Parcours scientifiques

Cette émission scientifique, conduite par un spécialiste mondialement reconnu, Giuseppe Longo, propose de rendre compréhensible par tout le monde des phénomènes scientifiques et mathématiques.

Le « numérique » bouleverse aujourd’hui les façons de construire les connaissances, d’instituer le droit ou même de se réunir parce qu'il contourne les médiations symboliques traditionnelles telles que la connaissance, le droit et les groupes sociaux fondés respectivement sur les idées de théorie, de souveraineté et d’amitié. Le « numérique » accorde en revanche un privilège exclusif à la médiation du calcul qui est censée devenir productrice d’autorité scientifique, de justice et d'espace public. Nous nous interrogerons à partir de deux livres sur le rapport que le numérique entretient aujourd'hui avec ces trois médiations traditionnelles que sont la connaissance, le droit et l'espace public : - G. Longo, Le cauchemar de Prométhée. Les sciences et leurs limites, PUF, Paris, 2023. - A. Garapon & J. Lassègue, Le numérique contre le politique, PUF, Paris, 2021. Les médiations symboliques traditionnelles se donnent à elles-mêmes leur propre limite : c'est précisément parce que la réflexion épistémologique et philosophique sur le sens des limites est encore à construire dans le cas du numérique que nous vivons un moment de crise.

Des machines formidables permettent de nous mettre en réseaux, favorisant l'échange de cultures, de connaissance entre humains éloigné, de permettre l'accès à la mémoire de l'humanité, potentiellement de la part de l'humanité toute... Bien évidemment, l'organisation numérique (digitale) de la connaissance pose déjà un biais, elle n'est pas neutre, mais la transformation de ces suites de nombres qui codent et transforment la connaissance en information-marchandise façonne l'usage des réseaux d'ordinateur et modifie notre humanité. On nous promet maintenant un « autre univers », fait d'avatars numériques, qui échangent l'information comme marchandise totalisante. On discutera des changements en cours dans cet univers du numérique, du rôle et des limites de l'Intelligence Artificielle qui le domine, on essayera de mettre en évidence le rôle d'une esthétique des sensations, des corps et du sens dans nos constructions de connaissance et dans notre être au monde. Livre : Le jeu de l’induction : automatisation de la production de connaissance et réflexion philosophique. Anna Longo / éditions Mimesis 2022. Article : « Le Métavers : réalisation ou trahison du rêve néoréactionnaire ? », in AOC, 8/9/2022 https://aoc.media/opinion/2022/09/07/le-metavers-realisation-ou-trahison-du-reve-neoreactionnaire/

Nouveau pythagorisme au cœur de nos activités humaines, grâce aux ordinateurs et à leurs réseaux. Nouveau pythagorisme car l’arithmétique et les nombres entiers en sont au centre. Il y a en effet comme un retour de pendule par rapport au mouvement qu’il y a eu il y a plus de 2000 ans en Grèce. Plus qu’une Histoire, une réflexion épistémologique, une analyse conceptuelle de ce qu’il s’est passé il y a 2500 ans et aujourd’hui.

Invité : Maël Montévil, chargé de recherche au CNRS, à la République des savoirs, USR 3608, École Normale Supérieure. Il est biologiste théoricien travaillant au carrefour de la biologie expérimentale, des mathématiques et de la philosophie.

Dans un monde aussi imprégné de technologie et de science que le nôtre, les mathématiques sont souvent considérées comme le moyen le plus efficace pour obtenir des résultats, la connaissance par excellence de l'abstrait, objectif et vrai, le pivot sur lequel fonder toute connaissance. Dans le cadre de cette vision des mathématiques, sorte de savoir absolu sans histoire, le mythe de la réduction des mathématiques au machinal, très bien explicité au début du vingtième siècle, a engendré deux visions du monde en miroir, aussi primaires que dangereuses : celles de l’intelligence artificielle classique et de la biologie moléculaire, tous les deux fondés sur une approche mécaniste de la réalité. Au contraire, à l’intérieur des mathématiques elles mêmes, des “résultats négatifs” ont posé des limites à ces projets réductionnistes et absolutisant ; aujourd’hui il est pourtant possible, en appréciant les limites de tout savoir, de toute technique, de prendre du recul et de ne pas subir passivement les conséquences de ces modèles qui sont en train de transformer nos vies. Avec pour invités : Clarisse Herrenschmidit, chercheuse CNRS Jean Lassègue, chercheur CNRS