Description

Vous connaissez Suno ? C’est une start-up américaine basée à Cambridge dans le Massachusetts qui fait beaucoup parler d’elle en ce moment. Fondée par d'anciens membres de Meta et de TikTok, Suno utilise l’intelligence artificielle générative pour produire des musiques personnalisées à partir d’une demande précise.  

Il suffit d'indiquer au logiciel quel style de musique on veut générer ("rap français", "acid jazz", "pop anglaise", vous êtes libres), d'ajouter des paroles ("Thierry Paret est un imbécile", par exemple) et, hop, Suno fait le reste. Faîtes en l’expérience à l’occasion chez-vous, vous allez voir, ou plutôt entendre, c’est très impressionnant. Soyons honnête : tout cela n’est pas encore très abouti, les musiques sont assez banales et sans grand intérêt. Elles n'entreront à priori pas de si tôt en playlist chez Nova. Mais imaginez les dégâts lorsque l’appli sera plus pointue et efficace, au point qu'on ne puisse plus faire de différence entre un·e artiste et Suno ?

Une IA alimentée par un catalogue musical infini

D'ailleurs, les artistes ne s’y trompent pas : si pour nous, consommateurs et consommatrices, cela relève du fun, les artistes s’inquiètent. Ce sont elles et eux qui fournissent, sans leur accord, la banque de sons infinie de Suno. Eh oui, l’Intelligence Artificielle de l’appli est alimentée par un catalogue musical. C’est donc le travail de vrais gens qui permet de nourrir cette fausse compositrice, l'application Suno, et lui permet aussi de se développer en piochant çà et là des séquences musicales.

"Une utilisation prédatrice de la musique"

Dans ce contexte, le 2 avril dernier, 250 artistes et auteurs-compositeurs se sont fendus d’une lettre ouverte contre les IA génératives qui font une "utilisation prédatrice de la musique". Signé par Billie Eilish, Elvis Costello, Katy Perry, Stevie Wonder, North Jones, Sam Smith, Jon Baptiste ou encore Pearl Jam, le texte braque le projecteur sur un problème de droit d'auteur et une concurrence jugée déloyale. Il avance encore que l’intelligence artificielle, utilisée de manière irresponsable, fait peser d’énormes menaces sur la protection de la vie privée et de la musique. Pour ces artistes, ces IA visent directement à remplacer le travail musical humain par des quantités massives de sons ou d'images qui diluent considérablement leurs redevances dues, là où bon nombre d’entre elles et eux essaient simplement de joindre les deux bouts.