Dialogue

Myriam Lemaine

Myriam Lemaire reçoit les grands acteurs de la vie politique, économique et institutionnelle française pour un entretien en lien avec l'actualité.

03/02/2024
Dans ce premier Dialogue de l'année 2024, l'ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve évoque, au micro de Myriam Lemaire, son long compagnonnage avec François Mauriac et les raisons pour lesquelles cette personnalité l'inspire. Un entretien passionnant et rare. "En écrivant sur François Mauriac, j'ai cherché à dire combien sont singulières les ondes qui passent entre des êtres qui ne se rencontreront jamais et dont on ne sait rien des liens qui auraient pu les unir, si les hasards de la vie les avaient placés sur le mème chemin." Ainsi commence Ma vie avec Mauriac, un essai littéraire très personnel, profond et sensible, dans lequel Bernard Cazeneuve raconte sa rencontre avec ce célèbre écrivain journaliste. À la mort de François Mauriac en 1970, Bernard Cazeneuve a 7 ans. À 9 ans et par hasard, cet enfant solitaire lit Le Nœud de vipères et, plus tard, d'autres romans de Mauriac. Il découvre dans ces récits un univers inconnu de lui, celui du romancier issu de la bourgeoisie catholique girondine, alors que le jeune Bernard appartient à une famille républicaine, laïque et déracinée, ayant quitté l'Algérie au début des années soixante pour le Valois nervalien. Mais l'univers de Mauriac, ses personnages et ses paysages font écho à sa propre sensibilité et à son cheminement intérieur. Alors que naissait sa vocation politique, Bernard Cazeneuve s'intéresse au Bloc-Notes de Mauriac, qui va être, pour lui, une inépuisable source d'information. "C'est avec ce Mauriac-là [...] que je devais me sentir le plus en harmonie, non parce qu'il était de gauche - car je n'ai jamais pensé qu'à aucun moment il le fut - mais parce qu'il se méfiait de l'air du temps et des meutes constituées, dont il percevait mieux que quiconque la propension à la violence", écrit Cazeneuve. Au cœur de cet entretien exclusif, il dit les raisons de son admiration pour cette œuvre et pour cette personnalité qui, avec courage et lucidité, s'est engagée dans tous les grands combats du siècle dernier, recherchant inlassablement la justice et la vérité. Une invitation à lire et relire François Mauriac, dont les textes éclairent les temps présents en cette période qui connait un "affaissement" de la vie politique. Vous pouvez écouter ce Dialogue en direct le 6 janvier à midi, sur notre antenne 100.7 FM/DAB+ et sur frequenceprotestante.com et le réécouter ensuite ci-dessous, sur notre site et sur toutes les plates-formes de podcast. Ma vie avec Mauriac de Bernard Cazeneuve, est publié chez Gallimard, dans la collection "Ma vie avec" dirigée par François Sureau.
Dans son émission Dialogue, Myriam Lemaire reçoit Jérôme Fourquet, analyste politique, expert en géographie électorale, directeur du département Opinion à l'Ifop. Il est l'auteur de deux livres à succès, L'Archipel français (2019) et La France sous nos yeux (avec Jean-Laurent Cassely, 2021) édités au Seuil. À la suite de l'élection présidentielle de 2022 qui a confirmé la "disruption" du paysage politique, Jérôme Fourquet a décidé de poursuivre son étude de la société française et de "la grande métamorphose" de notre pays. Il vient de publier, La France d'après — Tableau politique (Le Seuil). Dans ce nouvel essai, il analyse les conséquences électorales des grandes mutations économiques, sociales, religieuses, culturelles, intervenues au cours des dernières décennies qui ont abouti à ce qu'il appelle "la France d'après", c'est-à-dire la France contemporaine. Pour brosser le tableau politique de la France d'après, il combine deux approches, celle de la géographie initiée par André Siegfried, dans son "Tableau politique de la France de l'Ouest " en 1913, et celle de la sociologie, avec le sondage introduit en France par Jean Stoetzel qui créa l'Ifop (Institut français d'opinion publique), car elles se complètent, réalisant ainsi "l'alliance de la carte et du camembert". Comment se déterminent les électeurs dans cet "archipel" qu'est devenu la France ? Quel est le poids des diverses variables sociales et géographiques et des singularités individuelles ? Pourquoi a-t-on assisté à "la fin des fiefs" ? Quels sont les ressorts de "la montée des eaux bleu-marines" ? Autant de questions auxquelles Jérôme Fourquet apporte des réponses dans son livre et dans cette émission.
Né en 1944, dans les derniers jours de la guerre, Claude Martin n'a cessé de s'intéresser à l'Allemagne. Il en a tout d'abord étudié la langue et la littérature. À 14 ans, il en a parcouru le territoire à bicyclette, depuis Le Chambon-sur-Lignon jusqu'à Francfort. Après ses études, il a choisi d'entrer au Quai d'Orsay pour travailler avec l'Allemagne, encore, à la construction d'une Communauté européenne qui rendrait nos pays plus solidaires. Pendant près de trois décennies, il a participé à toutes les négociations européennes dans lesquelles "le moteur franco-allemand" a permis d'avancer et de mettre en place des politiques communes. Ces négociations furent parfois très difficiles et donnèrent lieu à des tensions. Nommé en 1999 ambassadeur à Berlin, où il restera neuf ans, il eut pour mission d'aider à reconstituer un "couple" franco-allemand solide et à rétablir l'entente entre le président Jacques Chirac et le chancelier Gerhard Schroeder. Parcourant le pays sans relâche, il a rencontré toutes les personnalités marquantes des mondes économique, culturel et politique, au sein duquel très vite, il a distingué la jeune Angela Merkel... Dans son livre Quand je pense à l'Allemagne, la nuit, Mémoires d'un ambassadeur, publié en 2023 aux éditions de l'Aube, (après son premier ouvrage, La diplomatie n'est pas un diner de gala, paru en 2018 chez le même éditeur), il raconte avec vivacité et élégance cette longue page d'histoire et livre un témoignage rare et passionnant. Au micro de Myriam Lemaire, dans son émission "Dialogue", il évoque l'Allemagne et les relations franco-allemandes, rappelant l'évènement majeur qu'a été la réconciliation entre les deux pays, scellée par le Traité de l'Élysée, lors de la rencontre du général De Gaulle et du chancelier Adenauer, le 22 janvier 1963. Il explique le chemin parcouru, en dépit des divergences, analyse les évolutions et donne son sentiment sur les résultats de la coopération entre les deux pays.
Les "Rendez-vous de l' Histoire" de Blois fétent cette année leur 25e anniversaire. La 25e édition se déroulera du 5 au 9 octobre et s'intéressera au thème de la "mer"., . A cette occasion , Jean- Noel Jeanneney, historien de la politique ,de la culture et des médias,ancien ministre , Président du Conseil scientifique des" Rendez-vous de l'Histoire", est l'invité de Dialogue , émission de Myriam Lemaire, le 1er octobre ,à 12H . Il rappelle comment, depuis sa création en 1998 , ce festival est devenu un évènement incontournable de la vie intellectuelle de notre pays, au carrefour de la recherche,de l'enseignement et des publics de tous ages. Il évoque la riche programmation de cette 25 e édition qui mobilise tous les savoirs pour interroger et raconter la mer. Un vaste sujet au coeur de multiples enjeux .. Dans cette émission, Jean-Noel Jeanneney revient sur ses Mémoires, "Le rocher de Susten"dont le second tome porte sur les années 1982-1991 , période au cours de laquelle il a été président de Radio France ,puis maitre d'oeuvre du Bicentenaire de la Révolution française.Un ouvrage captivant ,riche d'anecdotes et de portraits. Il nous présente en avant-première le livre "Daniel Stern,comtesse d' Agoult-De la Restauration à la IIIe République", de Marie Octave Monod, historienne et militante pour l'éducation des filles, sa grand-mère maternelle.Cette biographie de Marie d' Agoult, femme de lettres du XIXe , initialement publiée en 1937 aux éditions Plon est rééditée par les éditions Des femmes-Antoinette Fouque, à l'initiative de Jean-Noel Jeanneney qui l'a enrichie d'une préface.Ce portrait d'une femme passionnante au caractère complexe,dont le travail a été occulté, autrice de romans et d'essais ,notamment de " Histoire de la Révolution de 1848",sera disponible en librairie en octobre octobre 2022.A découvrir. Le programme complet des Rendez-vous de l'histoire est disponible sur le site du festival :www.rdv-histoire.com , sur lequel il est possible de réserver des places en ligne .L'acces à cette manifestation est gratuit.
Stéphane Gompertz, Apologie du futur, L’Harmattan Normalien et énarque, Stéphane Gompertz a enseigné la littérature médiévale avant de se tourner vers la diplomatie. Il a été notamment ambassadeur en Éthiopie et en Autriche puis, dans le cadre de la préparation de la COP21, ambassadeur climat itinérant de la France pour l’Afrique, l’Océan indien et le Moyen-Orient. Auteur de plusieurs livres, en particulier «Un diplomate mange et boit pour son pays»( ed Odile Jacob,2019), il est actuellement conseillerdu Fonds à impact Investisseurs et Partenaires et adjoint au maire de son village. Dans son nouveau livre «Apologie du futur» (L’Harmattan), essai sur la crise de l’avenir écrit avant et pendant la pandémie, il analyse la relation difficile que notre époque entretient avec le temps. En réponse au pessimisme et au déclinisme de nos contemporains, il livre un message d’espoir, estimant que «le futur n’a pas dit son dernier mot.» Les différentes menaces qui nous entourent : «changement climatique, insécurité et terrorisme, pandémies, robotisation, perte de nos identités ne doivent pas occulter les progrès qui continuent à s’accomplir : elles peuvent être conjurées. La montée des crispations est réversible. Le souci du long terme et de la solidarité se fait jour jusque dans le monde de l’entreprise. L’identité collective peut être repensée, conciliant continuité et ouverture. L’avenir n’est pas donné mais reste ouvert.»
Alors que l’avenir de la Nouvelle-Calédonie revient dans l’actualité avec la perspective d’un troisième réferendum, Christian Blanc, préfet, anciensecrétaire d’Etat chargé du Développement de la Région capitale et de la création du Grand Paris, qui a dirigé notammentla RATP etAir France, estl’invitéde Dialogue, une émission de Myriam Lemaire. Invitéaussi, le Pasteur Jacques Stewart, ancien Président de laFédération protestante de France qui a accepté departiciper depuis l’Ardèche àcet entretien . Christian Blanc a été un acteur importantde l’histoire récente de la Nouvelle Calédonie, entre 1984 et les accords de Matignon de 1988. Trente ans après, il apporte un témoignage exceptionnel surcette période mouvementée. Son livre»La force des racines Kanak en Nouvelle-Calédonie «( éditions Odile Jacob), qui se lit comme un roman, est à la fois un récit historique et la chronique d’une aventure personnelle. Apportant de nombreux témoignages inédits, ilnous plonge au cœur des négociations entre les principaux protagonistes, métropolitains (Pisani, Rocard, Mitterrand) et calédoniens (notammentLafleur et les chefs kanak, Tjibaou et Yeiwéné). Dans l’émission,l’auteur présentela Nouvelle Calédonie,un territoire lointainetméconnu appelé le » Caillou», situédans l’océan Pacifique, habité par les Kanak et les Caldoches. La place importantede l’église protestante dans ce pays évangélisé de longue date, est évoquée par le Pasteur Jacques Stewartqui futmembrede la » Mission du dialogue»conduite par Christian Blancen Nouvelle Calédonie. Composéed’hommes de bonne volonté,religieux et hauts fonctionnaires,cette équipede «missionnaires» est allée à larencontre des forces politique et de la population, rendant ainsi possible lasignaturedes accords de Matignonpar les indépendantistes et les anti-indépendantistes. Christian Blanc rappelle des moments forts , parfois tragiques, des relations humaines intenses et les paroles de Tjibaou qui déclara:» Quand on se coupe le doigt,la couleur du sang est toujours rouge, quelle que soit la couleur de la peau.C’est ce qui donne à l’ humanité l’unité et la fraternité des hommes sur terre…»
Professeur des Universités à Sciences Po, le politologue Dominique Reynié dirige la Fondation pour l’innovation politique, un think tank libéral, progressiste et européen Dans l’ouvrage «Le XXIé siècle du christianisme»(éditions du Cerf), publié sous sa direction, il a réuni dix intellectuels spécialistes du catholicisme, du protestantisme et de l’ orthodoxie pour dresser unpanorama et décrypter pourquoi et comment notre héritage dessine notre avenir. Dominique Reynié évoque la question du lien entre religion et politiquepour lui,la séparation du politique et de religieuxse trouve aujourd’hui menacée sous la pression du théologico-politique et par des pouvoirs laïcs mais totalitaires. Il souligne que» la religion demeure une dimension essentielle de l’humanité».Il constate ,à rebours d’une idée répandue en France, la permanence du fait religieux mais aussi son expansion, au moins sur le plan démographique. Selon une étude du Pew Research Center en 2017, 84% des habitants de la planète déclarent une affiliation religieuse. Les chrétiens constituent le groupe le plus important ,suivi par les musulmans.Aucune religion n’est épargnée par la persécution maisla religion la plus persécutée est lechristianisme. La situation deschrétiens d’Orient estparticulièrement tragique,le christianisme risquant de disparaitresur les lieux qui vont vu naitre, commeen prévient Jean-FrançoisColosimodans ce livre. Pour Dominique Reynié, la culture chrétienne et la culturedémocratique sont liées et le destin de l’une affecte celui de l’autre. Il nous en explique les raisons. Face aux enjeux cruciaux de l’humanité et aux questions sociétales, debioéthique,d’écologie, les religionspeuvent être appelées à exprimer leurs positions dans l’espace public, mais elles doivent rester séparées du pouvoir. Ellespeuvent jouer un rôle de vigiede la République, comme les protestants y ont été invités par Emmanuel Macron en 2017, année du 500é anniversaire de la Réforme.
Historien, spécialiste de l’ histoire politique et intellectuelle, éditeur et fondateur de la revue L’Histoire, auteur de nombreux ouvrages distingués par plusieurs prix, Michel Winock vient de publier «La France libérée-1944-1947″(Perrin). Dans cette chronique, il revient sur cette période oubliée, pourtant riche et déterminante, qu’il avait évoquée, dans «Jours anciens»(Gallimard), livre sur son enfance et son adolescence.Il raconte avec brio, en une vingtaine de chapitres, les grands évènements politiques de ces trois années mais aussi culturels, judiciaires et sportifs afin de proposer un tableau global. Dans DIALOGUE, il évoque pour nous cette période terrible mais aussi chargée d’espérance. Il rappelle combien la France libérée est dévastée etdétruite -comme l’évoque le poème de Jacques Prévert, Barbara, dont il a choisi de lire un extrait-combien la vie quotidienne est difficile, comment le désir de vengeance conduit à l’épuration sauvage puis légale. Mais cette époque est aussi celle de la joie de la liberté retrouvée qui s’exprime dans des chansons, par exemple «Fleur de Paris» chantée par Maurice Chevalier. Michel Winock apporte un éclairage sur la vie politique et intellectuelle des années d’après guerre, marquée par le poids du Parti communiste français et le renouveau du catholicisme, l’influence de Jean-Paul Sartre et de l’existentialisme, l’effervescence culturelle et les grandes lois sociales inspirées par le programme de la Résistance. Il explique la difficulté de fonder un nouveau régime, les querelles partisanes avivées par les débuts de la guerre froide et des conflits coloniaux, les raisons de la démission du Général de Gaulle et sa conception des institutions, et permet de comprendre l’échec politique de la IVe République mal partie dès ses débuts.
Sénatrice d'Ile-et-Vilaine, Présidente de la Délégation sénatoriale aux collectivités territoriales et à la décentralisation, membre de la commission des lois, membre du groupe Union Centriste, Françoise Gatel défend avec ferveur les élus locaux, en particulier les maires dont elle évoque, dans cet entretien avec Myriam Lemaire, la mobilisation remarquable pendant la crise sanitaire et la capacité à "inventer des possibles". Très attachée à sa région, la Bretagne, où elle est née à Rochefort-en-Terre (Morbihan), elle eut pendant 16 ans "le bonheur d'être maire" de Chateaugiron, dans le département d'Ile et Vilaine. Cette "petite cité de caractère", née au début du XIème siècle, a été labellisée par l'association Petites cités de caractère de France créée par des maires, il y a plus de 40 ans, dont elle est Présidente, et qui a pour pour objectif la sauvegarde du patrimoine comme levier du développement des territoires. La ville de Chateaugiron a fusionné en 2017 avec deux communes proches, pour créer une "commune nouvelle", dans une démarche libre et volontaire dont se réjouit Françoise Gatel. Ce mouvement de fusion qui se poursuit en France est une "révolution silencieuse". Il a permis à certaines communes d'échapper au déclin et à notre pays de passer sous la barre des 35000 communes. Élue sénatrice en 2014, notre invitée a du renoncer à sa fonction de maire en 2017 en raison de la loi sur le cumul des mandats. Elle se montre critique vis à vis de cette réforme qui risque de produire des parlementaires hors sol. Aussi a-t-elle proposé, avec le groupe Union Centriste du Sénat, de revoir cette question. Françoise Gatel souligne le rôle exceptionnel des maires qui ont assuré le maintien du service public pendant la crise sanitaire en "étant au front" avec les préfets et les sous-préfets. Mais elle observe que la fonction de maire s'est transformée comme la société et s'inquiète de la montée des incivilités et des agressions dont sont victimes ces élus. Afin d'impulser "une nouvelle dynamique démocratique à partir des territoires" et retrouver un esprit de civisme, la sénatrice propose de choisir la voie de la "démocratie implicative" en recherchant l'implication des citoyens sur des projets très locaux, comme elle le recommande dans un récent rapport d'information. La Sénatrice évoque aussi les travaux de sa délégation qui porte la voix des territoires et est à l'écoute des grandes associations d'élus locaux. Elle nous parle de la loi "3DS" relative à la Différenciation, la Décentralisation, la Déconcentration et la Simplification de l'action publique locale, promulguée le 22 février dernier, dont elle était co-rapporteure et qui va dans le bon sens pour les collectivités territoriales. Plusieurs avancées de cette loi ont été portées par le Sénat, dans l'esprit des 50 propositions qu'il a présentées en 2020 en partenariat avec les associations d'élus locaux. Il a été entendu sur plusieurs sujets comme le logement social ou l'implantation des éoliennes. La sénatrice rappelle que l'objectif du Sénat est "l'efficacité de l'action publique jusqu'au dernier kilomètre". Pour cela il faut partir des besoins et des services à rendre à la population, permettre la différenciation et appliquer le principe de subsidiarité qui consiste à traiter les questions au niveau le plus pertinent.
L’École nationale des chartes fête ses 200 ans cette année. A cette occasion,Michelle Bubenicek, directrice de l’École nationale des chartes,est l’invitée deMyriam Lemaire, dansDialogue, émission mensuellechaque premier samedi du mois à 12H05. Michelle Bubenicek est archiviste paléographe et professeur des universités. Elle est, depuis le 1er septembre2016, directrice de l’École nationale des chartes, après avoir été enseignant-chercheur et conservateur du patrimoine. Dans cette émission, elle évoque l’origine et les évolutions de cette école prestigieuse, fondée par ordonnance du roi Louis XVIIIle 22 février 1821, pourformer desérudits spécialistes des textes médiévaux dans latradition des moines bénédictins de la congrégation de Saint-Maur dontle plus célèbreest Jean Mabillon . Depuis sa création, l’Écoledes chartesest attachée à l’étude des sources de toute nature et sous tous leurs aspects.C’estunétablissement uniqueen son genre, spécifique et pluridisciplinaire, le seul en France et dans le monde à proposerunensemble de disciplines rares qui sont ailleurs éclatées entre différentes facultés : paléographie, philologie, archivistique, codicologie, diplomatique, histoiredu droit et des institutions, archéologie,histoire de l’art,histoire du livre et des médias,humanités numériques. L’École forme des spécialistes de la conservation, des chercheurs et des enseignants,mais ses anciensélèves embrassent parfois d’autres voies comme la diplomatie, la haute administration, le monde de l’entreprise ou de l’édition. Leur point commun est la» méthode chartiste», ancrée dès l’origine dansles enseignements,qui donne laprimauté à l’analyse critique des sources. Cette méthode rigoureusea fait ses preuves, notammentdurant l’affaire Dreyfus, avec les expertises de plusieurs professeurs de l’École, (dont des protestants), qui ont révélé la supercheriedepièces produites au dossier. Au fil de cet entretien , nous découvrons une École qui, tout en restant fidèle à sa vocation originelle,a su s’adapter à la révolution numérique et aux défis du monde contemporain en mettant en place des formations innovantes,en se dotant de masters et de doctorats et en créant en 2012, un laboratoire de recherche,le centre Jean -Mabillon.Ouverte aux nouvelles technologies, l’École nationale des chartescontinue à transmettre des savoirs et des méthodes.Au service de la conservation et de l’étude des sources. Pour célébrerson bicentenaire, l’École nationale des chartes a organisé une série d»évènement tout au long de l’année2021. Un livre anniversaire, » L’École nationale des chartes, deux cents ans au service de l’histoire», rédigé par Jean-Charles Bédague, Michelle Bubenicek et Olivier Poncet, a été édité(Gallimard-ENC). Le programme du bicentenaire et les informations sur l’ École nationale des chartes sont sur le site www .chartes.psl.eu.
Les violences sexuelles dans l’Église catholique : entretien avec JEAN-MARC SAUVE,Président de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église catholique (CIASE) dans DIALOGUE, avec Myriam Lemaire, Jean-Marc Sauvé a accueilli Fréquence protestante, le 27 janvier dernier, pour évoquer le travail remarquable mené pendant trois ans par la CIASE sur les abus sexuels dans l’Église catholique en France depuis 1950, rappeler l’état des lieux accablant qu’elle a dressé et raconter l’expérience douloureuse vécue à l’écoute des victimes.Ce haut fonctionnaire catholique, qui fut Secrétaire général du gouvernement sous quatre premiers ministres, puis pendant douze ans, Vice-Président du Conseil d’État, a été contacté en 2018 par les évêques et religieux pour composer et piloter la Commission indépendante créée à l’initiative de l’Église catholique. Il nous dit pourquoi il a accepté cette mission, comment il a composé une Commission pluraliste et quelles ont été ses méthodes de travail. Il explique avoir eu l’intuition qu’il était nécessaire d’écouter les victimes des agressions, non comme des experts mais «comme des êtres humains». Leur vécu a été «la matrice du travail de la Commission». «Les victimes détiennent un savoir unique… leur parole a servi de source d’inspiration». L’audition de 243 victimes en tête à tête a été «une grande épreuve pour nous tous», déclare Jean-Marc Sauvé qui a ressenti, comme plusieurs membres de la Commission, le besoin d’un accompagnement psychologique. Le travail de cette Commission a mis en lumière l’ampleur des violences sexuelles dans l’Église catholique mais aussi dans la société française. Il a mis aussi en évidence leur caractère systémique et la responsabilité de l’institution. Jean-Marc Sauvé rappelle les principales mesures qui font l’objet de 45 recommandations dans le Rapport de la CIASE. En premier lieu, l’Église catholique doit reconnaitre sa responsabilité et engager des démarches de réparation. Elle doit en outre procéder à des réformes, notamment en matière de droit canonique, de gouvernance, de théologie, de morale sexuelle. Un plan d’action ambitieux que les évêques réunis à Lourdes ont annoncé le 8 novembre.
DANIEL JOUANNEAU: «SOUVENIRS D’UN CHEF DUPROTOCOLE» Diplomate,ancien ambassadeurau Mozambique, au Liban, au Canada et au Pakistan, auteur du Dictionnaire amoureux de la diplomatie(Plon,2019), Daniel Jouanneau a été chef du protocole sous les Présidents Mitterrand et Chirac, de 1993 à 1997. Il se confie pour la première fois sur son métier dans son ouvrage»Souvenirs d’un chef du Protocole » édité chez Plon. Riche d’anecdotes savoureuses, parfois cocasses, ce livre offre une plongée inédite au cœur de l’appareil d’État et dévoile les coulisses de la diplomatie auxquels nous avons rarement accès. Autour des activités internationales des plus hautes autorités de l’État se déploie une organisation dont la coordination incombe au chef du Protocole. Nommé par François Mitterrand, confirmé dans ses fonctions par Jacques Chirac, Daniel Jouanneau les a exercées pendant quatre ans, au service d’une politique étrangère très active. Au micro de Fréquence protestante, dans Dialogue, avec Myriam Lemaire, Daniel Jouanneau évoque cette étrange profession, dont François Mitterrand disait qu’elle» ne répondait à aucun critère» et témoigne de ses exigences particulières. Il explique les singularités diplomatiquesde la cohabitation Mitterrand – Balladur, Premier ministre dont il assura le Protocole et qu’il a accompagné, bien qu’étant protestant, à l’occasion d’une audience privée accordée par le pape Jean-Paul II.Il raconte des moments forts, mais aussi des incidents évités de justesse : le 50e anniversaire du débarquement en Normandie qui fut l’évènement le plus complexe qu’il eut à organiser et la restitution mouvementée des manuscrits coréens lors de la visite d’État de François Mitterrand. Parmi ses souvenirs les plus marquants, Daniel Jouanneau évoque de grandes figures qu’il a eu le privilège de rencontrer :Elisabeth II, Clinton, Nelson Mandela avec qui il a eu une conversation en tête-à-tête (ce qui est rarissime pour un chef du Protocole) et dont il» garde un souvenir lumineux», l’empereur et l’impératrice du Japon remarquables parleurcourtoisie et leur curiosité… Au long de cette période d’intense activité diplomatique, il a pu observer la grande continuité de la politiqueétrangère des présidents Mitterrand et Chirac et l’intérêt constant pour la voix de la France à l’étranger.