Poche, inédit, 2016), Avant Godot (2016, Prix Roland de Jouvenel 2017), Fraternelle mélancolie (2018), Visions de Goya, l’éclat dans le désastre (2019, Prix de l’essai sur l’art André-Malraux), Être moi toujours plus fort -sur Léon Spilliaert (2020), et Paul Klee, jusqu’au fond de l’avenir (2021).