Description

Entre deux terres, il a choisi de raconter.

Il est né au cœur des Cévennes, dans une ville minière du Gard, mais son histoire commence ailleurs. À Tinghir, au sud-est du Maroc, dans une vallée qu’il n’a pas connue enfant, mais dont il portait déjà les contours en lui. Kamal Hachkar a grandi entre deux mondes. Et plutôt que de choisir, il a décidé d’en faire le fil conducteur de son travail.

Historien de formation, cinéaste par nécessité, il a compris très tôt que l’Histoire ne suffit pas. Qu’il fallait aller chercher, rencontrer, creuser les silences, remettre en lumière ce que l’exil, le temps ou la peur avaient effacé. C’est ainsi qu’est né Tinghir-Jérusalem : d’un retour au pays, d’une question simple — que sont devenus les Juifs marocains qui vivaient ici ? — et d’une volonté, farouche, de tisser à nouveau ce qui fut brisé.

Ce film, salué mais aussi critiqué, a réveillé des mémoires. On l’a accusé d’ouvrir des plaies, mais il n’a fait qu’y porter une lumière douce, patiente, humaine. Depuis, Kamal n’a jamais cessé de suivre cette ligne fragile entre les identités, les appartenances, les douleurs et les possibles.

En 2019, il réalise Dans tes yeux, je vois mon pays, un film traversé par la musique, le retour et l’émotion pure. On y suit Neta Elkayam et Amit Haï Cohen, deux artistes israéliens d’origine marocaine, qui reviennent au Maroc pour faire résonner la langue, les chants, les gestes enfouis dans leur enfance. Le film est une déclaration d’amour à une culture vivante, une tentative poétique de recomposer les liens, au-delà de l’exil et de la politique.

Ce n’est pas un film sur la nostalgie. C’est un film sur la promesse. Celle que la mémoire n’est pas une fin, mais un début. Que la création peut être un pont, qu’un chant peut encore réunir ce que les histoires officielles ont séparé.

En décembre 2024, Kamal présentait ce film aux États-Unis, devant une salle pleine au cœur de la Nouvelle-Orléans. Preuve que ses récits trouvent écho bien au-delà des frontières. Parce qu’au fond, ils nous parlent tous. De ce qu’on perd. De ce qu’on cherche. De ce qu’on peut encore retrouver.

Son cinéma est une traversée. Une manière d’habiter le monde avec plus de nuance, plus de lien. À une époque saturée de récits simplistes, Kamal Hachkar continue de tendre l’oreille. Et c’est pour ça qu’on l’écoute.