Philosophe ayant franchi les lignes qui séparent la vie d’un intellectuel et de celle de l’homme d’action, Régis Debray s’est affirmé comme l’un des grands écrivains de notre temps. Choisissant le ton de l’humour et du lyrisme, il porte sur notre époque un regard à la fois critique et lucide, plus tendre que nostalgique à l’endroit du passé, moins négatif à l’égard du présent qu’on le prétend souvent, ferme quand il s’agit de défendre la République.
A l’occasion de la publication de son nouveau livre, D’un siècle l’autre (Gallimard, 299 p. 20 €), qui conjugue la déambulation littéraire et la réflexion politique ou philosophique, Régis Debray nous explique sa façon de travailler, nous dévoile volontiers le sens de ses engagements. La description qu’il fait de la Médiologie, théorie des médiations techniques et institutionnelles de la culture dont il est le fondateur, le conduit aussi à évoquer Jacques Ellul.
En souriant souvent, Régis Debray se révèle un veilleur ouvert aux autres, un humaniste jouant de sa mauvaise humeur comme d’un instrument de musique. Un grand frère indispensable.