Pégase

Podcast du Pole pilote de formation des enseignants et de recherche pour l'éducation

Depuis quelques années, il existe beaucoup de controverses sur les liens entre les écrans et la qualité des apprentissages scolaires. Nous commencerons par faire un état des lieux sur les pratiques de lecture et d’écriture chez les enfants et les adolescents et nous tenterons de les mettre en perspective avec les pratiques numériques de ces derniers. L’idée sera de faire une synthèse des résultats de différentes enquêtes et en particulier,de les discuter en considérant le poids des facteurs socio économiques. Par la suite, nous regarderons ce que nous disent les travaux scientifiques sur la lecture et l’écriture avec les écrans. Il s’agira d’analyser avec recul l’échec de la Suède dans l’utilisation des manuels numériques. Si le tout numérique à l’école n’est pas souhaitable, peut-il apporter des bénéfices en termes d’apprentissage scolaire ou contribue-t-il a créer des difficultés scolaires notamment avec le multitasking ? Quelles méthodes pédagogiques peuvent venir en aide aux apprenants soumis à des notions complexes, quelles stratégies d’apprentissage peuvent être mises en place avec les outils numériques pour soutenir les apprenants au cours des apprentissages ?

ls jouent trop aux jeux vidéos, est-ce que c’est mauvais? Par Eric Lambert, professeur des universités, CeRCA, Université de Poitiers. La pratique des jeux vidéo est la première activité de loisir chez les jeunes (96% des jeunes français de 10 à 14 ans déclarent jouer). Il est donc important de s’interroger sur l’effet de cette pratique sur le développement cognitif mais plus généralement sur les apprentissages. Dans le cadre de cette communication seront abordés les intérêts mais aussi les limites des jeux sérieux (serious game) comme outil d’apprentissage et de développement cognitif. Puis, plus largement, nous nous intéresserons au bénéfice de la pratique des jeux vidéo (non sérieux) comme outil de développement voire comme outil d’apprentissage scolaire.

Les stratégies les plus efficaces sont-elles toujours les plus élaborées ? Par Fanny Ollivier, maitresse de conférence en Psychologie cognitive et différentielle, Université d’Angers. Nous sommes tous amenés à choisir des stratégies dans notre vie quotidienne et professionnelle. Au cours de leur cursus scolaire, les enfants et les adolescents acquièrent des connaissances et développent des compétences qui permettent à leurs stratégies d’évoluer. Dès l’école maternelle, les enfants disposent d’un répertoire de stratégies qui va continuellement s’enrichir. Les élèves vont donc régulièrement devoir choisir une stratégie. Mieux comprendre comment se fait le choix d’une stratégie suppose de s’intéresser aux caractéristiques des tâches, des individus, et des stratégies elles-mêmes. A travers l’exemple de l’utilisation des doigts en calcul, nous interrogerons les critères de choix qui conduisent à utiliser une stratégie ou à en changer.

Dans le cadre de cette intervention, il s’agira d’analyser l’effet des pratiques enseignantes sur l’engagement et le bien-être des élèves en classe. Nous examinerons dans un premier temps l’effet de dispositifs d’enseignement et de pratiques pédagogiques sur l’engagement à la lumière de la théorie de l’autodétermination. Le propos portera notamment sur les mécanismes psychologiques de la motivation et de l’engagement, proposera quelques illustrations concrètes, et soulignera les «obstacles» à la mise en oeuvre de telles pratiques. Nous aborderons ensuite la question des compétences psychosociales (CPS), et notamment l’effet des pratiques enseignantes qui visent le développement des CPS des élèves sur leur bien-être et leurs résultats scolaires. Nous développerons les conditions d’efficacité de ces pratiques et soulignerons l’intérêt d’une approche intégrée du développement des CPS dans le cadre scolaire.

Obliger les élèves à apprendre une langue étrangère les met en difficulté scolaire Par Anna Ghimenton, Université Lumière Lyon 2, Laboratoire DDL UMR 5596 L’exposé propose une «déconstruction par étapes» du mythe «Obliger les élèves à apprendre une langue étrangère les met en difficulté scolaire». Dans un premier temps, une caractérisation de différents types de situations d’acquisition et d’apprentissage auxquelles un individu (jeune enfant pour la plupart) pourrait être confronté sera présenté. Ensuite, pour chaque situation, les facteurs pouvant influencer le processus d’apprentissage sous-tendant chaque situation seront mentionnés. Parmi ces facteurs, on compte par exemple la quantité et la qualité du discours adressé à l’enfant, l’âge, le répertoire langagier, la place dans la fratrie etc. Il sera ensuite question d’établir des profils d’individus, bilingues et monolingues, tenant compte de l’ensemble de facteurs de variation discuté. A la lumière de ces profils, une réflexion sur les compétences métacognitives et sur la motivation lors de l’apprentissage des langues vivantes sera engagée. Ainsi, cet exposé propose une «décomposition» du mythe afin de proposer des éléments de réflexion fondés sur des recherches sur l’acquisition des langues. Sur la base de ces éléments, nous discuterons des amalgames fâcheux concernant les processus d’acquisition langagière et d’apprentissage des langues qui peuvent produire des catégorisations problématiques de l’élève qui est, avant tout, un être en cours de socialisation.

Par Sylvain Connac, enseignant-chercheur en sciences de l’éducation, Université Paul Valéry Montpellier Les pédagogies par groupe sont aussi anciennes que remplies de pièges, qui empêchent les élèves d’apprendre. Notre intervention consistera tout d’abord à situer ces pédagogies dans l’ensemble plus vaste de la coopération entre élèves. Cela permettra de distinguer groupe, équipe et atelier. Puis, à partir des écarts repérés entre coopération et collaboration, nous pourrons distinguer travail de groupe et travail en groupe, chacun ayant des caractéristiques propres, inégales en termes d’impact sur des élèves. Cela permettra d’évoquer les quatre grandes dérives des pédagogies de travail par groupe et de présenter une formalisation d’une séance comportant du travail en groupe, à partir de recherches pédagogiques réalisées avec des équipes enseignantes. Cette formalisation permettrait d’envisager le travail en groupe comme potentiellement bénéfique aux élèves, en termes de mobilisation et d’appétence aux apprentissages.

Facile, Intuitif, Naturel: transfert d’apprentissage, la FIN d’un mythe? Par Jérôme Clerc Professeur en psychologie cognitive, LPNC, UGA, directeur du pôle Pégase. Le transfert d’une connaissance apprise dans une première tâche, à une seconde tâche du même type, est souvent considéré comme facile, intuitif, et naturel. Il est un des objectifs ultimes de tout système éducatif, ce qui pourrait expliquer qu’on oublie souvent de questionner la capacité des élèves à transférer. Or, de nombreuses études ont montré que le transfert d’apprentissage peut être échoué. J’introduirai la conférence par quelques éléments de cadrage théorique, permettant de définir le transfert du point de vue des similarités entre tâches, et des processus cognitifs à l’œuvre à la fois dans la tâche principale et dans la tâche de transfert. Je poursuivrai par plusieurs exemples de transfert réussi ou échoué chez des élèves de 1er et 2nd degré, tirés de travaux sur le transfert de stratégies de mémorisation et de stratégies de résolution de problème analogique ou arithmétique. En discussion, je reviendrai sur des facteurs de réussite au transfert et sur la question de l’utilisation du transfert comme outil d’évaluation des acquis des élèves

Intelligences/intelligence : comment la mesurer et quelle pertinence du concept pour l'enseignement Par Jean-Luc Roulin, maître de conférence en psychologie, Université de Savoie Mont-Blanc Les questions autour de l’intelligence, sa définition, sa nature (multiple ou non), sa spécificité sont des questions qui traversent l’histoire de l’éducation. L’objectif de cette présentation, n’est pas de faire l’histoire de ce concept en soulignant les convergences ou divergences des différents courants s’exprimant sur ce sujet en psychologie. Nous nous intéresserons plus particulièrement à la mesure de l’intelligence (Quotient intellectuel) souvent mal comprise et mal connue, dont les limites en font aussi parfois son intérêt. Nous prendrons donc une approche différentielle pour définir l’intelligence et montrer comment ce concept a évolué en rappelant ce qu’est (et ce que n’est pas) aujourd’hui la mesure de l’intelligence. A travers les caractéristiques de cette mesure, nous aborderons aussi le problème de l’universalisme et l’unidimensionnalité ou non de l’intelligence (et/ou du QI). Enfin nous formulerons un point de vue critique sur la nécessité de la mesure, ou plus exactement de l’évaluation de l’intelligence et de son apport pour l’enseignement et l’éducation (qui? pourquoi? quand?).

Le taux de déchiffrabilité des textes, phrases et mots lus par les enfants de début de CP : 100% indispensable, mythe ou réalité ? Par Marie-Line Bosse et Cynthia Boggio, Université Grenoble Alpes Un texte 100% déchiffrable est un matériel pédagogique écrit pour les lecteurs débutants, contenant des mots uniquement composés des correspondances grapho-phonémiques déjà explicitement enseignées. Aujourd'hui, la recommandation aux enseignants de CP est de tendre vers ce taux de déchiffrabilité extrême (guide orange du MEN, 2018). Nous interrogerons les données scientifiques sur le sujet, afin de voir si cette recommandation est scientifiquement fondée. Après une revue de la littérature existante, nous présenterons les résultats de notre étude portant sur cette question, menée auprès de 15 classes à la rentrée 2019. EducLab de Grenoble

Cette conférence discutera de la place et des enjeux autour de l’apprentissage de l’écriture, en tant qu’habileté motrice, au sein des pratiques enseignantes. Il visera à présenter les étapes d’acquisition de l’écriture chez l’enfant au développement typique ainsi que les processus cognitifs sous jacents. Des travaux ciblés sur l’étude des caractéristiques observées sur le plan du geste graphomoteur chez des élèves à besoins éducatifs particuliers seront aussi présentés. Il s’agira ensuite d’échanger autour des intérêts et limites que peuvent revêtir les outils numériques dans le champ de l’écriture.

Le rôle de l’âge dans l’apprentissage d’une langue vivante étrangère éveille beaucoup d’intérêt et suscite de nombreux débats à la fois sur le plan théorique et sur le plan de ses applications pratiques. L’opinion « Le plus tôt c’est le mieux » est très répandue. Cette opinion est souvent renforcée par la demande sociale des parents et relayée par les médias. Dans cette présentation, je propose d’observer dans un premier temps les représentations associées au rôle de l’âge dans l’apprentissage des langues et d’essayer de mieux comprendre leurs origines. Dans un second temps, nous examinerons cette question à la lumière des différents travaux scientifiques dans le domaine en France et à l’international.

Apprendre avec le numérique,mythes et réalités par André Tricot, Professeur des Universités en psychologieet ergonomie, Université Paul-Valéry Montpellier 3 Selon les personnes que l’on écoute, les outils numériques vont sauver l’école en permettant le développement d’une « pédagogie numérique », ou, tout au contraire, il faut laisser ces outils hors de l’école : non seulement ils ne servent à rien mais forment des « crétins digitaux ». Qui croire ? André Tricot propose de faire état des résultats empiriques disponibles aujourd’hui qui montrent que, selon la fonction pédagogique que l’on fait remplir à tel outil numérique, dans telle discipline scolaire, avec tels élèves, on observe des effets différents, des plus positifs aux plus négatifs. André Tricot proposera donc un plaidoyer contre les idées reçues dans le domaine du numérique éducatif.

Episode 1 : Interroger la place de (in)certitudes et des mythes éducatifs dans l’enseignement. Jérôme Clerc, professeur des universités à l’UGA, membre du Laboratoire de Psychologie et NeuroCognition (UMR CNRS 5105) et directeur du pôle Pégase, a présenté le pôle, ses différentes actions et leurs objectifs, avant d’expliciter les objectifs des mercredis de Pégase en s’appuyant sur quelques exemples de mythes bien ancrés comme visuels versus auditifs, «tout se joue avant …», l’effet Mozart ou «on apprend en dormant».