Description

Nous sommes le mercredi 13 juillet 1977, c’est la canicule à Manhattan où il fait plus de 35°. Les climatiseurs tournent à plein régime et plus au nord, dans les quartiers populaires de Harlem et du Bronx, les bouches à incendie sont mises à profit pour occuper et rafraîchir les gosses. Ainsi s’écoule ce 13 juillet 1977, du moins jusqu’en soirée.

Il est 19h lorsque l’on annonce de très violents orages en approche du nord de New York, c’est-à-dire précisément là où se trouvent plusieurs stations électriques qui alimentent la ville. Et il est exactement 20h37 lorsque la foudre s’abat, avant même la pluie, sur l’une des principales centrales électriques du fleuve Hudson. Un événement qui signait le coup d’envoi d’une nuit de folie. À 21h30, huit millions de New-Yorkais étaient plongés dans le noir pour plusieurs heures. Plusieurs heures sans lumière, il ne fallait pas le dire deux fois dans les quartiers populaires de Harlem, du Bronx et de Brooklyn ou des émeutes éclataient et où les premières vitrines volaient en éclat. Car si dans le centre de Manhattan, on s’amusait de la situation dans les rues, au sud et au nord de l’île, c'était le chaos, ou plutôt Noël avant l’heure. Les magasins du Bronx, un quartier particulièrement pauvre, étaient pillés les uns après les autres. Mais ce qu’on ne savait pas encore à ce moment-là, c’est que cet évènement allait poser les bases de tout le mouvement hip-hop, rien que ça…

Il a fallu quelques semaines pour comprendre que dans les quartiers populaires new-yorkais, ce sont les magasins d’équipements électroniques qui avaient été particulièrement visés par les vols. À l'époque, le bouillonnement artistique de New York tournait surtout autour du punk au CBGB’s, du disco en plein essor au Studio 54 et de la Salsa, celle de Fania. Le mouvement hip-hop était encore nouveau et confidentiel, emmené par une petite poignée de précurseurs : Kool Herc, Africa Bambattaa, Grandmaster Flash, Grandmaster Caz, Disco Wiz et SoulSonic Force. Les 3 éléments fondateurs du hip-hop, savoir le breakdance, le graffiti et le DJing était encore en gestation en 1977. Le plus problématique de ces éléments était le DJing, qui nécessitait un investissement matériel et donc financier conséquent

Le black out du 13 juillet 1977 a permis à bon nombre d’apprentis rappeur de se fournir gratuitement en platines et sono, matériel jusque-là beaucoup trop cher pour eux. Disco Wiz l'explique parfaitement : "Avant la coupure de courant, il n’y avait que trois ou quatre crews de hip-hop dans toute la ville. Après, il y en avait un à tous les coins de rue"…