Le Pont des Arts présente deux artistes forts et engagés, chacun dans leur siècle : William Morris, artiste anglais, ancré dans le Moyen-Age et pourtant grand visionnaire du 19e siècle, et Oskar Kokoschka, peintre autrichien, figure de l’art dégénéré pour le Nazisme, combattant sans relâche au 20e siècle pour une Europe de paix unifiée.
William Morris (1834 - 1896), tel St Georges combattant le dragon, lutte contre les effets de l’industrialisation massive de l’Angleterre victorienne en puisant dans le Moyen-Age un idéal incarné par le mouvement Arts & Crafts. Cet artiste polyforme proche des Préraphaélithes, notamment de Edward Burne-Jones, est un touche à tout aux mille visages : traducteur, poète, architecte, dessinateur, entrepreneur social, fondateur de la ligue socialiste anglaise. Il est surtout connu pour avoir conçu des papiers peints aux décors floraux somptueux témoignant d’un imaginaire riche et d’une conviction de créer du beau, même dans les objets usuels, pour le plus grand nombre.
Oskar Kokoschka (1886 - 1980) est un artiste expressionniste dans l’âme et aussi de l’époque troublée qu’il traverse. Dès l’âge de 22 ans, le crane rasé, il choque à Vienne : dramaturge, poète, écrivain et peintre. Après sa rupture amoureuse avec Alma Mahler, il conçoit une poupée à taille humaine comme un instrument thérapeutique et performatif avant-gardiste avec lequel il se met en scène. Il voyage beaucoup en Europe, y peint les vues de villes avec différents points de perspective, et dès l’arrivée d’Hitler au pouvoir, s’engage contre le nazisme. En 1937, victime du Nazisme, il peint son « autoportrait en artiste dégénéré » et toute sa vie se bat pour une Europe réconciliée.