Actualité religieuse dans les médias

Claudine Castelnau

Une revue de presse hebdomadaire, qui rapporte l'essentiel de ce qui se dit et s'écrit en matière de religion et de spiritualité, toutes religions confondues.

Et l’on parle encore et toujours d’avortement aux Etats-Unis. Bien que l’avortement soit illégal désormais dans 13 Etats américains depuis que ce droit constitutionnel qui datait de 1974, le fameux arrêt Roe v. Wade, ait été révoqué par la Cour suprême (par 6 juges conservateurs contre 3 libéraux). Les manifestations continuent, les militants pro-life répétant que le combat n’est pas fini et que l‘objectif désormais est de rendre l’avortement «impensable». Ainsi, en janvier dernier, raconte <strong>Slate </strong>un magazine en ligne <a href="https://www.slate.fr/story/241417/etats-unis-anti-avortement-ivg-sainte-gianna-patronne-catholiques-americains-pro-life-roe-">https://www.slate.fr/story/241417/etats-unis-anti-avortement-ivg-sainte-gianna-patronne-catholiques-americains-pro-life-roe-</a> , plusieurs milliers de militants anti-avortement jusqu’auboutistes étaient rassemblés à Washington. Et on y croisait par exemple, l’acteur Jonathan Roumie, qui joue Jésus dans la série télévisée «chrétienne» <strong>The Chosen</strong>, retraçant la vie du Christ. Mais aussi la fille d’une pédiatre italienne, Gianna Beretta Molla, qui a choisi de mourir d’une infection causée par un fibrome sur son utérus plutôt que d’avorter comme les médecins le lui conseillaient. Sa fille est une égérie des pro-life américains et sa mère, désormais sainte Gianna, a été canonisée en 2004. Un sacrifice maternel choquant et absurde, comme si la vie humaine d’une mère n’était pas plus précieuse que celle d’un fœtuset alors que la doctrine catholique autorise l’avortement lorsque la vie de la mère est en danger ! Sur les sites des associations anti-avortement, relève <strong>Slate</strong>, <strong>«</strong><strong>les histoires tragiques de femmes qui, comme sainte Gianna, ont refusé des soins qui auraient tué leurs fœtus sont présentées comme de formidables exemples avec des titres comme: «Une mère choisit la mort pour sauver son enfant à naître.» </strong>En utilisant sciemment le mot <strong>«enfant»</strong> faux à la place de fœtus, qui frappe plus les esprits! Une nouvelle réalité médicale se met en place, dans les Etats où l’avortement est interdit et les médecins doivent consulter les avocats de l’hôpital pour s’assurer que l’IVG qu’ils veulent pratiquer ne sera pas considérée comme un crime passible de plusieurs années de prison en Louisiane, dans l’Oklaoma, le Missouri ou encore le Texas. Mais n’est pas considéré comme un crime ou tout au moins une violation de l’engagement des médecins ceux qui, à cause de lois scandaleuses, attendent qu’une patiente soit dans un état critique pour intervenir. Et de plus, dans la grande majorité des Etats qui interdisent l’avortement, il n’y a pas d’exceptions lorsqu’il s’git de viol, d’inceste ou d’anomalie du fœtus qui le rend non viable. Santa Gianna, patronne des pro-life américains ? Une drôle de sainte, qui cumule les morts de femmes plutôt que les bienfaits! Et ses dévôts qui en soutenant la nouvelle loi anti avortement préfèrent y ajouter le chagrin qui en découle. °°°°°°°°°°°°°°°°°°°°° Témoin cette histoire en Floride. Deborah et Lee étaient tout heureux de l’enfant qui s’annonçait, le second dans leur foyer. Et pourtant au deux tiers de sa grossesse Deborah a été avertie par son gynécologue que le fœtus qu’elle portait n’était pas viable parce que porteur d’anomalies graves dont l’absence de reins, des poumons sous-développés et l’absence de liquide amniotique et qu’il était destiné à mourir dans les heures qui suivraient sa naissance. Mais quand le couple a demandé une interruption de grossesse, le praticien a fait valoir que la nouvelle législation de Floride, imaginée par des juges de la Cour suprême plus préoccupés de faire triompher leur idéologie pro-life que du bien-être des femmes, lui interdisait de pratiquer un avortement. Et que les médecins de Floride, comme ceux d’autres Etats qui appliquent l’interdiction d’avorter, sont désormais passibles de pénalités financières mais aussi de se voir retirer leur licence et de 5 ans de prison. Et pas question de provoquer l’accouchement avant terme. Voilà pourquoi Deborah et Lee ont attendu encore deux mois dans l’inquiétude et la douleur. Enfin, ils ont dû expliquer à leur fille qu’il n’y aurait pas de frère ou de sœur à venir malgré le ventre arrondi de maman. Ils ont commencé à préparer la crémation de leur enfant à naître et le chagrin s’est installé pour de bon dans leur maison. Et pendant ce temps, le gouverneur conservateur de Floride, Ron DeSantis, que l’on dit être le nouveau Trump se félicitait de la nouvelle législation qui autorise l’avortement en Floride jusqu’à 15 semaines seulement et parlait de le réduire à six semaines en clamant victorieux <strong>«We are pro-life!» </strong> <a href="https://www.washingtonpost.com/health/2023/02/18/florida-abortion-ban-unviable-pregnancy-potter-syndrome/?utm_campaign=wp_news_alert_revere_trending_now&utm_medium=email&utm_source=alert&location=alert">https://www.washingtonpost.com/health/2023/02/18/florida-abortion-ban-unviable-pregnancy-potter-syndrome/?utm_campaign=wp_news_alert_revere_trending_noutm_medium=email&utm_source=alert&location=alert</a> Le 24 février, la vice-présidente Kamala Harris a mis en garde contre une décision que la cour du Texas risquait de prendre concernant l’accès à une pilule abortive, à la demande d’une association chrétienne <strong>Alliance Defending Freedom</strong> (l’Alliance pour la défense de la liberté) qui représente entre autres des organisations médicales anti-avortement. <strong>«C’est une attaque contre la liberté fondamentale d’accès aux soins de santé»,</strong> a déclaré la vice-présidente américaine, lors d’une rencontre avec des défenseurs des droits à l’avortement. En question, le Mifepristone, autorisé par la Food and Drug Administration il y a plus de 20 ans, qui bloque la production d’hormones nécessaires à une grossesse et produit un avortement jusqu’à 10 semaines de grossesse. <strong>«Ce n’est pas une attaque contre les libertés fondamentales des femmes, c’est une attaque contre le fondement de notre système de santé public»</strong>, a déclaré Kamala Harris. Si le juge chargé de l’affaire décide en faveur de l’Alliance Defending Freedom, la Food and Drug Administration sera obligée de revoir son autorisation de mise sur le marché du Mifepristone. Et ce médicament serait aussi indisponible dans les Etats qui n’ont pas de lois aussi restrictives concernant l’avortement. Une nouvelle attaque contre la liberté des femmes .<a href="https://thehill.com/policy/healthcare/3872994-harris-says-challenge-to-abortion-pills-an-attack-on-science-and-public-health/">https://thehill.com/policy/healthcare/3872994-harris-says-challenge-to-abortion-pills-an-attack-on-science-and-public-health/</a> °°°°°°°°°°°°°°° <strong>Le Monde des Religions</strong> a publié le week-end dernier un article sur le patriarche orthodoxe Kirill. La spécialiste des questions religieuses dans la Russie post-soviétique, Kathy Rousselet, tente d’analyser la position du patriarche orthodoxe vis-à-vis du Kremlin depuis le début de la guerre en Ukraine et le discours toujours plus anti-occidental de l’Eglise russe. Avec une question: <strong>«Pourquoi le discours du patriarche s’est-il radicalisé au fil des mois.» </strong>Une évolution évidente entre sa réaction lors de l’invasion de l’Ukraine en février 2022 où il parle de du <strong>«rétablissement le plus rapide de la paix»</strong> et ses attaques quelques jours plus tard contre les valeurs libérales, l’homosexualité, l’Occident dépravé et une dimension patriotique fortement militarisée. Jusqu’à dire que «les soldats russes qui mourront dans la guerre en Ukraine seront lavés de tous les péchés.» Est-ce un alignement sur la stratégie de Poutine ou le résultat d’une radicalisation interne d’une partie de l’Eglise russe et de nombre de ses dignitaires? Quels sont les liens entre Poutine et Kirill? Réponse de la chercheuse: «Kirill et Vladimir Poutine partagent en effet la même représentation du monde. Ils considèrent l’un comme l’autre que l’effondrement de l’Union soviétique est une catastrophe géopolitique. Kirill défend, notamment contre le patriarcat de Constantinople [primus inter pares] ce qu’il considère être son territoire canonique, dont fait très largement partie l’ancienne Union soviétique. Le président russe, lui, a cherché à maintenir son influence sur la région. Kiril est connu pour être moins un religieux qu’un politique […] C’est sans doute ce qui lui a permis de devenir patriarche.». Un patriarche qui a été au service du KGB alors qu’il représentait son Eglise au Conseil des Eglises à Genève, un homme qui aime la richesse … Et que représente cette Eglise orthodoxe dans la société russe aujourd’hui? Réponse de Kathy Rousselet: « Il faut, bien sûr, distinguer l’appartenance à l’Eglise orthodoxe, qui est une façon d’exprimer son identité nationale russe, et la pratique religieuse […] le pourcentage des personnes qui se déclarent orthodoxes a baissé de 9% depuis 2009. Quant à la pratique, un sondage datant d’avril2022 montre qu’elle reste faible: environ 9% des personnes interrogées vont au moins une fois par mois à un office religieux, 43% n’y vont jamais. D’après le même sondage, 30% se disent <em>«pas très religieux»</em> et 16% <em>«pas du tout»</em>. Et dans une enquête de 2021 d’un autre institut de sondage sur les <strong>«personnes faisant autorité»,</strong> Kirill n’est même pas mentionné! Et en Occident, des prêtres du patriarcat de Moscou n’hésitent pas à se déclarer contre la guerre et dans certaines églises orthodoxes, on ne commémore plus le patriarche Kirill… qui a perdu deux Eglises orthodoxes en Ukraine qui dépendaient du patriarcat de Moscou ont déclaré leur indépendance, un échec majeur pour Poutine et Kirill. °°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°° Enfin, une chronique d’un pasteur Suisse : Il écrivait: «Le carnaval de Bâle a débuté à 4 heures ce matin. Quoi, en plein carême ? Évidemment! Comment ça « évidemment?» « Tout le monde sait que le carnaval se termine à mardi gras. Avec le mercredi des cendres, c’est le carême qui commence. C’est ce qu’indique le calendrier catholique. Mais rien n’oblige à le suivre. En 1529, Bâle est devenue une ville protestante. Et alors ? Alors, quel meilleur moyen d’affirmer sa nouvelle identité que de fêter, de manger gras et de boire beaucoup au moment même où le catholicisme réclame de faire pénitence et de faire maigre. Ce n’est pas pour dire, mais cette volonté de se démarquer est un peu enfantine. Peut-être. Mais si ça fait du bien aux uns sans faire de mal aux autres, je prends. °°°°°°°°°°°°°°°°°°°      
Pour la première fois cette année, l’Irlande a décidé d’un jour férié dédié à une femme, la déesse celtique, sainte chrétienne et icône féministe, Brigitte, raconte la correspondante de Libération. Dans le calendrier irlandais, le 1 février est le jour d’Imbolc, première célébration celtique de l’année qui marque le temps du renouveau et de la croissance (c’est la période de l’agnelage et les brebis commencent à allaiter leurs petits… Le mot Imbolc signifierait aussi lactation mais aussi purification… » C’était une fête de sortie d'hiver au cours de laquelle on célébrait la déesse celte Brigit, ou Brighid : on l'invitait à entrer dans la maison afin de la purifier et de la protéger jusqu'à la prochaine fête d'Imbolc. Elle a été christianisée en la remplaçant par la chandeleur (le 2 février) et la « fête de (sainte) Brigitte ». En Europe, une survivance de cette fête christianisée serait la Chandeleur, la fête correspondant à la présentation de Jésus au Temple, selon la coutume juive. En Irlande, Brigitte est partout : puits, églises, clubs de football gaélique ou écoles se parent de son nom. Mais qui est vraiment Brigitte ? La question divise et deux histoires se confondent : celle d’une déesse préchrétienne et celle d’une sainte du VIe siècle, née en 451morte un 1er février. Pendant féminin de saint Patrick, Brigitte fut érigée en modèle pour les Irlandaises pieuses, au XIXe siècle et fêtée le 1er février. Brigitte, c’est aussi la patronne de l’Irlande au même titre que Saint-Patrick et Saint- Colomba, sur l’île d’Iona au nord de l’Écosse, deux saints évangélisateurs. Sainte Brigitte a elle a fondé le monastère de Kildare, au sud-ouest de Dublin, Mais quand Patrick est célébré avec un certain vacarme chaque 17 mars, Brigitte est devenue le modèle de femmes qui tentent de se réapproprier l’histoire irlandaise et de faire sortir de l’ombre des modèles alternatifs. Il faut y voir le symbole d’un pays en profonde mutation. «L’Irlande d’aujourd’hui est très différente de celle d’il y a dix ans», explique la responsable d’une association qui milite pour l’égalité homme-femme dans le domaine culturel.. Si le pouvoir de l’Église catholique a commencé à décliner dès la décennie 1990, les dernières années ont marqué une accélération de la transition. Enquête après enquête, le voile est progressivement levé sur les abus commis par les ordres religieux, dont les victimes attendent encore des réparations. Mais la République d’Irlande a aussi, ces dernières années, légalisé le mariage pour tous et décriminalisé l’avortement, une véritable révolution. En ajoutant ses actions charitables et son ancrage dans la nature, Brigitte devient une figure de proue idéale des féministes et écologistes en quête de justice sociale […] Une icône du « renouveau et de la dissidence par rapport à l’institution. » °°°°°°°°°°°°°°°°°°°° Nancy Pelosi, qui a présidé la chambre des représentants du Congrès américain jusqu’à récemment avait été interdite de communion par son archevêque de San Francisco parce qu’elle soutenait l’IVG., interdit par l’Église catholique. Cette fois-ci, c’est l’archevêque de Denver, connu pour ses positions d’extrême-droite et son soutien aux thérapies de conversion des homosexuels (interdites en France) qui a interdit la communion aux catholiques pro-LGBTQ qui osent porter un masque arc-en-ciel emblème du mouvement homosexuel. Pourquoi ce masque ? En signe de défense de Maggie Barton, la professeur de technologie d’une école catholique du Colorado licenciée parce qu’elle est dans une relation homosexuelle. Son renvoi a suscité une importante protestation des parents de cette école et ils ont réuni des dizaines de milliers de dollars pour qu’elle puisse payer ses frais de justice. Des paroissiens catholiques de la ville de Denver ont aussi décidé de porter un masque arc-en-ciel à la messe pour témoigner en silence de leur soutien à la professeur mais le prêtre qui officiait leur a fait signe de sortir. Comme l’écrit le révérend Nathan, de l’association Faithful in America : « Il est toujours condamnable de punir quelqu’un pour une question d’amour et personne ne devrait se voir refusé l’Eucharistie parce que le prêtre à un problème personnel avec le choix de vie de la personne.», faisant totalement abstraction des règles en vigueur dans l’Eglise catholique au sujet de l’homosexualité qu’elle interdit… °°°°°°°°°°°°°°°°°° Il aura fallu trois ans de travaux de fidèles bénévoles et d’artisans durant 36 mois pour que la mosquée Annour, ou mosquée de la Lumière, soit reconstruite, remplaçant une vieille mosquée exiguë au centre de Montpellier. Elle a été inaugurée le 15 février dernier en présence du recteur Chems-Eddine Hafiz de la Grande Mosquée de Paris à laquelle elle est rattachée. Et ce lieu de culte, qui peut accueillir quelque 600 fidèles dans plusieurs salles de prière, dont une pour les femmes, sera géré par l’association musulmane des habous de Montpellier proche des harkis algériens. Mais chose remarquable, ce sont les fidèles musulmans de Montpellier qui ont financé de projet de trois millions (dont 1,8 million de dons des fidèles), sans subvention ni interférences d’un pays musulman étranger, ce qui fait la fierté des fidèles et devrait leur assurer l’indépendance, comme le souligne un membre de la communauté. « Nous voulons être ouverts aux autres. Nous sommes des musulmans français, une communauté soudée, mais ce lieu est à tout le monde » proclame Mohamed Amar, le responsable de la mosquée. Qu’est-ce qu’un « habou », cette institution de droit musulman ? L’encyclopédie en ligne Wikipedia donne une explication : « On raconte dans un hadîth [une parole que la tradition attribue à Mahomet] qu'un musulman pieux aurait demandé au prophète Mahomet ce qu'il pouvait faire de sa terre pour être agréable à Allah. Le prophète lui aurait répondu ceci : « Immobilise-la de façon à ce qu'elle ne puisse être ni vendue, ni donnée, ni transmise en héritage et distribues-en les revenus aux pauvres ». Omar suivit ce conseil et déclara que la terre dont il s'agit ne pourrait faire l'objet, à l'avenir, ni d'une vente ni d'une donation. Elle ne pourrait pas être transmise non plus en héritage et ses revenus seraient employés à secourir les pauvres, les voyageurs et les hôtes. » °°°°°°°°°°°°°°°°°°° On a appris la semaine passée que l’ancien président des États-Unis, Jimmy Carter, qui a 98 ans ans, avait choisi de passer ses derniers jours chez lui en soins palliatifs à Plains en Georgie où il est né et où il a passé une bonne partie de sa vie comme « peanut farmer », agriculteur spécialisé dans la culture de l’arachide, plutôt que d’être en soins intensifs à l’hôpital. Jason Carter leur petit-fils a publié un communiqué disant : « J’ai vu mes deux grands-parents [Jimmy et Rosalynn sa femme sont mariés depuis 76 ans]. Ils sont en paix et, comme toujours leur maison est pleine d’amour. » Mais Jimmy Carter n’a pas été qu’un agriculteur, il a aussi été gouverneur de Georgie et durant 4 ans (de 1977 à 1981) Président démocrate des Etats-Unis, durant une période politiquement et économiquement difficile pour le pays. Il restera, au long des année passées, celui qui a inlassablement cherché la paix dans les conflits internationaux et à promouvoir la démocratie et les droits de l’homme. Lorsqu’il reçu le Prix Nobel de la Paix, en 2002, lors d’une cérémonie à Oslo, un membre du comité Nobel le présenta ainsi : « Jimmy Carter ne restera probablement pas dans l’histoire des Etats-Unis comme le Président le plus efficace. Mais il est certainement le meilleur ex-président que l’Amérique ait jamais eu. » Mais surtout, comme le relève nombre d’articles, « Jimmy Carter a mené une vie simple et modeste, ce qui est rare, en comparaison avec ses successeurs à la présidence. » Il a toujours refusé d’être membre de conseils d’administration ou de faire des conférences financièrement lucratives et décidé que ses revenus viendraient de ses livres. Et, par exemple, il a aidé financièrement l’association Habitat for Humanity, une organisation internationale, œcuménique chrétienne, non gouvernementale a rénover 4300 logements. On retiendra aussi de Jimmy Carter, sa foi et son engagement dans son Église baptiste. Il fut durant 50 ans moniteur d’école du dimanche dans sa paroisse baptiste de Plains. Il avait aussi quitté avec fracas la Convention baptiste du Sud, la plus importante Église protestante des « États-Unis en dénonçant sa « rigidité théologique ». Avec d’autres baptistes du Sud, du Texas, Jimmy Carter avait publiquement protesté contre les initiatives de plus en plus conservatrices prises ces dernières années par la Convention baptiste du Sud, entre autres les déclarations conseillant aux femmes mariées de « se soumettre gracieusement » à leur mari. Ou encore la condamnation de l’homosexualité et le refus d’ordonner des pasteurs homosexuels. Une lecture littérale des textes bibliques confinant à l’absurde ! La Convention baptiste du Sud n’avait pas connu pareilles difficultés depuis qu’au 19e siècle les baptistes du Nord et du Sud s’étaient séparés sur la question de l’esclavage. Et le racisme dans ces Églises avaient provoqué la création d’Églises noires dans le Sud. Mais cette déclaration publique et courageuse de Jimmy Carter, avait focalisé toute l’attention, en partie parce que l’ancien président a une image d’homme intègre et digne et que sa foi a toujours été rayonnante.
Antisémitisme de la diplomatie russe Le Monde https://www.lemonde.fr/un-si-proche-orient/article/2023/01/29/la-tentation-antisemite-de-la-diplomatie-russe_6159708_6116995.html a publié le 29 janvier un article de l’historien Jean-Pierre Filiu, spécialiste bien connu du Moyen-Orient sur « la tentation antisémite de la diplomatie russe. » Et plus précisément sur le ministre des affaires étrangères de Poutine, Serguei Lavrov, qui selon Filiu « multiplie les comparaisons nauséabondes entre Hitler et Zelensky, voire entre les nazis et les démocraties occidentales, au nom de leur soutien à l’Ukraine. » Bien connu à l’international, au plus haut niveau, ce diplomate chevronné en poste depuis longtemps au point qu’on a pu le surnommer « le Talleyrand de la diplomatie russe », sa sortie sur les opposants à l’invasion russe de l’Ukraine en les comparant à Hitler et aux nazis et la gravité de ses clichés antisémites ont provoqué un choc. Ainsi, rappelle Filiu, Lavrov n’a cessé de marteler sur la scène internationale que l’invasion de la Russie visait à « dénazifier » ce pays et à sauver la population russophone d’un « génocide » reprenant « les formules provocatrices » de Poutine pour justifier son invasion. Jean-Pierre Filiu rappelle encore qu’en mai 2022, Serguei Lavrov interrogé par une télévision italienne sur les origines juives du président Zelensky retorque : « Et alors, si Zelensky est juif ? Cela ne change rien à la présence d’éléments nazis en Ukraine. Il me semble qu’Hitler avait aussi du sang juif. » Et d’ajouter, « certains des pires antisémites sont juifs ». « Le chef de la diplomatie russe reprend ainsi une fable conspirationniste en vogue dans les cercles négationnistes, fable qui, comme de coutume, continue de se diffuser malgré les démentis catégoriques de la recherche historique. » Des déclarations accueillies fort mal en Israël et qualifiées de « délirantes et dangereuses » ou encore de « propos scandaleux, impardonnables et d’horrible erreur historique » par un ministre israélien et qui ont valu à l’ambassadeur de Russie en Israël d’être convoqué pour s’expliquer. L’ardeur de Serguei Lavrov n’en n’a pas été refroidie pour autant et un communiqué de son ministère accuse le gouvernement d’Israël de « soutenir le régime néonazi de Kiev. L’histoire connaît malheureusement des exemples de collaboration entre nazis et juifs. » Affirmant que « l’Ukraine, soit dit en passant, n’est pas la seule dans ce cas », les affaires étrangères russes accusent cette fois le président de Lettonie (un État balte) d’avoir des sympathies nazies, en dépit de ses origines juives. Tandis que les démocraties occidentales soutenant l’Ukraine sont visées par Lavrov : « Tout comme Hitler a mobilisé et conquis la plupart des pays européens pour les lancer contre l’Union soviétique, aujourd’hui les États-Unis ont monté une coalition » dont l’objectif serait le même, la « solution finale à la question russe. Tout comme Hitler voulait résoudre la question juive, désormais les dirigeants occidentaux disent sans ambiguïté que la Russie doit subir une défaite stratégique ». On a pu être indigné devant cette instrumentalisation de la Shoah, ou par l’absurdité des propos de Lavrov, mais Jean-Pierre Filiu nous met en garde : « Les provocations du ministre des affaires étrangères russe doivent pourtant être prises très au sérieux, tant elles sont révélatrices de la paranoïa complotiste qui règne au sommet du pouvoir à Moscou. Elles s’inscrivent en outre dans un contexte de harcèlement d’Etat à l’encontre des institutions juives de Russie. Déjà, le grand rabbin de Moscou, Pinhas Goldschmidt, a été contraint de se réfugier en Israël pour avoir refusé de soutenir l’invasion de l’Ukraine, invasion qu’il qualifiait au contraire de « catastrophe pour la Russie et pour les juifs russes ». Et en juillet 2022, l’Agence juive qui s’occupe entre autres de l’Alyah (retour en Israël) des juifs dans le monde a été menacée d’être fermée par le ministère russe de la justice. « Face à un tel acharnement, sans précédent depuis la chute de l’URSS, les déclarations du ministre Serguei Lavrov résonnent de manière sinistre à l’intérieur comme à l’extérieur de la Russie », nous avertit Jean-Pierre Filiu. Et à propos du grand rabbin de Moscou, le Monde du 16 juillet dernier https://www.lemonde.fr/international/article/2022/07/16/guerre-en-ukraine-le-grand-rabbin-de-moscou-sonne-l-alarme_6134988_3210.html racontait comment Pinchas Goldschmidt avait dû fuir la Russie peu après le déclenchement de la guerre contre l’Ukraine et se réfugier à Jérusalem. La raison : les autorités russes avaient exigé que cet influent rabbin soutienne publiquement « l’opération militaire spéciale », en clair l’attaque de l’Ukraine. Et le rabbin n’a pas cédé. Il a donc fui Moscou pour Israël, avec sa femme, sous un faux prétexte alors qu’il avait contribué à la renaissance de la vie juive après la dissolution de l’URSS. Et il a accepté de démissionner de son poste de grand rabbin de Moscou. Et selon lui, des milliers de juifs russes « ont quitté le pays, craignant une résurgence de l’antisémitisme d’État qui existait à l’époque tsariste et soviétique ». •••••••••• Et Kirill 2 ! La situation économique est difficile en Russie et la crainte des juifs russes d’être mobilisés pour la guerre en Ukraine. Mais d’autres leaders religieux, comme Kirill 2, le patriarche de l’Église orthodoxe russe et un fervent soutien de Poutine, appuient publiquement la guerre en Ukraine. Pour Kirill 2, la guerre a comme but « de vaincre des forces extérieures et hostiles ». Il parle aussi régulièrement des « forces du mal [ou des esprits du mal] qui veulent détruire l’unité avec l’Ukraine ». Au tout début de la guerre menée par Poutine contre l’Ukraine, le patriarche avait réagi en accusant ces « esprits du mal » qui se seraient « ligués » pour « faire en sorte qu’un gouffre » « un schisme » même sépare les orthodoxes de Russie de ceux d’Ukraine. Il devrait plutôt s’en prendre à sa politique qui a amenés l’Église orthodoxe ukrainienne a revendiqué son « autonomie » comme conséquence du soutien inconditionnel du patriarche à Poutine. Cette indépendance revendiquée de l’Église orthodoxe ukrainienne est un coup dur pour Kirill et l’Église orthodoxe de Russie qui puisait en Ukraine une partie de ses forces vives, fidèles et prêtres. Quant au mufti suprême de Russie, Talgat Tadjouddine, a poussé le zèle jusqu’à prier pour que « l’opération spéciale en Ukraine soit parachevée (…), pour qu’il ne reste ni fascistes ni parasites à côté de nous, car il ne nous resterait pas assez de dichlorvos [un insecticide très puissant], selon le correspondant du Monde. °°°°°°°°°°°°°°°°°° Le Moyen-Orient est encore entré en éruption la semaine passée. Et l’on craint à nouveau un engrenage de la violence entre Israéliens et palestiniens : attentats perpétrés à Jérusalem-Est cotre des israéliens avec sept morts près d’une synagogue, deux Israéliens blessés dans la vieille ville, des attaques qui faisaient suite à un raid militaire israélien meurtrier en Cisjordanie occupée auxquels Gaza avait répondu par des tirs de roquettes vers Israël tandis qu’un Palestinien était tué dimanche par des gardes israéliens en Cisjordanie occupée… Larmes, désolation, vengeance au programme…
Amende pour Donald Trump Et si l’on reparlait encore de Donald Trump ? Il vient d’être condamné solidairement avec son avocate, à une lourde amende (937.000 dollars) pour couvrir les frais de justice de la partie adverse. Il avait intenté un procès à Hillary Clinton, la candidate démocrate qui se présentait contre lui aux élections présidentielles de 2016, en l’accusant d’avoir triché lors de la campagne électorale en prétendant qu’il bénéficiait du soutien de la Russie. Le juge a estimé que Trump avait commis « une utilisation « futile des tribunaux afin de faire avancer de façon malhonnête un récit politique. » A cela s’ajoute des tensions avec le monde évangélique. Ainsi, on se souvient qu’à Miami, en Floride, il avait participé le 3 janvier dernier 2020 à un rallye « Evangelicals for Trump » organisé à la hâte après un éditorial très négatif publié dans le mensuel évangélique Christianity Today qui l’appelait tout simplement à démissionner. Les tensions entre Donald Trump et les leaders évangéliques ont influencé l’opinion publique et sont une menace potentielle contre ses chances d’être élu en 2024. Donald Trump a ainsi parlé cette semaine, lors d’une interview, des « signes de déloyauté » envers lui des leaders évangéliques qui doivent encore se décider à soutenir ou non sa campagne présidentielle. Ce qui révèle en fait que ces leaders évangéliques semblent prendre leurs distances avec lui. « Une situation inconfortable que vont vivre ces responsables évangéliques durant les mois à venir », écrit The Hill [un site d’information politique américain], le 3 janvier. Ils auront à répondre à la question : « Êtes-vous pour Trump ou non ? » Et dans ce monde évangélique, Donald Trump a un fort rival potentiel en la personne de l’ex-vice-président Mike Pence, un véritable évangélique, contrairement à l’opportuniste Trump, si il décide de se présenter. Les protestants évangéliques blancs américains ont joué un rôle important dans la coalition qui soutenait Trump lors des élections précédentes et selon le Pew Research Center, un centre de sondage d’opinion américain, 77 % de ces protestants évangéliques blancs ont voté pour Trump en 2016 et 84 % en 2020. Ce vote conservateur a été attiré par les déclarations de Trump contre l’avortement et l’immigration et sa nomination de trois juges très conservateurs à la Cour Suprême a largement aidé à supprimer la loi fédérale Roe v. Wade en faveur de la liberté d’avorter, l’une des promesses de campagne du candidat Trump, rappelle The Hill. « Mais, explique un pasteur évangélique connu, Trump lui-même ne comprend pas que les évangéliques non jamais attendu que leurs autorités leur disent pour qui voter. » Et pour l’instant, les experts politiques donnent plutôt Donald Trump gagnant du côté des Républicains. Même si les sondages sont moins bons qu’en 2016. https://thehill.com/homenews/campaign/3821714-tensions-with-evangelicals-threaten-trump-white-house-bid/?utm_source=Sailthru&utm_medium=email&utm_campaign=Saturday%20tipsheet °°°°°°°°°°°°°°°°°°°°° Mike Pence et l’I.V.G. Mike Pence l’ancien vice-président de Trump poursuit lui sa campagne contre l’avortement avec obsession. Dans une récente interview, il a déclaré que la nomination de trois juges ultra conservateurs qui ont pesé de tout leur poids pour renverser la loi Roe v. Wade garantissant l’accès à l’avortement au niveau fédéral l’été dernier, était « le grand succès » de l’administration Trump. Pence depuis longtemps un fervent promoteur de l’interdiction d’avorter serait un élément-clé de sa campagne électorale pour les conservateurs et les évangéliques s’il se présentait aux présidentielles. « Mais, relève The Hill https://thehill.com/homenews/campaign/3810400-pence-says-gop-candidates-must-stake-out-clear-abortion-position/ qu’il se présente ou pas, l’avortement devrait jouer un rôle majeur dans la course présidentielle de 2024. Et Pence insiste sur le besoin du parti républicain d’adouber des candidats qui défendent avec vigueur l’option zéro avortement. Des gens qui disent clairement qu’ils sont pour le droit à la vie, » dit-il Ce qui risque de valoir de séreux affrontements et beaucoup de détresse chez les femmes dans les mois à venir ! °°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°° Deux chefs-d’œuvre islamiques interdits Renvoyer une professeure d’université parce qu’elle a montré en cours deux gravures anciennes représentant Mahomet et considérées comme des chef-d’œuvre de l’art islamique… La décision a provoqué un tollé chez les défenseurs de la liberté d’expression et la presse américaine s’est emparée de l’histoire. La professeure est assistante en histoire de l’art dans une université privée du Minnesota, un État à la frontière avec le Canada. L’enseignante en question avait pourtant pris soin d’avertir à l’avance les étudiants en sachant que pour de nombreux musulmans il est considéré comme blasphématoire de montrer une représentation du visage supposé de Mahomet. Elle laissait ainsi aux étudiants la liberté de ne pas assister à son cours. Et de plus elle avait tenu à décrire ces gravures avant de les montrer, en mentionnant leur « caractère controversé » et le fait qu’en Islam, si la représentation de personnages sacrés est interdite dans certaines communauté islamiques « le monde musulman n’est pas monolithique. » Et qu’à certaines époques, comme au Moyen-Age, on pouvait représenter Mahomet et que l’une de ces gravures, datant du 14e siècle en était bien la preuve. Les précautions de l’enseignante n’ont pas suffit et le président de l’Association des étudiants musulmans a porté plainte arguant de l’irrespect affiché et de l’image dégradante. Le doyen de l’université a même osé parler de la décision d’étudier les images de Mahomet comme « indéniablement inconsidérée, irrespectueuse et islamophobe » et que « le respect des étudiants musulmans aurait dû primer sur la liberté académique. » La presse américaine a comparé cette polémique avec l‘attentat contre Charlie Hebdo qui avait publié des caricatures de Mahomet (ce qui est juste la démarche contraire à celle de l’enseignante américaine !) Les pétitions et articles en soutien à l’enseignante se multiplient, y compris d’un professeur de religion et culture islamique de Harvard qui parle d’un « manque de connaissance de la religion musulmane. » Mais rien n’y a fait. °°°°°°°°°°°°°°°°°°°°° Plus de Grand Jour de prière au Danemark Le gouvernement danois avait espérer lever des fonds pour financer la hausse des dépenses militaires en supprimant « le grand jour de la prière » qui est férié. Un peu comme Jean-Pierre Raffarin alors premier ministre avait eu l’idée en 2005 de financer la solidarité avec les personnes âgées en transformant le lundi de Pentecôte alors chômé en journée de travail non payée et récupérée par une taxe de l’État sur la masse salariale de l’entreprise. Devant la « pagaille » suscitée par la mesure fort mal reçue, le lundi de Pentecôte est redevenu un jour férié. La pagaille menace de même le royaume de Danemark : pas question d’abandonner ce « Grand jour de prière », institué en 1686 par l’évêque luthérien danois Hans Bagger de Roskilde (ancienne capitale du Danemark) le 4e vendredi (après Pâques). Ce jour-là, toute activité était interdite afin de se consacrer exclusivement au recueillement et à des occupations spirituelles. Si aujourd’hui le Danemark connait un important phénomène de sécularisation avec une pratique de plus en plus faible. « Il s’agit d’un protestantisme de culture plutôt que de pratique », explique un sociologue des religions. Mais le luthéranisme est toujours la religion d’État au Danemark, depuis la réforme de Martin Luther, une réforme protestante qui incite l’individu à se prendre en charge, à être personnellement responsable. Et aujourd’hui, la révolte gronde depuis que le projet de supprimer le Grand Jour de prière ! Et les neuf partis d’opposition, de l’extrême-gauche à l’extrême-droite ont annoncé le 17 janvier qu’ils refusaient de participer à un accord sur la politique de défense si le gouvernement ne renonçait pas à son funeste projet de suppression du Grand Jour de prière. Et la principale centrale syndicale du Danemark avec 1,3 millions d’adhérents (sur 5,8 millions d’habitants) à lancé une pétition en ligne : « La vie ne se limite pas au travail et aux feuilles de calcul. Le grand jour de prière est notre jour de congé commun, où nous pouvons nous détendre ou être avec notre famille et nos amis. Cela doit le rester à l’avenir au Danemark. » Quant à l’Église luthérienne, Église officielle du Danemark, elle ne décolère pas non plus : les dix évêques luthériens du pays font part de « leur étonnement et de leur tristesse » dans une lettre au ministre des cultes et dénoncent une « rupture dans les relations de confiance entre l’Église et l’État. » Enfin les évêques ont aussi rappelé que le store bededag est propice aussi aux confirmations avec le retour des beaux jours. C’était déjà l’un des arguments des évêques français pour le lundi de Pentecôte… https://www.lemonde.fr/economie/article/2023/01/18/au-danemark-levee-de-boucliers-contre-la-suppression-du-grand-jour-de-la-priere_6158321_3234.html
Le cessez-le-feu annoncé par Vladimir Poutine n’est jamais advenu. Une trêve unilatérale, annoncée par le maître du Kremlin la semaine passée, sans concertation, et qui devait courir du vendredi 6 janvier à midi jusqu’à minuit le samedi 7 janvier, afin que les chrétiens orthodoxes d’Ukraine et de Russie puissent célébrer Noël. L’Ukraine a rejeté presque immédiatement la proposition russe et la guerre a continué dans la partie est du Donbass et ailleurs en Ukraine. Comme le constate un soldat ukrainien au milieu du fracas de l’artillerie russe : « Nous n’avons pas réellement constaté le cessez-le-feu annoncé, sur la ligne de front. Tout est en ruine, des civils meurent, des soldats sont tués, notre peuple est en train de mourir. » Et un civil ajoute : « Vous ne souhaiteriez pas cette situation à votre pire ennemi, mais nous avons fêté Noël comme d’habitude. Nous avons eu un sapin avec des décorations. Mais c’était dans la cave. » °°°°°°°°°°°°°° « En Ukraine, un Noël orthodoxe en rupture avec l’Eglise russe », titre le site de RFI. Le métropolite Epiphane, préside l’Eglise orthodoxe d’Ukraine, une Eglise qui a rompu ses liens avec le patriarche Kirill de Moscou auquel elle était rattachée avant la guerre avec la Russie. La liturgie de Noël de cette Eglise orthodoxe d’Ukraine avait lieu le 7 janvier dans la cathédrale de la Laure de la Dormition des Grottes de Kiev (une Laure est un monastère et la Laure de Kiev est le plus vieux monastère masculin d’Ukraine) et les Ukrainiens y sont venus en nombre, malgré le froid glacial, pour cette fête de Noël, dans des locaux autrefois sous l’autorité du patriarcat de Moscou. « C’est un jour historique pour l’Ukraine. C’est la première fois que le métropolite Épiphane présidera l’office, explique Volodymyr, un paroissien. Voilà pourquoi je voulais être là, je suis venu à Kiev exprès pour ça. » Il y a quelques jours encore, les lieux étaient perquisitionnés par les autorités ukrainiennes qui soupçonnaient l’Eglise orthodoxe affiliée à Moscou, qui tenait le lieu, d’activités subversives. En ce jour de Noël orthodoxe, le 7 janvier, le primat de l’Église indépendante d’Ukraine, le métropolite Épiphane préside pour la première fois cette cérémonie. Et c’est une petite révolution pour cette Eglise orthodoxe ukrainienne désormais indépendante de Moscou, une Eglise qui prônait depuis des années la rupture totale avec la Russie. Et Ania, une autre paroissienne, est ravie de pouvoir enfin revenir. « D’habitude, je me rendais à un autre monastère. Je ne venais plus ici depuis que le Patriarcat de Moscou s’était imposé. Ses membres nous insultent lorsqu’ils nous voient sortir d’une de nos églises [ukrainiennes indépendantes], ils nous traitent d’antéchrist. » Quant à Oleksandre, il s’émerveille des décors sublimes qu’il se réapproprie : « Cette église est ukrainienne, elle a été construite par nos princes de Kiev au début du XIe siècle. À l’époque, Moscou n’existait même pas. » Les journalistes de RFI remarquent aussi que « les fidèles sont plongés dans un recueillement teinté de fierté nationale en entendant pour la première fois le service religieux en ukrainien. » °°°°°°°°°°°°°°°° Alors célébrer Noël selon le calendrier julien, comme en Russie (et dans le monde du christianisme oriental) ou se mettre à l’heure du christianisme européen et fêter Noël le 25 décembre ? La question a agité les familles mais rompre avec Moscou était essentiel pour certains Ukraniens. Comme Dalyna, citée par les journalistes de RFI : « On se bat sur un autre front., dit-elle. Celui de la tradition, de la religion. Avant, ça nous était égal de savoir si une chose venait d’Ukraine, de Moscou, on suivait la tradition. Mais pour moi, ça a de l’importance maintenant. Je ne veux pas soutenir une Église [l’Eglise orthodoxe russe et son patriarche KIrill] qui a incité à la guerre contre mon pays. Voilà pourquoi je soutiens notre Église orthodoxe locale. » Voilà aussi pourquoi, tout en prônant une rupture violente avec Moscou, cette famille ukrainienne continuera à faire le grand écart et fêtera Noël comme les Russes et le monde orthodoxe le 7 janvier. Et voilà pourquoi Dalyna a assisté, le 7 janvier, à la première liturgie en ukrainien dans la cathédrale de la Dormition de la Laure des Grottes de Kiev dont le ministère ukrainien de la culture a refusé de renouveler le bail qui permettait au Patriarcat de Moscou d’y être hébergé, en terre ukrainienne et au Kremlin de chercher à garder son autorité sur Kiev, ville où la Russie historique serait née il y a 1000 ans, comme l’affirment de nombreux Russes… C’est ce qu’explique un spécialiste du fait religieux auprès du gouvernement ukrainien au correspondant de RFI à Kiev : « En Ukraine, nous avons notre propre Église orthodoxe. L'Église orthodoxe d’Ukraine dite «autocéphale». Elle a rompu avec Moscou. Et c'est très important. Toute l'histoire de l'Église orthodoxe d'Ukraine est à mettre en parallèle avec l'histoire de notre lutte pour l'indépendance. On se bat pour l'indépendance de notre pays et en même temps pour celle de notre Église. Et cela continue avec cette guerre. Quant au pouvoir à Moscou, il a toujours utilisé l'Église pour sa propagande. Sous l'Union soviétique, le pouvoir persécutait l'Église en Russie mais utilisait ses représentants pour sa propagande dans d'autres pays. La nouvelle Église orthodoxe d'Ukraine dirigée par le métropolite Épiphane est officiellement reconnue par le Patriarcat œcuménique de Constantinople [primus interpares du monde orthodoxe] et plusieurs autres Églises orthodoxes à l'étranger. » https://www.rfi.fr/fr/europe/20230107-en-ukraine-un-no%C3%ABl-orthodoxe-en-rupture-avec-l-%C3%A9glise-russe °°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°° Aucun texte chrétien ne précise la date de la naissance de Jésus. Est-cela qui explique que l’on peut célébrer Noël, pour fêter sa naissance, le 25 décembre mais aussi le 7 janvier (dans le calendrier grégorien (comme chez les orthodoxes orientaux, dont la Russie et les chrétiens orientaux autres). Ce 7 janvier du calendrier grégorien correspondant au 25 décembre du calendrier julien. Et l’on fête même Noël le 19 janvier à Jérusalem dans les églises du patriarcat grec-orthodoxe. Celui-ci a en effet choisi de suivre le calendrier julien en vigueur depuis 1852 sur les lieux saints et dans les autres Eglises orthodoxes comme les Eglises copte, syriaque et éthiopienne alors que l’Eglise orthodoxe en Grèce a adopté le calendrier julien ! Enfin, une Eglise a choisi de garder, comme dans les premiers temps du christianisme, l’usage de ne pas séparer Noël et l’Epiphanie (adoration des mages) c’est l’Eglise arménienne apostolique, alors que toutes les autres Eglises célèbrent l’Epiphanie 12 jours après Noël. °°°°°°°°°°°°°°°°°°°° Le calendrier julien, est un calendrier solaire utilisé dans la Rome antique, introduit par Jules César en 46 av. J.-C. Il a été employé en Europe jusqu'à son remplacement par le calendrier grégorien à la fin du xvie siècle mais reste utilisé dans la communauté monastique du Mont Athos, ainsi que par cinq Églises orthodoxes : de Jérusalem, de Russie, de Géorgie, de Serbie, d'Ukraine, les Églises orthodoxes de Macédoine et du Monténégro, et plusieurs régions du Maghreb, surtout Berbères, en Afrique du Nord. Le passage du calendrier julien au calendrier grégorien, promulgué par le pape Grégoire XIII en février 1582, a eu lieu dans un court délai, souvent moins d'un an, dans la plupart des pays catholiques ; en revanche, les pays protestants comme les pays orthodoxes ont ignoré ou refusé cette réforme, du fait qu'ils récusaient l'autorité religieuse du pape, comme les pays non chrétiens, musulmans ou autres. La réforme consistait dans la suppression de trois années bissextiles sur une période de 400 ans, afin d'empêcher une dérive (assez faible) du calendrier par rapport aux événements astronomiques connus de longue date (équinoxes et solstices) ; mais elle avait un aspect immédiat plus difficilement acceptables avec la suppression de dix jours, afin de rattraper le retard accumulé depuis l'Antiquité : par exemple, dans le royaume de France, la datation de 1582 est passée du 9 décembre au 20 décembre. Mais comme cette réforme était scientifiquement fondée, les pays protestants et les pays orthodoxes l'ont finalement acceptée entre 1700 et 1923, de même que certains pays musulmans au xixe siècle ou au xxe siècle, l'adoption du calendrier grégorien n'entrainant pas nécessairement la disparition complète du calendrier julien qui a coexisté avec le nouveau calendrier grégorien. On juxtaposer alors les deux dates sur les documents officiels. L’article de Wikipedia donne comme exemple le royaume de Pologne où le calendrier grégorien était adopté depuis 1582 mais comme ce pays appartenait aux tsars de Russie qui restés attachés au calendrier julien, les deux dates ont cohabité jusqu’en 1918 où la Pologne est devenue une république indépendante. deux Eglises orthodoxes, celle de Finlande et celle d’Estonie ont adopté le calendrier grégorien. Quant à l’Eglise orthodoxe russe, elle n’a jamais accepté ce calendrier grégorien imposé par le gouvernement communiste athée et a gardé strictement le calendrier julien. °°°°°°°°°°°°°°°°°°°
L’agence de presse britannique Reuters a révélé dans une longue enquête reprise ce 8 décembre par Le Monde Afrique https://www.lemonde.fr/afrique/article/2022/12/08/au-nigeria-plus-de-10-000-anciennes-otages-de-boko-haram-victimes-d-avortements-forces-selon-reuters_6153486_3212.html?xtor=EPR-33280896-[afrique]-20221210-[zone_edito_1_titre_3]&M_BT=34845933607985 l’existence d’un programme secret de l’armée nigériane visant à mettre fin, par des avortements forcés, aux grossesses des jeunes femmes et anciennes otages, enlevées par Boko Haram (un groupe djihadiste salafiste et terroriste). Des femmes et des jeunes filles capturées par ces djihadistes dans les villages nigérians (on se souvient de l’attaque d’écoles de filles où elles étaient enlevées) violées et mariées de force à leurs geôliers. «Depuis l’année 2013 au moins, l’armée nigériane conduit un programme d’avortement secret, systématique et illégal dans le nord-est du pays», affirme l’agence Reuters. Selon les données récoltées par ses journalistes, au moins 10000anciennes otages de Boko Haram auraient subi ces avortements forcés après avoir été secourues par les militaires nigérians. Une opération à grande échelle, selon l’enquête, les documents et témoignages recueillis étant validés par les forces de sécurité et les personnels de santé ayant pratiqué ces avortements forcés si l’on en croit les témoignages. Ces avortements pratiqués dans des conditions sordides, sans que ces femmes et souvent de très jeunes filles, soient mises au courant, seraient responsables de la mort de plusieurs selon des témoins. Mais selon l’enquête de Reuters, si certains personnels de santé nigérians ont estimé que ces avortements étaient nécessaires «pour sauver ces femmes de la stigmatisation après avoir donné naissance à un enfant de Boko Haram» les forces de sécurité ont fermement démenti: les journalistes sont accusés d’avoir monté une «fiction», «insulte aux Nigérians et à leur culture qui respecte leur vie». Les officiers nigérians invoquent un programme d’une telle ampleur que ces avortements forcés n’auraient pu échapper aux responsables des affaires humanitaires de l’ONU au Nigeria qui eux semblent se réfugier dans un silence prudent! Et le nord-est du Nigeria souffle de puis la mort d‘Abubkar Shekau, le chef historique de Boko Haram ui s’en prenait violemment aux civils: «Les insurgés ne tuent plus comme avant, les agriculteurs subissent moins d’attaques mais la situation n’en est pas moins dramatique puis que 4,4 millions de personnes souffrent de faim aiguë dans tout le nord-est du Nigeria. Et si les autorités sont désireuses de pousser les civils réfugiés dans des camps à reprendre le chemin de leurs champs et ainsi relancer l’économie, cette décision pourrait mettre en danger une population vulnérable, déjà menacée par l’insécurité alimentaire et qui subit depuis des années la violence des islamistes qui terrorisent encore en silence les habitants et la violence de l’armée nigériane, constatait la correspondante du Monde. Le quotidien https://www.lemonde.fr/international/article/2022/11/14/nigeria-une-vingtaine-de-femmes-tuees-par-boko-haram_6149821_3210.html a publié par ailleurs, le 14 novembre dernier, un article sur des militants de Boko Haram qui auraient tué quatorze des quelque quarante femmes arrêtées et accusées de sorcellerie dans le nord-est du Nigeria, dans l’Etat de Borno. C’est le chef djihadiste qui a ordonné que ces femmes soient abattues après qu’elles aient été accusées d’être responsables de la mort de ses enfants. Une femme a pu s’échapper et elle a appris que sa mère, deux tantes et neuf autres femmes avaient été massacrées, toujours sur ordre du même chef djihadiste. Les accusations de sorcellerie ne sont pas rares au Nigeria, malgré le conservatisme religieux du pays, divisé entre un nord majoritairement musulman et un sud majoritairement chrétien. Les forces de sécurité nigérianes semblent démunies devant la violence de Boko Haram et l’on compte quelque 40 000 morts et 2 millions de déplacés depuis l’insurrection djihadiste de 2009. °°°°°°°°°°°°°°°°°°° «Ma plume est comme l’aile d’un oiseau ; elle vous dira ces pensées que nous n’avons pas le droit de penser, ces rêves que nous ne sommes pas autorisés à rêver.» Parfois, des voix de femmes afghanes s’élèvent des rues de Kaboul et d’autres villes dans de petites manifestations bruyantes. Souvent, elles résonnent dans les discours de femmes désormais lointaines, hors d’Afghanistan. Mais la plupart du temps, leurs pensées ne sont exprimées que silencieusement, dans des endroits sûrs. Ou bien elles bouillonnent dans leurs têtes alors qu’elles tentent de concilier leur vie avec les règles de plus en plus rigides du gouvernement taliban. Ces talibans qui restreignent de plus en plus les vêtements que les femmes portent, où elles travaillent, ce qu’elles peuvent faire ou non de leur vie. Dans les mois qui ont précédé le retour des talibans, en août 2021, 18 écrivaines afghanes ont écrit des histoires fictives, tirées de vies réelles, et publiées au début de cette année dans le livre, My Pen is the Wing of a Bird. Le site de BBC News https://www.bbc.com/news/world-63638876 , de la BBC, en publie des extraits. Pour que les voix de ces femmes ne se perdent pas dans les ténèbres dans lesquelles des «fous de Dieu» tentent de les étouffer. Car de nombreuses femmes afghanes se sont senties abandonnées par la communauté internationale. Alors, ces écrivaines ont utilisé leurs stylos et leurs téléphones pour se réconforter et réfléchir aux problèmes auxquels sont actuellement confrontées des millions de femmes et de filles d’Afghanistan. Deux écrivaines à Kaboul, sous les pseudonymes de Paranda et Sadaf, ont partagé leurs pensées, écrites en secret. ‘Est-ce qu’une écharpe rose est un péché ?’ °°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°° «Aujourd’hui je me suis réveillée avec détermination. Quand j’ai choisi mes vêtements, j’ai décidé de porter un foulard rose pour me battre contre le foulard noir que je porte au quotidien… est-ce un péché de porter un foulard rose ?», écrit Paranda qui préfère porter du rose, pour se sentir féminine. Mais ce que les femmes choisissent de porter est désormais un champ de bataille. Des édits talibans stricts sur la pudeur sont appliqués, souvent avec force.» Dans cette société traditionnelle, les femmes afghanes ne se battent pas contre le voile – certaines veulent juste avoir le droit de choisir. Vous le voyez dans les rues, dans les espaces publics: une écharpe rose, une garniture étincelante, un peu de lumière dans le noir. Les femmes afghanes ont mené la charge lors de rares manifestations publiques. De petites foules courageuses sont descendues dans les rues de Kaboul et d’autres villes en brandissant des banderoles appelant à «du pain, du travail, de la liberté. » Elles ont été dispersées par la force et certaines emprisonnées. Certaines ont disparu en détention. De l’autre côté de la frontière, en Iran, ce sont aussi les femmes qui appellent au changement, aux cris de «femmes, vie, liberté» et demande de mettre fin au port obligatoire du hijab. Pour les Afghanes, c’est le droit des femmes de travailler, des filles d’être éduquées. «Je saupoudre des étincelles d’espoir à la surface de mon cœur… Il y a un feu en moi. Il y a un esprit en moi qui me dit de me battre. Je dois espérer que ces ténèbres seront changées en lumières. Les Afghans disent souvent que l’espoir est la dernière chose à mourir. Ces dernières années, avant que les talibans ne prennent le pouvoir, lorsque la violence quotidienne s’est intensifiée, certains ont dit que l’espoir avait également été tué. Mais les gens qui ont vécu tant de choses s’accrochent à l’espoir qui existe encore.»
21/11/2022
En pleine campagne pour les élections de mi-mandat, l’attaque violente contre le mari de Nancy Pelosi, la présidente de la Chambre des représentants du Congrès américain a stupéfié la nation. Un exemple encore s’il en été besoin de cette violence politique qui a augmenté au cours des dernières années aux Etats-Unis avec peut-être pour apothéose, après la défaite de Donald Trump, l’assaut du Capitole par ses partisans déchaînés, le 6 janvier 2020. Paul Pelosi, 82 ans, a été blessé à la tête, au bras et à la main par son agresseur qui l’a frappé avec un marteau mais qui en fait recherchait Nancy Pelosi dans la maison du couple, criant « Où est Nancy ? Où est Nancy ? » ce même cri qui avait été entendu lors de l’attaque du 6 janvier, alors que les émeutiers recherchaient Nancy Pelosi et saccagèrent son bureau au Capitole. Dernière en date donc, cette attaque violente qui prolonge un cycle d’épisodes agressifs, d’altercations physiques, de menaces contre des membres du Congrès ou des juges de la Cour suprême lorsque leurs décisions ne plaisent pas à certains. Violence qui oblige même les membres de certains conseils scolaires locaux à porter un gilet pare-balles raconte le site politique The Hill ! L’ancien chef de la police de Washington constate, dans une interview sur la chaîne CNN : « Le nombre de menaces a considérablement augmenté, et il semble que le climat continue de se détériorer. » Ainsi, entre le 1er janvier et le 23 mars de cette année, le département de la police du Capitole a déjà enregistré 1820 dossiers concernant des déclarations injurieuses et des menaces contre des représentants (l’équivalent de nos députés). L’an dernier avait connu une augmentation des plaintes de quelque 144 % par rapport à 2017 ! Et la police du Capitole venait de commencer l’examen des mesures de sécurité des principaux représentants lorsque l’incident violent de San Francisco, dans la maison des Pelosi, s’est produit et il devrait inciter à offrir une plus grande sécurité aux représentants de la Nation. On constate aussi que la violence a touché les membres des deux partis (démocrate et républicain) au fil des ans : attaques avec une arme à feu ou un couteau, menaces de mort, ont été utilisées contre les représentants. « La peur et la haine qui nous divisent, nous dressant les uns contre les autres dans ce pays, sont un danger réel et actuel pour notre démocratie » n’hésite pas à dire publiquement la représentante démocrate du Michigan et Nancy Pelosi, démocrate libérale, est une cible depuis des décennies. Adam Kizinger, l’un des deux représentants républicains qui siègent à la commission d’enquête du 6 janvier sur l’attaque du Capitole, suggère un lien entre la montée des discours politiques passionnés et la flambée de la violence politique : « Je veux être clair, dit-il : Lorsque vous convainquez les gens que les politiciens truquent les élections (Trump affirme toujours qu’on lui a volé par fraude la victoire et ses partisans, qui lui vouent un véritable culte considèrent le présent gouvernement et le président Joe Biden comme illégitimes], que certains enlèvent des bébés pour boire leur sang ! [et bien pire encore, ça ce sont les complotistes], vous obtenez de la violence. » Une violence aveugle. Et Trump, encore lui, entretient cette tension lorsqu’il déclare que s’il est réélu à la présidence de Etats-Unis lors des élections présidentielles de 2024, il envisagera de pardonner aux émeutiers du Capitole, ce qui enchante bien sûr l’extrême-droite et tous les complotistes (Oath Keepers et Proud Boys entre autres, son électorat choyé, prêt à prendre les armes. Car le potentiel de violence à grande échelle existe aujourd'hui comme en 1861. Les Américains possèdent près de 400 millions d'armes à feu, concentrées dans le Sud, le Midwest et l'Ouest. Une grande partie des électeurs de Trump conviennent que « les vrais patriotes devront peut-être recourir à la violence pour sauver les Etats-Unis ». Près de 100 milices contestataires ont été identifiées dans le pays dont les plus virulentes, Oath Keepers et Proud Boys, sont prêtes à en découdre. Mais 2022 n'est pas 1861, lorsque la moitié de la nation a choisi de partir et que l'autre moitié a résisté avec force. Et The Hill pose la question : Donald Trump veut-il faire renaître une autre guerre civile en feignant d’ignorer ce que les deux guerres civiles du 19e siècle ont coûté en victimes, en division violente entre Nord et Sud, dont la nation américaine n’est pas entièrement remise. Même si les institutions fédérales (tribunaux, police, armée) sont respectueuses de la Constitution. Alors que faire ? Les leaders républicains se doivent de condamner fermement la violence et avoir le courage de prendre leurs distances, même au prix d’une élection, de ceux qui menacent de recourir à la violence. Ce moment est venu. Le première Guerre civile était inévitable. Pas celle-ci. °°°°°°°°°°°°° Le Devoir, un quotidien canadien de Montréal publiait en février 2021 une lettre ouverte de plus d’une centaine de représentants d’Eglises évangélique américaines décidés à condamner la radicalisation et la violence politique de nombre de leurs fidèles aux Etats-Unis dont l’insurrection du Capitole le 6 janvier 2020 par des partisans de Donald Trump a été un point d’orgue à leurs yeux. Dans leur lettre, toujours d’actualité, ces responsables évangéliques américains reconnaissaient désormais « l’urgence de dénoncer la mutation violente » qui affecte le courant religieux [évangélique] mutation portée par « un nationalisme chrétien radicalisé » qui cause des dommages dans « le monde, dans l’Église et dans la vie des individus et des communautés. » Ces représentants d’Églises évangéliques américaines en veulent pour exemples « les nombreuses pancartes et références à Jésus que brandissaient les fidèles de Trump et ils déplorent les prières prononcées par les insurgés au sein même du Sénat. » Il faut rappeler que l’attaque des troupes trumpistes visait à empêcher la proclamation de la victoire de Joe Biden et que 5 personnes sont mortes ce jour-là. « Le Jésus qui a accompagné ces gestes n’est pas le Jésus que nous servons, représentant de la paix », a déclaré Jerushah Duford, la petite-fille de l’évangéliste Billy Graham, signataire de la lettre ouverte et une voix forte aux Etats-Unis qui ne craint pas de s’exprimer régulièrement contre Donald Trump et les sombres affinités entre le mouvement évangélique et l’idéologie trumpiste. La coalition d’évangélistes estimait que sa « foi ne lui permettait plus de garder le silence à un moment comme celui-ci » dans l’histoire des États-Unis où les « valeurs bibliques » sont utilisées pour « diaboliser les immigrants » ou « les opposants politiques à Donald Trump. » Ainsi, lors d’un rassemblement à caractère religieux tenu à Washington la veille de l’insurrection du 6 janvier, Joe Biden avait été dépeint comme un « esclave de Satan » par Alex Jones, figure forte du nationalisme chrétien, conspirationniste et fervent défenseur du milliardaire autoproclamé. « Nous ne voulons pas être des complices silencieux de ces péchés », ajoutent les signataires de la lettre ouverte aux évangéliques, tout en appelant les « pasteurs, les ministres du Culte et les prêtres à dire clairement que l’engagement pour Jésus-Christ est incompatible avec les appels à la violence, le soutien d’un nationalisme chrétien blanc, des théories de la conspiration et toutes les discriminations raciales et religieuses ». °°°°°°°°°°°°°°°°°°°°° Au moment où l’on parle d’un regain de tension en Nouvelle-Calédonie, entre caldoches et kanaks, il serait bon de se souvenir du dialogue instauré entre ces deux communautés après la violence et les morts de 1998. Et de la mission de dialogue inventée par Michel Rocard alors Premier ministre, qui permit aux « ennemis » des deux camps de se serrer finalement la main. Souvenons-nous du massacre d’Ouvéa ! En 1988 la Nouvelle Calédonie est au bord de la guerre civile. Des hélicoptères sillonnent le ciel de Nouméa. En avril, des Kanaks indépendantistes armés attaquent la gendarmerie de Fayaoué, sur l’île d’Ouvéa. Quatre gendarmes sont tués, les vingt-sept autres sont pris en otage et emmenés dans la grotte de Gossanah. Le 5 mai, le GIGN et des commandos militaires français prennent d’assaut la grotte. Deux militaires et dix-neuf Kanaks sont tués, une partie de ces derniers exécutés de sang-froid. La tension est à son comble. Michel Rocard est nommé Premier ministre par François Mitterrand et Lionel Jospin ministre de l’Éducation nationale. Tous deux, protestants, sont portés à l’écoute et au dialogue plutôt qu’à l’autorité verticale. D’autant plus que les religions jouent un rôle primordial en Nouvelle Calédonie : les Kanaks protestants et les Caldoches catholiques (à l’opposé étonnant de leurs dirigeants : Jean-Marie Tjibaou, représentant les Kanaks est catholique et le caldoche Jacques Lafleur, protestant !) Michel Rocard constitue une « mission de dialogue » comprenant le pasteur Jacques Stewart, président de la Fédération protestante de France, le chanoine Guiberteau, recteur de l’université catholique de Paris et Roger Leray, grand maître du Grand Orient de France. Cette mission, réunie au nom de ces importantes valeurs spirituelles, reçoit et écoute avec attention et respect tous ceux qui s’étaient inscrits, des planteurs de café, des religieuses catholiques, des jeunes Mélanésiens, des éleveurs caldoches, sur une l’île où l’on ne s’écoutait plus, où tout dialogue semblait rompu… « Nous servions d’exutoire à toutes les angoisses et les frustrations, aux peurs du lendemain. Les personnes s’allégeaient des bagages de rumeurs qu’elles portaient et colportaient. Cette présence respectueuse dura trois semaines et porta ses fruits : Jean-Marie Tjibaou et Jacques Lafleur finirent par échanger officiellement une poignée de main historique qui ouvrait à un avenir de réconciliation dont on espérait qu’il déboucherait, trente ans plus tard, sur un accord définitif de paix. °°°°°°°°°°°°°°°°
L’hebdomadaire anglican anglais <strong>Church Times </strong>a publié le 21 octobre un long article sur la situation en Ukraine et la visite à Moscou d’une délégation du Conseil œcuménique des Eglises pour rencontrer le patriarche orthodoxe russe Kirill de Moscou. Les dirigeants d’Eglises en Ukraine ont dénoncé <strong>«les attaques de missiles et de drones russes empêchant l'approvisionnement en énergie et en eau de l'Ukraine. Alors que nous prions pour les victimes et demandons à Dieu de bénir nos défenseurs, nous appelons également la communauté internationale et les chefs religieux du monde à condamner ces actes de terreur d'État»,</strong> a déclaré le Conseil ukrainien qui regroupe des Eglises et des organisations religieuses et réunit des dirigeants orthodoxes, catholiques romains et protestants, ainsi que des juifs et des musulmans.<strong>«Tous ceux qui participent à ces attaques brutales contre des villes paisibles - les dirigeants qui donnent des ordres, les auteurs directs et tous ceux qui justifient de tels actes de cruauté inhumaine - doivent savoir qu'ils en répondront devant le Dieu Tout-Puissant et seront punis pour leurs crimes.», </strong>a encore déclaré le Conseil ukrainien qui réagissait à de nouvelles frappes russes contre des cibles civiles à Kyiv et dans d'autres villes, frappes qui ont détruit l'approvisionnement en électricité et en eau à l'approche de l'hiver. Le président Zelensky a confirmé qu'un tiers des centrales électriques ukrainiennes été détruites, laissant plus de 1000 zones urbaines sans électricité. Le primat de l'Église orthodoxe ukrainienne indépendante, le métropolite Épiphanie, a déclaré ce week-end que les défenseurs du pays comptaient sur <strong>«la protection et la force</strong><strong>» </strong>de la Vierge Marie dans leur <strong>«combat victorieux » </strong>contre «<strong>les envahisseurs et assassins russes.»</strong> On constate aussi une certaine unanimité des Eglises orthodoxes russes en Europe occidentale à condamner le soutien sans faille à la guerre qu’apporte Kirill de Moscou et les communautés orthodoxes russes et ukrainiennes avaient réagi en septembre avec <strong>«douleur et incompréhension»</strong> lorsque Kirill de Moscou avait osé promettre que les soldats russes seraient pardonnés de leurs péchés s’ils mourraient au combat en Ukraine. En soutien à la paix, le représentant des communautés orthodoxes russes d'Europe de l’ouest a de nouveau exhorté le patriarche orthodoxe Kirill de Moscou à appeler à la fin de cette <strong>«guerre fratricide»,</strong> maintenant dans son huitième mois. Enfin, le primat de l'Église orthodoxe russe en Estonie (l’un des trois Pays baltes), a dans une lettre ouverte déclaré que ses fidèles estoniens et lui-même rejetaient la position pro-guerre du patriarche Kirill. A ces condamnations, le patriarche Kirill n’a su répondre que par des accusations:<strong>«l’Occident cherche à conquérir et détruire la Russie, à nous priver </strong><strong>de notre souveraineté et de notre liberté»</strong> ou encore <strong>«l’Ukraine appartient au monde russe.» </strong>et réitérer son affirmation<strong>: «La Reine des Cieux (comprendre la Vierge Marie) donne la force à notre peuple pour stopper l’ennemi, veille sur l’armée russe et protège les frontières de notre patrie [</strong>qu’il appelle<strong> «la Russie historique»] </strong>et doit<strong> «rester unie spirituellement au monde russe et à l’Eglise orthodoxe russe.] </strong>Quant au pape François, il a dénoncé dans un livre de prières récemment sorti, les<strong> «guerres manipulées et les faux prétextes invoqués pour attaquer un autre pays […] Il n’y a aucune situation qui puisse justifier une guerre juste et jamais de place pour la barbarie militaire [et le terrorisme]»</strong>a-t-il déclaré<strong>.</strong> <strong>°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°</strong> Le professeur Sauca, secrétaire général du Conseil œcuménique des Églises dont l’Église orthodoxe russe est membre, conduisait une délégation à Moscou pour rencontrer entre autres le patriarche Kirill. Il a ensuite déclaré que le patriarche était au courant des déclarations du Conseil œcuménique <strong>«condamnant la guerre et la violence».</strong> Sa délégation était venue à Moscou pour <strong>«construire des ponts de paix et de réconciliation et arrêter l'effusion de sang et le danger de conflagration nucléaire », </strong>a expliqué le délégué du Conseil œcuménique. qui a raconté avoir exhorté Kirill à <strong>«clarifier sa position personnelle sur la guerre»</strong> en appelant à <strong>«arrêter l'effusion de sang, arrêter les tueries, arrêter la destruction des infrastructures et rechercher la paix et la réconciliation".</strong> Le communiqué du COE indique que curieusement le patriarche semblait ignorer que ses sermons et discours semblaient offrir (un euphémisme!) <strong>«une argumentation théologique et un soutien à la guerre. »</strong>. Le secrétaire général du Conseil œcuménique, le professeur Sauca, a aussi demandé au patriarche de Moscou d'expliquer comment il justifiait la notion de <strong>«guerre sainte </strong>» en Ukraine. Réponse du patriarche: <strong>«En tant qu'Églises, nous sommes appelés à être des artisans de paix et à défendre et protéger la vie - la guerre ne peut pas être sainte»</strong>, a répondu Kirill. <strong>«Mais, quand on doit se défendre et défendre sa vie, ou donner sa vie pour</strong> <strong>les autres, les choses semblent différentes, </strong>a justifié Kirill. Et il a invoqué <strong>«les puissances et les autorités obscures du monde, qui remettent en question les valeurs de l'Évangile. Et de tels pouvoirs sont partout présents.»[</strong>…] A commencer probablement par l’Ukraine, où il faut combattre ces forces obscures dans le sang et les larmes, se justifie Kirill, sans état d’âme… <a href="https://www.churchtimes.co.uk/articles/2022/21-october/news/world/church-leaders-condemn-russian-air-raids"><strong>https://www.churchtimes.co.uk/articles/2022/21-october/news/world/church-leaders-condemn-russian-air-raids</strong></a><strong>?</strong> <strong>°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°</strong> Giorgia Meloni est, depuis la semaine passée, cheffe du gouvernement italien. D’extrême-droite, elle s’affiche comme croyante catholique et dit adhérer aux <strong>«valeurs morales traditionnelles» </strong>de l’Église catholique. Enfin d’une certaine Église catholique traditionnelle, peu en phase en général avec le monde moderne et très critique, comme Giorgia Meloni, envers les lois dites <strong>«inspirées de la culture LGBT»</strong> à savoir: union civiles de couples de même sexe, reconnaissance des enfants de ces couples, possibilité pour eux d’adopter. Mais, note la presse, <strong>«les motifs de discorde de Giorgia Meloni avec le Vatican et le pape François sont aussi très nombreux.» </strong>Pourquoi? Un article du<strong> Monde des religions </strong><a href="https://www.lemonde.fr/le-monde-des-religions/article/2022/10/18/italie-giorgia-meloni-et-le-pape-francois-peuvent-ils-s-entendre_6146357_6038514.html">https://www.lemonde.fr/le-monde-des-religions/article/2022/10/18/italie-giorgia-meloni-et-le-pape-francois-peuvent-ils-s-entendre_6146357_6038514.html</a> du 19 octobre et signé d’un prêtre italien et journaliste, énumère ces motifs de discorde: Giorgia Meloni a été accueillie par une explosion de joie de la droite catholique la plus traditionnaliste, elle n’a pas clairement rompu avec la tradition du fascisme et l’accent mis sur le nationalisme et l’identité italienne ne s’accorde pas avec l’universalisme du Vatican. Une alliance du nouveau gouvernement avec les 4 pays d’Europe centrale (Hongrie, Tchéquie, Slovaquie et Pologne) connue sous le nom de groupe de Visegrad et opposés à la politique migratoire de l’Union européenne, souverainistes, défendant l’identité nationale, sont soutenus par les évêchés d’Europe centrale et critiques envers le pape. Autre danger: le populisme de Meloni qui fait perdre de leur importance aux pouvoirs intermédiaires (comme les syndicats) pour un chef investi directement par le peuple (une démocratie illibérale à la Orban). «<strong>Enfin,</strong> souligne <strong>Le Monde des religions, la question de l’islam et le droit des immigrés qui pour Meloni est identifié à un danger et attise la peur.»</strong> Quant au renouveau économique promu par François, qui veut réorganiser l’économie en l’ouvrant au <strong>«don» et «à la responsabilité sociale</strong>», il ne s’accorde pas vraiment avec le projet d’une droite traditionaliste.Aucun affrontement n’est prévu à court terme. «<strong>Toutefois, </strong>écrit Lorenzo Prezzi<strong>: les évêques italiens ont déjà réaffirmé leur mission de </strong><strong>”montrer la voie, avec sévérité si besoin, du bien commun et non de l’intérêt personnel, de la défense des droits inviolables de la personne et de la communauté.”»</strong> <strong>°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°</strong> Le Premier ministre arménien, un oligargue arménien, des archéologues, les autorités de l’Église apostolique arménienne, l’Église-mère des Arméniens, sont vent debout, pour ou contre le projet d’une immense statue du Christ sur le mont Hatis un volcan éteint de 2528 m à une trentaine de kilomètres de la capitale arménienne Erevan. Sortie du cerveau affairiste de Gagik Tsarukyan, un homme d’affaires arménien plus que douteux, la statue avec ses 33m prévus, sur un piedestal qui la propulserait à 77m battrait tous les records mondiaux de hauteur, accompagné d’un centre commercial. Les archéologues qui avaient un projet de fouilles sur ce lieu daté du 3<sup>e</sup> millénaire avant Jésus-Christ voient avec désolation le site ravagé depuis l’été par les bulldozers. On ne sait plus très bien qui a donné sans donner le feu vert: le Premier ministre y voit une source de revenus touristiques quand les autorités culturelles accusent le promoteur d’avoir violé la loi sur la protection du patrimoine géologique d’un lieu classé depuis 2008 et n’avoir obtenu aucune permission pour les travaux. Quant à l’Église apostolique arménienne elle dénonce une hérésiethéologique : en 1700 ans d’existence, elle n’a jamais érigé une représentation divine en statue, une pratique catholique. De plus Tsarukyan a privatisé la montagne à son seul profit, au nom de Jésus! °°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
« Les femmes doivent couvrir leur corps, ni trop ni trop peu. » C’est ainsi que The Continent, un magazine hebdomadaire africain résume la situation déclenchée par une jeune femme rwandaise qui avait assisté à un concert à Kigali habillée d’une robe noire totalement transparente et laissant voir des sous-vêtements noirs aussi. Une semaine après le concert, la police rwandaise avait arrêté la belle et elle avait été retenue en détention 10 jours pour « conduite indécente », une loi qui remonte à l’ère coloniale. Sauf que depuis, les femmes sont majoritaires au Parlement rwandais et qu’elles ont été rudement interpelées sur les réseaux sociaux qui questionnent leur mutisme et leur silence : « A quoi sert d’avoir une majorité de femmes au Parlement ? Où sont ces supposées leaders lorsqu’on a besoin d’elles ? Comment une jeune femme de 24 ans peut-elle être mise en prison pour sa manière de s’habiller ? C’est si minable ! » a réagi une Rwandaise citée par le magazine. Et les réactions se sont multipliées dans le même sens, d’autant que le porte-parole de la police a cru bon de dénoncer à son tour les mini jupes, trop mini à son goût et d’autres les jeunes qui boivent trop, les tenues indécentes et le nombre de grossesses parmi les adolescentes. Une pétition en ligne a appelé à la libération de Lillian Mugabekazi et elle a été libérée. Plus curieux, le mufti du Rwanda (un mufti est un interprète de la loi musulmane et peut émettre des fatwas) en avait émit une interdisant de porter le niqab (le visage couvert) que les dévotes musulmanes peuvent porter. Il avait justifié sa fatwa en déclarant que ces voiles avaient été utilisés par des terroristes de part le monde et mettaient la sécurité du pays en danger… A toutes ces justifications sur l’habit des femmes, une avocate spécialisée dans la défense des femmes pointe du doigt une société où « le sexisme grandit, au nom de la culture rwandaise et de la moralité du peuple. Nous sommes en train de devenir une société où l’on justifie le sexisme et les violeurs par le nombre important de grossesses des adolescentes à cause de leur manière de s’habiller ! C’est décevant ! » °°°°°°°°°°°°°°°°°°°° Le patriarche orthodoxe russe de Moscou et de toutes les Russies, qui n’hésite pas à proclamer que « Dieu a placé [Vladimir Poutine] au pouvoir », n’a pas manqué de souhaiter « des forces physiques et morales pour de nombreuses années encore » au leader du Kremlin dont c’était le 70e anniversaire, la semaine passée. Des louanges à faire rougir le maître du Kremlin, une pluie d’éloges en dépit de la situation d’isolement international et des revers militaires qui s’accumulent en Ukraine. L’attentat contre le fameux pont de 14 km, qui relie la Crimée à la Russie semble d’ailleurs avoir été une manière pour les Ukrainiens de « fêter » à grand bruit les 70 ans de Poutine pour lui rappeler que la Crimée appartient toujours au peuple ukrainien ! Dans son message, le patriarche orthodoxe Kirill a loué le dirigeant Poutine pour « la transformation de l'image de la Russie, le renforcement de sa souveraineté et de ses capacités défensives, la défense des intérêts nationaux. Vous avez acquis la réputation d'un leader loyal à sa Patrie et qui l'aime sincèrement et lui donne toutes ses forces », a souligné Kirill. « Que vos forces ne s'épuisent pas et que l'aide de Dieu pour vous soit grande. » De là à penser que Poutine mène une guerre sainte avec l’aide de Dieu… Un « Got mit uns » à la russe. Il y a des années que le patriarche Kirill, en place depuis 2009, a mis son Eglise au service du Kremlin en échange de pouvoir et d’avantages importants, entre autres financiers. En 2012 déjà, il n’avait pas hésité à qualifier Poutine de « miracle » pour la Russie. Et bien sûr, le religieux soutient sans état d’âme l’offensive russe contre l’Ukraine. Il a appelé à « faire corps autour du pouvoir » pour vaincre les « ennemis » de l’union historique entre la Russie et l’Ukraine et a assuré que les militaires russes mourant au combat seront « lavés de leurs péchés ». Le salut en échange de leur sang… °°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°° Le patriarche Kirill, chef des orthodoxes russes depuis 2009, a mis son Eglise au service du pouvoir de Vladimir Poutine et l'avait déjà qualifié en 2012 de "miracle" pour la Russie. Les deux hommes partagent l'ambition d'une Russie conservatrice dominatrice. Ils s'entendent en particulier sur l'idée d'une décadence morale, d'un Occident en déclin, notamment du fait de la tolérance à l'égard des LGBT. La semaine dernière encore, Vladimir Poutine avait dénoncé l'avènement du "satanisme".Le soutien sans faille de Kirill à Poutine lui a valu depuis l’été des sanctions internationales comme « agent de désinformation et de propagande russes. » Enfin, plus grave, le concile de l’Eglise orthodoxe ukrainienne rattachée à Moscou a annoncé en mai dernier qu’elle rompait les liens avec le patriarche Kirill et déclaré qu’elle devenait « pleinement indépendante » des autorités spirituelles russes : « Nous ne sommes pas d'accord avec le patriarche moscovite Kirill (...) en ce qui concerne la guerre en Ukraine », a expliqué dans un communiqué l'Église orthodoxe russe en Ukraine à l'issue d'un concile consacré à « l'agression » russe contre son pays. Lors de ce concile, cette Eglise qui avait tenté de conserver des liens avec le Patriarche de Moscou auquel elle était subordonnée, a décidé « la pleine indépendance et l'autonomie de l'Église orthodoxe ukrainienne » le concile a appelé à « mettre fin à l’effusion de sang ». La nouvelle Eglise orthodoxe ukrainienne a aussi souligné, dans son communiqué : « Le concile condamne la guerre, qui est une violation du commandement de Dieu 'Tu ne tueras point', et exprime ses condoléances à tous ceux qui souffrent à cause de la guerre. » Et le porte-parole de cette Eglise a précisé « son rejet total de la position du patriarche Kiril : non seulement il n’a pas condamné l’agression militaire de la Russie, mais il n’a pas non plus trouvé de mots pour le peuple ukrainien qui souffre. » On notera que ce schisme orthodoxe est le second en Ukraine en quelques années. Une partie de l’Eglise ukrainienne du patriarcat de Kiev avait déjà rompu en 2019avec Moscou dont elle dépendait pour prêter allégeance au patriarche orthodoxe Bartholomée, primus inter pares (une primauté d’honneur) et grand rival religieux de Kirill, basé à Istanboul. L’Eglise ukranienne était depuis l’invasion russe de l’Ukraine approuvéepar Kirill dans une situation intenable et des centaines de prêtres orthodoxes avaient signé une lettre ouverte appelant à faire juger le patriarche par un tribunal religieux à cause de ses positions sur le conflit ukrainien. A noter aussi que l'Ukraine est centrale pour l'Église orthodoxe russe, dont certains des monastères orthodoxes les plus importants sont situés dans ce pays. Certains comme le monastère orthodoxe de la Sainte Dormition situé dans la région de Donetsk, en Ukraine orientale et rattachée au patriarcat orthodoxe de Moscou a été la cible d’une attaque russe le 30 mai dernier, tuant 4 religieux et des laïcs dont le doyen du monastère, ou Laure, nom donné aux monastères dans l’Eglise orthodoxe et les Eglises orientales. La Laure de la Sainte Dormition de la Mère de Dieu qui a été bombardé est un monastère important et historique dans l’histoire orthodoxe. Sa fondation remonterait peut-être au 13e siècle, lorsque des moines de la Laure de Kiev se sont réfugiés dans cette région, fuyant l’invasion mongole. Le monastère a aussi été dévasté à plusieurs reprises par les Tatars de Crimée toute proche. Et aujourd’hui encore, le monastère est un lieu de refuge pour des civils fuyant la guerre actuelle sur le sol ukrainien. °°°°°°°°°°°°°°°°°°° RÉSIDENT au Brésil après y avoir travaillé plusieurs années, j’ai apprécié votre article qui présente une vue synthétique des relations entre évangéliques et politique au Brésil. Je regrette cependant qu’il évoque peu les compromissions d’une majori- té de pasteurs dans leur soutien à Jair Bolsonaro, lequel n’a pourtant eu de cesse d’attaquer les institutions démocratiques, de libéraliser la vente d’armes à feu (+133% en 4 ans), de faire obstacle à la vaccination contre le Covid (avec un impact estimé à 95000 morts supplémen- taires par la commission d’enquête parlementaire), de promouvoir la haine, la déforestation de l’Amazonie et l’élimination des Indiens, et de faire l’apologie des tortionnaires sanglants de la dictature (1964-1985). Qui a affirmé que s’ils avaient existé à l’époque, Jésus aurait bien sûr porté des pistolets ! Ce qui n’empêche pas de nombreux leaders évangéliques de le présenter comme l’oint du Seigneur. Comme le constate la jeune députée Tabata Amaral, «Si Jésus-Christ décidait de vivre à nouveau parmi nous, le plus probable est qu’il serait persécuté, attaqué et qualifié de communiste et de malfrat par beaucoup de ceux qui aujourd’hui utilisent son nom pour se maintenir au pouvoir. [...] Les vrais chrétiens ne peuvent se taire devant l’utilisation du nom de Dieu et de l’Église à des fins si opportu- nistes». En effet, souligne l’anthro- pologue Juliano Spyer, qui a écrit avec empathie un livre devenu une référence sur les évangéliques: «Le pasteur déterminé et charisma- tique entrera en politique grâce au soutien de son église et des fidèles, sans avoir de cause particulière à défendre, mais comme une opportu- nité d’améliorer sa situation écono- mique, d’accroître son pouvoir, de favoriser son église [...] Les parlementaires du groupe évangé- lique ne se mobilisent pas contre la corruption, pour défendre des projets visant à améliorer la santé et l’éducation, méprisent les perspec- tives sociologiques ou mêmes chré- tiennes à propos de la violence, pour défendre la répression policière et l’emprisonnement comme moyens de réduire la violence urbaine.» En cette période électorale, l’intolé- rance et l’offensive contre la gauche se sont exacerbées: de très nombreux pasteurs prêchent en faveur de Bolsonaro et font circuler des fake news selon lesquelles Lula établirait une dictature communiste et fermerait les églises. Effectivement, certains pasteurs progressistes appuient Lula, mais leur situation est difficile. En septembre, la Convention baptiste du Brésil a contraint à la démission le pasteur Dusilek, président de la Convention de Rio, pour avoir osé participer à une réunion de pasteurs avec Lula. Le philosophe Joel Pinheiro da Fonseca pose la bonne question: «Comment certaines églises au- jourd’hui, qui prétendent suivre Jésus, justifient-elles de se prosterner devant Bolsonaro en échange de la gloire du royaume de ce monde?» Avec la croissance continue du nombre de pentecôtistes, c’est l’avenir d’un Brésil laïc, tolérant et démocratique qui est en jeu. PATRICK PLUEN
Les réactions se sont multipliées depuis la mort tragique, mercredi dernier, de Shireen Abu Akleh, la journaliste palestinienne et américaine de la chaîne Al Jazeera pour laquelle elle couvrait sur le terrain, depuis les années 1990, le conflit israélo-palestinien. Le jour de sa mort elle faisait un reportage sur une opération antiterroriste à Jénine. Muhammad Shehada, un écrivain et militant de la Bande de Gaza a réagit dans les colonnes de Newsweek au lendemain de cette mort tragique: «Pour tous les Palestiniens que je connais, la mort tragique de Shireen Abu Akleh mercredi a été vécu comme un drame personnel. Des gens que j’ai rarement vu pleurer auparavant étaient en larmes. Shireen […] était une icône dont le nom, la résilience et la persévérance sont chers à tous les cœurs palestiniens depuis les années 1990. Lorsqu’elle a été tuée de manière si insensée plus tôt cette semaine à Jénine, en Cisjordanie occupée, pour le crime d’avoir fait son travail, cela a profondément touché chacun de nous. Mais comme c’est si souvent le cas lorsqu’il s’agit de ce conflit [israélo-palestinien], notre chagrin s’est rapidement transformé en rage lorsque […] le Premier ministre israélien Naftali Bennett a insisté sur le fait qu’ «il semble probable que des Palestiniens armés soient responsables de la mort malheureuse de la journaliste», malgré des témoins oculaires attestant exactement du contraire.» Le militant palestinien Muhammad Shehada rappelle aussi que B’Tselem , une ONG israélienne de défense des droits de l’homme dans les territoires occupés appuie cette accusation contre l’armée israélienne et l’enquête, côté palestinien, se poursuit. Enfin il y a eu cette violence choquante de la police israélienne, couverte par nombre de télévisions, alors que le cercueil de Shireen sortait de l’hôpital Saint-Joseph de Jérusalem: un groupe d’hommes palestiniens a insisté pour le porter sur leurs épaules en hommage à la journaliste et des dizaines de policiers israéliens des forces de sécurité ont violemment tenté de disperser une foule impressionnante, le cercueil a failli tomber suscitant la colère des journalistes d’Al-Jazira et leur stupéfaction lorsque «les soldats israéliens demandent aux gens s’ils sont chrétiens ou musulmans. Si vous êtes musulman, vous n’êtes pas autorisé à entrer » dans l’église où avait lieu la messe avant l’ensevelissement, a rapporté Imran Khan, un autre reporter de la chaîne qatarie» cité par le quotidien La Croix. L’immense foule a accompagné le cercueil jusqu’au cimetière du Mont-Sion près de la vieille ville de Jérusalem, après une messe dans une église grecque catholique comble. Et alors que toutes les églises de Jérusalem faisaient sonner leurs cloches. °°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°° Qui était Shireen Abu Akleh? Elle était née en 1971 dans une famille palestinienne chrétienne de Jérusalem-Est occupé, dans une famille membre d’une Eglise grecque catholique, que l’on appelle aussi «melkite». Et uniate parce que rattachée à Rome depuis 1724. Cette Eglise rassemble entre 1,3 et 2millions de fidèles dans le monde, principalement originaires de Syrie ou encore de Terre sainte, alors que les grecs orthodoxes, dont ils se sont séparés seraient quelque 14 millions dans le monde. Quant au terme «melkite», issu du syriaque, il désignait les chrétiens des patriarcats de Jérusalem, d’Alexandrie et d’Antioche ayant accepté le concile de Chalcédoine (451) où sera affirmée la double nature du Christ à la fois homme et Dieu, au contraire des monophysites comme les coptes orthodoxes d’Egypte, par exemple, qui affirment que le Christ n’a qu’une nature, divine. « Aujourd’hui, seulement quatre Églises sont monophysites, explique un théologien égyptien: Les coptes-orthodoxes, les syriens orthodoxes, les arméniens orthodoxes et les Éthiopiens. Toutes les autres Églises sont en fait melkites ! Mais les grecs-catholiques sont les seuls à avoir repris le nom pour leur Église. » °°°°°°°°°°°°°°°° Shireen détenait également la citoyenneté américaine. Après avoir étudié le journalisme en Jordanie, elle avait cofondé la radio Voix de Palestinebasée à Ramallah. Depuis 1997, elle était journaliste à Al-Jazira la chaîne du Qatar lancée en 1996. Dans une interview récente, Shireen Abu Akleh ne cachait pas avoir fréquemment peur lorsqu’elle était sur le terrain. Elle disait alors: «Je cherche un endroit sûr où me tenir et une façon de protéger mon équipe avant de me préoccuper des images. Mercredi dernier, elle était à Jénine, une ville palestinienne du nord de la Cisjordanie occupée depuis 1967, où se trouve un camp de réfugiés palestiniens d’où sont parties plusieurs attaques anti-israéliennes meurtrières ces dernières semaines. L’armée israélienne y a récemment multiplié les opérations et Shireen couvrait l’une d’elles: elle portait un casque et un gilet pare-balles où s’inscrivait le mot PRESSE. Cela n’a pas suffi pour la protéger de la balle reçue dans la tête et qui l’a tuée. Le site de nouvelles Yahoo https://fr.news.yahoo.com/toll%C3%A9-apr%C3%A8s-charge-police-isra%C3%A9lienne-071932970.html a donné une place importante à ce drame, ce samedi et raconte : La police israélienne a annoncé samedi l’ouverture d’une enquête après le tollé international provoqué par l’intervention de ses membres lors des funérailles de la journaliste palestinienne Shireen Abu Akleh, dont le cercueil a failli tomber après les coups de matraque contre les porteurs. A la sortie du cercueil de l’hôpital Saint-Joseph à Jérusalem-Est, secteur palestinien de la ville également occupé par Israël, la police a pénétré dans l’enceinte de l’établissement et chargé une foule brandissant des drapeaux palestiniens. Le cercueil a failli tomber des mains des porteurs frappés par des policiers armés de matraques avant d’être rattrapé in extremis, selon des images des télévisions locales. La police a accusé la foule de Palestiniens d’avoir empêché le transport du cercueil dans un corbillard, «tel qu’il a été convenu avec la famille.» Mais le frère de Shireen Abu Akleh, a affirmé à l’AFP «qu’aucun accord n’avait été passé avec la police.» Il a dit que la police lui avait demandé le nombre de participants attendus aux funérailles et qu’elle s’était opposée à tout chant ou drapeaux palestiniens. Les images de la charge de la police circulant en boucle sur les réseaux sociaux ont provoqué un tollé international. «Nous avons été profondément troublés par les images de l’intrusion de la police israélienne au sein du cortège funéraire», a dit le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken, alors que la Haute-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme Michelle Bachelet a parlé d’images «choquantes». L’Union européenne a condamné «le comportement irrespectueux de la police israélienne.» La Représentation française à Jérusalem a jugé «profondément choquantes les violences policières», et l’Espagne a dénoncé comme «inacceptable» le «recours à la force disproportionné.» «Les forces d’occupation ne se sont pas contentées de tuer Shireen (…) mais elles ont terrorisé ceux qui l’ont accompagnée vers sa dernière demeure», a dénoncé le Qatar. «Le «meurtre» de la journaliste a été condamné à l’unanimité par le Conseil de sécurité de l’ONU, qui a réclamé «une enquête transparente et impartiale». L’Autorité palestinienne, la télévision du Qatar Al Jazeera et le gouvernement du Qatar ont accusé l’armée israélienne d’avoir tué la journaliste. Selon «les premiers résultats» de l’enquête du procureur palestinien à Ramallah, «la seule origine du tir, ce sont les forces d’occupation[israéliennes]». °°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°° Elle s’appelait Deborah Samuel, elle était chrétienne et vivait dans le nord-ouest du Nigeria, dans l’Etat de Sokoto où la charia est appliquée illégalement à côté du droit commun., comme dans 12 Etats du nord du Nigeria. Les photos montrent jeune fille souriante et jolie comme un cœur. Cela, c’était avant cet horrible jeudi 12 mai où les photos deviennent insoutenables: elle est allongée par terre dans sa robe rose, le visage en sang, morte. A côté d’elle une dizaine de grosses pierres qui ont servi à la lapider puis elle a été brulée par ses camarades de classe ainsi que le bâtiment éducatif où elle avait été mise à l’abri. Pourquoi cette horreur? Des étudiants l’avaient accusée d’un commentaire «blasphématoire» à l’égard du Prophète sur les réseaux sociaux. Deux jeunes ont été identifiés et arrêtés, d’autres sont recherchés ce qui a provoqué des manifestations de rues, la foule réclamant la libération des meurtriers. Mais le sultan de Sokoto, la plus importante personnalité musulmane au Nigeria qui préside le Conseil interreligieux du Nigeria a lui-même condamné sans réserve le meurtre de la jeune chrétienne et demandé que les coupables soient jugés. Voix discordante, l’imam de la mosquée nationale, un haut dignitaire musulman a justifié la sauvagerie du meurtre de Deborah: « Tout le monde devrait savoir que nous, les musulmans, avons des lignes rouges à ne pas franchir. La dignité du Prophète est au premier rang de ces lignes rouges. Si nos griefs ne sont pas correctement traités, nous ferons justice nous-mêmes.» Le Nigeria compte quelque 215 millions d’habitants. Le pays est divisé entre un Nord majoritairement musulman et un Sud majoritairement chrétien et l’on dit que c’est l’un des pays les plus religieux au monde. Peut-être serait-il plus vivable s’il l’était moins… Les tribunaux islamiques, qui fonctionnent parallèlement au système judiciaire étatique, ont déjà prononcé des condamnations à mort pour adultère, blasphème ou homosexualité, sans qu’aucune exécution n’ait eu lieu jusqu’à présent. Mais la honte sociale est bien présente pour les condamnés. °°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
28/03/2022
Le magazine protestant évangélique francophone «Christianisme Aujourd’hui» https://www.christianismeaujourdhui.info/2022/02/24/lin%ef%ac%82uence-du-patriarche-de-moscou-sur-la-geopolitique-russe/ a publié un long article le 1er mars sur l’Eglise orthodoxe russe: «Depuis la chute de l’URSS, souligne Christianisme aujourd’hui, l’orthodoxie est redevenue un élément essentiel de l’identité russe. Vladimir Poutine ne le sait que trop bien et s’appuie sur la religion tant pour définir sa politique intérieure que pour diriger sa diplomatie. Même si la Constitution russe assure que la Fédération [de Russie] est un État laïc. Cette relation n’est pas à sens unique: l’Église russe dispose également d’une influence importante sur […] le Kremlin. » On pourrait ajouter que le patriarche russe s’aligne sans état d’âme, sur la politique de Poutine. L’Ukraine a fait les frais de cette porosité entre religion, territoire et politique internationale, souligne encoreChristianisme Aujourd’hui : «En 2019, Bartholomée Ier, le patriarche orthodoxe de Constantinople et primus inter pares de l’orthodoxie révoque un décret de 1686 qui plaçait les Eglises ukrainiennes sous l’autorité de l’Eglise autocéphale de Moscou et de ce fait accorde leur indépendance aux Eglises d’Ukraine qui ne souhaitaient pas être sous la coupe de Moscou. Cet événement a mené, en 2018, à la constitution d’une nouvelle Eglise autocéphale, dite de Kiev, approuvée par le président ukrainien de l’époque et à la fureur du patriarche orthodoxe de Moscou. Mais cette Eglise orthodoxe ukrainienne indépendante n’est pas reconnue par certaines des autres Eglises autocéphales, notamment par celle de Moscou. D’où un conflit territorial et un conflit spirituel.» Moscou se veut aussi le protecteur de tous les chrétiens au-delà du monde orthodoxe. Ainsi dans la Syrie de Bachar-el-Assad où la Russie intervient soutenue par le patriarche orthodoxe russe Cyrille au prétexte qu’il faut défendre les chrétiens d’Orient contre les islamistes au pouvoir en Syrie… Et voilà la Russie devenue protectrice des chrétiens. De tous les chrétiens. Et l’Europe dénoncée comme oublieuse de ses racines chrétiennes au profit de valeurs progressistes dont «la propagation de l’homosexualité par certains Etats» selon Poutine. «Ce soft power passe également par la construction de monuments, notamment une statue du Christ en Syrie en 2013. Mais en Europe également, Moscou entend afficher sa présence et son rayonnement spirituel. Par exemple, la très puissante société gazière nationale Gazprom a largement financé la cathédrale Saint-Sava en Serbie, ce qui permet à la Russie de montrer aux frères slaves et orthodoxes, candidats à l’entrée dans l’Union européenne, qu’ils peuvent davantage compter sur elle. L’Eglise russe a inauguré en 2016 la cathédrale Sainte-Trinité à Paris intégrée au centre culturel et spirituel orthodoxe, dont l’architecture évoque les styles byzantin et russe avec ses bulbes dorés… Un complexe de 170 millions d’euros financé par l’Etat russe […] Cependant il y a aussi un projet moral, pour ne pas dire religieux.» C’est ainsi que Vladimir Poutine s’affiche comme l’orthodoxe parfait avec sa participation active à des cérémonie orthodoxes largement retransmises tandis que sous couvert de contrer l’influence pernicieuse de l’Occident, et malgré une constitution qui garantit que la Fédération de Russie est un Etat laïc, les lois limitent de plus en plus la liberté du monde religieux non orthodoxe, comme les communautés baptistes ou évangéliques. «Ainsi, conclut l’article de Christianisme aujourd’hui, derrière chaque prise de position de la Russie de Vladimir Poutine, il est légitime de se demander s’il y a un intérêt de la part de l’Eglise orthodoxe de Moscou et de considérer les conséquences pour les communautés qui ne partagent pas cette foi.» °°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°° Depuis les indépendances autoproclamées de la République Populaire de Donetsk (dans l’est de l’Ukraine) et de celle de la République populaire de Lougansk en 2014, les Eglises protestantes, notamment évangéliques et baptistes, sont victimes de restrictions de la liberté religieuses et des églises sont fermées, accusées de violations des procédures d’enregistrement des organisations religieuses. Une situation déjà connue au temps de la Russie soviétique! Il semble aussi que seuls les membres des associations religieuses pourraient participer aux cultes et aux activités de ces associations. L’invasion de l’Ukraine par la Russie pourrait donc entraîner la fermeture de nombreuses Eglises, notamment baptistes, sur les régions envahies par les Russes et le président de l’Institut baptiste ukrainien à Lviv dit s’attendre à ce que «l’Eglise entre dans la clandestinité» comme au temps de l’Union soviétique. « L’Eglise n’a pas oublié ce que signifie être persécuté […] °°°°°°°°°°°°°°°°°°°° Condamnations, appels à la paix se multiplient dans le monde orthodoxe et contrastent singulièrement avec les déclarations du patriarche de Moscou qui encense Vladimir Poutine, qu’il loue comme étant «au service de son peuple». S’adressant à l’armée, Kirill a ajouté que «les forces russes ont choisi la bonne voie.» Et en rappelant les liens séculaires qui ont uni les peuples ukrainien et russe depuis le baptême de la Russie [en 988] au temps de saint Vladimir, grand-prince de Kiev et personnage peu recommandable… le patriarche de Moscou dit espérer que les divisions s’apaiseront entre les deux peuples. Ce qui ne l’a pas empêché de qualifier les opposants de Moscou en Ukraine de «forces du mal», selon un communiqué de l’AFP: «Que Dieu nous préserve de ce que la situation politique actuelle en Ukraine, pays frère qui nous est proche, soit utilisée de manière à ce que les forces du mal l'emportent», a déclaré Kirill lors de son sermon dominical. Selon lui, les «forces du mal» sont ceux qui «combattent l'unité» de l'Eglise orthodoxe russe […] Or, l'Ukraine a depuis 2014 quitté la sphère d'influence russe pour se rapprocher de l'Union Européenne et de l'OTAN.» Et elle s’est aussi dotée en 2019 d’une Eglise orthodoxe indépendante du patriarcat de Moscou qui a mis fin à la tutelle religieuse russe et provoqué la colère du patriarche et de la Russie. «Nous ne devons pas permettre aux forces obscures extérieures et hostiles de se moquer de nous» a-t-il déclaré. Le patriarche orthodoxe russe n’hésite pas à soutenir Vladimir Poutine dans ses opérations de «maintien de la paix» (sic) et il n’a pas hésité, lors d’une homélie, à lancer un appel à l’unité de l’Eglise orthodoxe et à la préservation de «la terre russe» dont il a précisé que» la Russie, l’Ukraine, la Biélorussie et d’autres peuples font partie». Et Kirill qualifie la présidence de Poutine, de «miracle de Dieu». On se demande de quel Dieu? Un spécialiste français de la Russie interrogé par l’hebdomadaire catholique La Vie ajoute que «Poutine ne comprend que le rapport de force. Se placer sur un plan spirituel avec lui n’aurait pas de sens. Le pardon, la miséricorde… C’est un langage dont il se moque». °°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°° Le 6 mars, le quotidien Libération relevait que depuis le débuts de la guerre lancée par Poutine l’Eglise orthodoxe ukrainienne rattachée à Moscou marque ses distances vis-à-vis du patriarche russe Kirill. Le métropolite Onufriy, à la tête de cette Eglise ukrainienne rattachée à Moscou, a pris nettement position appelant Poutine à «cesser immédiatement cette guerre fratricide». Libération écrit: «En Ukraine, l’offensive militaire russe occupe aussi et significativement le terrain religieux. Depuis le début de l’invasion déclenchée par Vladimir Poutine il y a neuf jours, les positions chavirent au sein de l’orthodoxie ukrainienne, première confession du pays, scindée entre deux entités jusqu’ici concurrentes et ennemies : l’Eglise autocéphale d’un côté, c’est-à-dire indépendante et nationale, et l’Eglise autonome de l’autre, subordonnée au patriarcat de Moscou. Les lignes bougent car cette dernière, en dépit de son attachement ancestral à la Russie, s’oppose pour la première fois de manière aussi ouverte au Kremlin […] L’ensemble des paradigmes géopolitiques et diplomatiques. Les paradigmes religieux vont être aussi profondément bouleversés», estime un théologien orthodoxe et historien des religions. Et Libération rappelle que près de 80 % de la population ukrainienne fait partie aujourd’hui de l’Eglise orthodoxe autocéphale qui a coupé les liens de la tutelle russe, mais que l’Eglise orthodoxe ukrainienne rattachée à Moscou affiche aujourd’hui ses distances avec le patriarche de Moscou par la voix de son métropoliteOnufriy: «Une telle guerre ne trouve sa justification ni devant Dieu ni devant les hommes, a-t-il déclaré. au grand dam de Kirill soutien sans état d’âme de Poutine. L’héritage de sang et de larmes que cette guerre laissera à terme marquera, je pense, la fin de l’Eglise rattachée à la Russie prédit encore le théologien.