Hans Silvester, un nom qui parle plus par son regard que par sa signature, et c’est précisément cela qui définit son héritage.
Né en 1938 à Lörrach, il devient photographe presque naturellement dès l’adolescence, sa passion s’épanouissant à l’école de Fribourg. Dès 1960, la Camargue le marque. Sa première œuvre, Camargue, magnifiée par un texte de Jean Giono, lui ouvre les portes d’un monde qui l’absorbe.
En 1962, plantant sa tente en Provence, il devient globe-trotter. Hans a photographié dans plus de 70 pays, et pourtant, son œuvre reste intimiste, lente, humaniste. Il est un voyageur sans folklore, qui refuse l’exotisme, et cherche le lien plus que l’image.
En 1965, il rejoint RAPHO, l’agence photographique mythique française et entre dans la lignée des plus grands photographes humanistes. RAPHO a représenté des des légendes telles que Robert Doisneau, Willy Ronis, Sabine Weiss, Janine Niepce, Édouard Boubat. Et plus tard Hans Silvester, Marc Riboud, François Hers,..
En 1977, il devient un fondateur visuel de l’aventure éditoriale de GEO, le magazine référence de la photographie-reportage et réalise la couverture du numéro 0.
Dès les années 70, Hans Silvester dénonce La déforestation en Amazonie, La pollution des rivières françaises, La surexploitation forestière en Amérique du Nord. Il fait œuvre militante avec des images sensibles, éloignées du spectaculaire et fidèles à sa sobriété.
Puis, dans les années 2000, l’Éthiopie. Sa fascination pour les peintures corporelles des peuples de la vallée de l’Omo le pousse à s’y immerger. Il documente ce que personne d’autre n’a su photographier ainsi, en prenant le temps de vivre avec eux, souvent accompagné de sa femme Dora.
Son travail est un témoignage exceptionnel de ces arts vivants, éphémères et habités, comme une empreinte du lien entre l’homme et la nature. Il n’a pas photographié les guerres, mais un autre type de fragilité, celle des Peuples Racines, des cultures en voie de disparition, de ces formes d’expression immatérielles.
Cette quête, silencieuse et respectueuse, est la quintessence de son regard.
En 2022, il est couronné du Prix International Planète Albert Kahn, honneur rare rappelant la portée historique et sensible de sa carrière.
Hans Silvester, c’est un photographe hors mode, hors frontières, un témoin aux aguets, qui documente plus qu’il ne capture.
Ses images nous racontent autre chose que des histoires.
Elles nous rappellent qui nous sommes, et ce qui importe.