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Le film « Taxi Driver » de Scorsese, raciste ou pas raciste ? 

Lorsqu’on dit que Scorsese et Francis Ford Coppola, puis George Lucas et Steven Spielberg ont sauvé Hollywood, ils n’ont, en réalité, sauvé Hollywood que pour les hommes blancs.

« Il n'y a presque pas de personnes noires dans « Taxi Driver » », déclare Arthur Jafa, célèbre artiste afro-américain

Celui dont la carrière a débuté en tant que directeur de la photographie est de retour à ses premières amours cinématographiques avec un projet audacieux. Il revisite la fin du film de Martin Scorsese, « Taxi Driver », sorti en 1976, pour mettre en lumière les sous-entendus raciaux qu'il perçoit dans ce long-métrage emblématique.

Dans sa dernière création intitulée « Redacted », Jafa remplace les acteurs blancs par des acteurs noirs dans la scène du climax du film original. Une réinterprétation choquante du moment où Travis Bickle, interprété par Robert De Niro, fait irruption dans un bordel de l'East Village pour sauver Iris, une prostituée mineure jouée par Jodie Foster.

Un projet polémique qui veut éclairer les implications raciales de l'époque restées inexplorées. 

Jafa explique que l'idée de revisiter « Taxi Driver » lui est venue il y a près de 30 ans, lorsqu'il a réalisé que les personnages noirs étaient absents de cette représentation de la société new-yorkaise. En découvrant que le scénariste du film, Paul Schrader, avait initialement envisagé le personnage de Sport, le proxénète d'Iris, comme étant afro-américain, Jafa a décidé de donner vie à cette vision en remplaçant les acteurs blancs par des acteurs noirs, à l'exception de De Niro et Foster.

Avec cette réinterprétation, Jafa interroge les choix artistiques et sociétaux qui ont présidé à la production du film et veut restaurer l'intégrité artistique du film original en révélant les implications raciales qui étaient restées inexplorées. Pour cela, il a ajouté par exemple une scène où le proxénète chante du Stevie Wonder, dont l’album « Songs in the Key of Life » était sorti en 1976, la même année que « Taxi Driver ».

Malgré les critiques, Jafa veut offrir une perspective nouvelle et naturelle sur un classique du cinéma américain, et inviter le public à reconsidérer les récits cinématographiques à la lumière des réalités raciales qui les sous-tendent

À méditer.