Pont des arts

Nathalie Garnier

Cette émission rend compte des expositions artistiques, peinture, sculpture, qui ont lieu à Paris et en région parisienne.

< Juliette Singer, commissaire de l’exposition « Le Paris de la modernité, 1905-1925», Petit Palais, Paris. < Marie-Charlotte Calafat, co-commissaire de l’exposition « René Perrot, Mon pauvre cœur est un hibou », Mucem, Marseille. Le Petit Palais célèbre le « Paris de la modernité 1905-1925 » jusqu’au 14 avril et René Perrot s’expose au Fort Saint-Jean au Mucem à Marseille jusqu’au 10 mars. Deux commissaires pour en parler : Juliette Singer pour le Petit Palais et Marie-Charlotte Calafat pour le Mucem. René Perrot (1912 - 1979) est affichiste et célèbre pour ses cartons de tapisserie, genre qu’il a remis à l’honneur. De 1942 à 1945, il enquête pour le Musée des arts et traditions populaires et dresse un portrait sensible et ethnographique de la France d’alors. Pacifiste convaincu, il a eu toute sa vie une passion pour la nature qui est au cœur de son œuvre tissé. Le sous-titre de l’exposition « Mon pauvre cœur est un hibou », tiré d’un poème d’Apollinaire, en est la preuve. « Le Paris de la modernité » est une belle saga pluridisciplinaire de 400 œuvres qui illustre vingt années d’explosion créative dans une ville monde rayonnante. Cette saga commence par le salon d’automne de 1905 créant un scandale avec les peintres fauves, en passant par le Cubisme et le Futurisme. Les artistes modernes (Félix Vallotton, Vuillard etc) sont envoyés au front pour peindre la Grande Guerre et les années folles lancent le modèle de la « garçonne ».
On inaugure l’année avec les maîtres qui ont inspiré Vincent Van Gogh et la peintre américaine Dana Schutz qui refait le monde au Musée d’art moderne de la Ville de Paris. Deux commissaires pour en parler : Agnès Saulnier-Chemin pour « Le musée rêvé de Vincent », musée Daubigny, Auvers-sur-Oise et Anaël Pigeat pour « Dana Schutz, le monde visible », MAM, Paris. C’est l’année Van Gogh et le musée Daubigny célèbre le peintre en exposant les maîtres qu’il admirait : beaucoup de paysagistes dont Georges Michel, Constant Troyon, Jules Breton, Jean-François Millet et Charles-François Daubigny, ce dernier ayant marqué Auvers-sur-Oise, berceau de la peinture en plein air. « L’art, c’est l’homme ajouté à la nature » citait Vincent qui vécut ses deux derniers mois de vie et de création intense à Auvers. Dana Schutz est une peintre américaine qui travaille à New York Brooklyn et à presque 50 ans, c’est sa 1ère rétrospective en France sur plus de 20 ans de création. La présentation chronologique permet d’admirer son évolution, vers de grands formats monumentaux où elle peint des groupes d’humains aux corps et visages grimaçants et parfois drôles qui avancent soudés dans un monde qui s’écroule. Dans une palette chromatique magnifique. Avec < Agnès Saulnier-Chemin, co-commissaire de l’exposition « Le musée rêvé de Vincent », musée Daubigny, Auvers-sur-Oise < Anaël Pigeat, commissaire de l’exposition « Dana Schutz, le monde visible », Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris
Deux belles expositions complémentaires cet été. La chaleur torride de Naples souffle sur le Louvre avec les chefs d’œuvre du musée de Capodimonte exposés dans trois lieux emblématiques du palais parisien et l’air frais marin du MuMA au Havre qui présente les œuvres d’Albert Marquet (1875 – 1947) réalisées lors de ses séjours en Normandie. Deux commissaires pour en parler : Charlotte Chastel-Moreau pour le Louvre et Sophie Krebs pour le MuMA. Le musée napolitain de Capodimonte profite de sa période de travaux pour exposer près de 70 des chefs d’œuvre de ses collections au Louvre. La Grande Galerie propose par exemple un aperçu unique de la peinture italienne du 15e au 17e siècle avec une Crucifixion de Masaccio (artiste fondateur de la Renaissance absent du Louvre), une Flagellation monumentale du Caravage… dans un dialogue époustouflant avec les peintures du Louvre pour un plaisir visuel décuplé. Albert Marquet a sillonné la Normandie de 1903 à 1937 (Fécamp, Rouen, le Cotentin, Dieppe, Honfleur et le Havre), et souvent en compagnie d’amis peintres comme Raoul Dufy, Charles Camoin, Felix Valloton. Le peintre était prisé des amateurs d’art du Havre dont le MuMA possède d’ailleurs une belle collection d’œuvres. Ses paysages urbains sont facilement reconnaissables : beaux aplats colorés, vues prises de haut pour un artiste plein-airiste d’atelier qui peint aussi depuis la fenêtre de sa chambre d’hôtel. Avec : < Charlotte Chastel-Rousseau, commissaire scientifique de l’exposition « Naples à Paris », Musée du Louvre, Paris < Sophie Krebs, cocommissaire de l’exposition « Marquet en Normandie », MuMA, Le Havre
Deux expositions nous invitent à capter un peu de fraîcheur cet été. L’air marin pour le MuMA du Havre qui présente les œuvres d’Albert Marquet (1875 – 1947) réalisées lors de ses séjours en Normandie et l’air frais du jardin parisien verdoyant de la Fondation Cartier pour les œuvres monumentales et aussi minuscules du sculpteur contemporain australien Ron Mueck. Albert Marquet a sillonné la Normandie de 1903 à 1937 (Fécamp, Rouen, le Cotentin, Dieppe, Honfleur et le Havre), et souvent en compagnie d’amis peintres comme Raoul Dufy, Charles Camoin, Felix Valloton. Le peintre était prisé des amateurs d’art du Havre dont le MuMA possède d’ailleurs une belle collection d’œuvres. Ses paysages urbains sont facilement reconnaissables : beaux aplats colorés, vues prises de haut pour un artiste plein-airiste d’atelier qui peint aussi depuis la fenêtre de sa chambre d’hôtel. Le sculpteur australien Ron Mueck de 65 ans présente pour la 3ème fois ses œuvres à la Fondation Cartier. Héritier de la génération des Young British Artists révélée par le marchand d’art Charles Saatchi, il débute sa carrière d’artiste à près de 40 ans. Artiste lent, travaillant seul, il lui faut plusieurs mois, voire plusieurs années pour sculpter ses œuvres hyperréalistes, en jouant toujours sur l’échelle. Il dévoile ici « Mass », installation monumentale de 100 crânes géants, comme une nature morte en 3D invitant à réfléchir sur notre destin. Avec : < Sophie Krebs, cocommissaire de l’exposition «Marquet en Normandie », MuMA, Le Havre. < Aby Gaye, chargée de projets artistiques de l’exposition « Ron Mueck », Fondation Cartier pour l’art contemporain.
Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur. Avec Géraldine Lefevre, docteur en histoire de l‘art, pour l’exposition Léon Monet, frère de l’artiste et collectionneur. La renommée de Claude Monet et son rôle de chef de file de l’impressionnisme sont parfaitement connus, mais la personnalité de son frère Léon, industriel rouennais et collectionneur reste à découvrir. Léon Monet est un industriel chimiste, personnalité respectée à Rouen, et très impliquée au sein de nombreuses associations culturelles. En tant que collectionneur et mécène, il soutient Claude Monet à ses débuts, et de nombreux peintres impressionnistes de l’Ecole de Rouen. En tant que chimiste, il développe des couleurs synthétiques qui, outre leur utilité dans la teinture des tissus et en particulier des indiennes, vont permettre aux impressionnistes de peindre dehors sur le motif. L’exposition apporte un éclairage inédit sur le goût partagé des 2 frères pour la couleur, et sur des peintres de l’Ecole de Rouen présentés à côté d’artistes bien connus comme Sisley, Pissarro et Renoir. Paris, capitale de la gastronomie, du Moyen Age à nos jours. Stéphane Solier, professeur agrégé de lettres classiques, chercheur en cultures de l’alimentation, auteur culinaire. Au sein de la salle des Gens d’Armes qui servait de réfectoire à l’époque médiévale, cette exposition propose un voyage dans la légende gastronomique de la capitale française, depuis le Moyen Age jusqu’à nos jours, du mémorable banquet de Charles V à la Conciergerie, jusqu’au large répertoire culinaire de la capitale aujourd’hui, mêlant haute cuisine, traditions bourgeoises et populaires, et innovations. Ce sujet est illustré d’œuvres d’art, manuscrits, enluminures, arts de la table, tableaux et photographies, accompagnés de vidéos rétrospectives et contemporaines. Les grandes chroniques de France, manuscrit français 2813, 1379 Paris, Bibliothèque nationale de France, département des manuscrits.
Le paysage est le fil rouge de deux somptueuses expositions pour notre émission d’avril : l’une présente une promenade buissonnière de l’histoire du paysage depuis le 18e siècle et l’autre une rétrospective de l’artiste Anna-Eva Bergman (1909-1987) qui a construit une œuvre rigoureuse à partir notamment des paysages de ses voyages en Norvège et en Andalousie. Le Louvre-Lens met à l’honneur la thématique du paysage longtemps considéré comme genre mineur mais les artistes n‘ont jamais cessé de représenter la nature, et sur le motif. Un parcours de 170 œuvres détaillent la fabrique du paysage, depuis la reproduction des ornements de la nature (arbre, nuage, rocher, eau, ciel, …), de leur saisonnalité, jusqu’aux paysages historiques, scènes de ruines, de batailles et de vues monumentales de panoramas. Poussin, Delacroix, Millet, peintres orientalistes, Corot, Kandinsky, etc … ont tous réinventé la Nature. Anna-Eva Bergman, connue pour son mari l’artiste Hans Hartung (qu’elle épousa deux fois), sort enfin de l’ombre même si elle était célèbre dans les années après-guerre, notamment pour son utilisation de la feuille de métal. Toute sa vie, elle construit une œuvre rigoureuse à partir d’un répertoire précis de la Nature telle qu’elle l’observe lors de ses séjours dans le Nord et le Sud (Norvège, Andalousie, Antibes, …) : rocher, lune, horizon, planète, mer, ciel. Un « art d’abstraire » qui ne choisit pas entre figuration et abstraction. Avec : < Vincent Pomarède, co-commissaire de l’exposition « Paysage, fenêtre sur la nature », Louvre-Lens < Hélène Leroy, commissaire de l’exposition « Anna-Eva Bergman, voyage vers l’intérieur », Musée d’art moderne de Paris
Sur les routes de Samarcande. Placé au cœur de la Route de la Soie, l’Ouzbékistan recèle des trésors: cette exposition magnifie les splendeurs artisanales du XIXè et début du XXè siècles. Le textile joue un rôle capital, que ce soit pour les costumes d’apparat de la cour brodés d’or par les hommes, ou les tissus du cadre familial brodés de soie par les femmes. Tous ces textiles resplendissants de couleurs offrent de nombreux symboles que l’on retrouve aussi dans d’autres artisanats comme l’orfèvrerie. Yaffa Assouline, commissaire de l’exposition «Sur les routes de Samarcande, merveilles de soie et d’or» présentée à l’Institut du Monde arabe jusqu’au 4 juin 2023. Arts et préhistoire. Cette exposition offre une opportunité unique de voyager dans le passé à la rencontre des merveilleux artistes que furent nos lointains ancêtres. Une première partie présente 94 pièces originales exceptionnelles, dont les fameuses Vénus sculptées. La deuxième partie nous propose, par l’intermédiaire de vidéos, d’admirer des peintures et gravures sur roche, non seulement dans les célèbres grottes de Lascaux ou Chauvet, mais dans toutes les régions du monde, c’est un beau voyage. Riches d’une grande diversité de formes et d’expression, ces objets et ces images illustrent le pouvoir de l’imagination et de la créativité humaine depuis la nuit des temps. Marie Merlin, commissaire de l’exposition «Arts et Préhistoire», présentée au Musée de l’Homme jusqu’au 22 mai 2023.
Le Pont des Arts met à l’honneur deux genres picturaux: la nature morte et l’art animalier avec deux expositions phares de la rentrée d’automne. Le Louvre déroule une histoire revisitée de la nature morte avec «Les Choses» et le musée d’Orsay célèbre le bicentenaire de la naissance de Rosa Bonheur, une artiste «vachement» gonflée pour son époque. «Les Choses» présente un chassé-croisé des époques sur un genre longtemps considéré mineur comme la nature morte qui raconte pourtant sur l’homme et sa représentation du monde grâce à l’objet. Cette épopée riche part des haches gravées de la sépulture néolithique de l’île de Gavrinis, des mosaïques antiques avec des représentations de gibiers, de cranes, tandis qu’à partir du 16e siècle, le genre se décline en vanités et groupes d’objets organisés en une unité plastique de la vie simple avec Chardin, ou morceaux de peinture pure avec les asperges de Manet jusqu’aux objets surréalistes de Meret Oppenheim. Rosa Bonheur a marqué le 19e siècle par sa personnalité de femme et artiste émancipée et son engagement pour la reconnaissance des animaux. Adoubée dès la Seconde République, son succès lui permet une indépendance financièree et elle va au-delà de la peinture animalière en réalisant des portraits d’animaux à part entière : lions, vaches, chats, lapins, chevaux, cerfs, moutons en transhumance … L’étude reste au cœur de son œuvre peinte d’après nature, que ce soit dans le Nivernais, les Pyrénées, en Ecosse ou au château de By à Thomery, un domaine de parfaite amitié au sein d’une arche de Noé.
Le Pont des Arts présente deux artistes forts et engagés, chacun dans leur siècle : William Morris, artiste anglais, ancré dans le Moyen-Age et pourtant grand visionnaire du 19e siècle, et Oskar Kokoschka, peintre autrichien, figure de l’art dégénéré pour le Nazisme, combattant sans relâche au 20e siècle pour une Europe de paix unifiée. William Morris (1834 - 1896), tel St Georges combattant le dragon, lutte contre les effets de l’industrialisation massive de l’Angleterre victorienne en puisant dans le Moyen-Age un idéal incarné par le mouvement Arts & Crafts. Cet artiste polyforme proche des Préraphaélithes, notamment de Edward Burne-Jones, est un touche à tout aux mille visages : traducteur, poète, architecte, dessinateur, entrepreneur social, fondateur de la ligue socialiste anglaise. Il est surtout connu pour avoir conçu des papiers peints aux décors floraux somptueux témoignant d’un imaginaire riche et d’une conviction de créer du beau, même dans les objets usuels, pour le plus grand nombre. Oskar Kokoschka (1886 - 1980) est un artiste expressionniste dans l’âme et aussi de l’époque troublée qu’il traverse. Dès l’âge de 22 ans, le crane rasé, il choque à Vienne : dramaturge, poète, écrivain et peintre. Après sa rupture amoureuse avec Alma Mahler, il conçoit une poupée à taille humaine comme un instrument thérapeutique et performatif avant-gardiste avec lequel il se met en scène. Il voyage beaucoup en Europe, y peint les vues de villes avec différents points de perspective, et dès l’arrivée d’Hitler au pouvoir, s’engage contre le nazisme. En 1937, victime du Nazisme, il peint son « autoportrait en artiste dégénéré » et toute sa vie se bat pour une Europe réconciliée.
Il est question de paysage marin et d’art monumental avec Jean-Francis Auburtin (1866-1930), peintre marqué par Puvis de Chavannes et la mer avec ses vues de Porquerolles et de Belle-Ile, et Jules-Eugène Lenepveu (1819-1898), grande figure académique du second empire avec ses prestigieux décors pour les édifices publics à Angers, sa ville natale, et en France. Souvent qualifié de peintre symboliste de la mer, Jean-Francis Auburtin a sillonné les côtes françaises : Belle-Île, Etretat, Porquerolles, Banyuls... L'exposition de Pontoise se concentre sur ces paysages marins. Aquarelles et gouaches au cadrage moderne (et aussi inspiré du japonisme de l'époque) déclinent des paysages aux couleurs subtiles traduisant une vision idéalisée de la nature. Et pourtant ces compositions restent réalistes car l'artiste est un fin observateur. Rochers, vagues, flots, nuages, pins parasols élégants : on reconnaît vite la pâte du peintre qui a été inhumé au cimetière marin de Varengeville. La mer toujours... Angers, la ville natale du peintre Jules Eugène Lenepveu, célèbre la gloire d’un peintre qui a brillé au second empire pour tomber dans l’oubli, à l’inverse de son ainé le sculpteur David d’Angers ou de son contemporain Gustave Courbet. Cet oubli est un comble pour un artiste certes académique mais qui a décoré de nombreux lieux publics et contribué au renouveau de la peinture religieuse à Paris. Une de ses oeuvres phares n’est même plus visible : le plafond du nouvel opéra de Charles Garnier recouvert en 1964 sur l’initiative d’André Malraux, par Marc Chagall. L’exposition révèle surtout un dessinateur hors pair, amoureux de l’Italie et un fin portraitiste.
Il est question d’ouvrir des espaces dans ce pont des arts printanier, d’espace en plein air entre ciel et eau avec les paysages du peintre finlandais Gallen-Kallela et de chaos ordonné et coloré sur l’espace de la toile souvent blanche de l’américaine très parisienne Shirley Jaffe. Le musée Jacquemart-André invite à l’introspection et à la contemplation de la Nature souveraine, celle de la Finlande avec le peintre Akseli Gallen-Kallela (1865-1931). . Dix ans après sa rétrospective au musée d’Orsay, on a ici une exposition plus resserrée mais qui donne néanmoins un aperçu grand angle des paysages finlandais et de la maîtrise de l’artiste pour transcrire les éléments neige, bois, ciel, nuages, eau, fleurs … Il oscille toute sa vie entre une aspiration à la solitude et le besoin de partager ses expériences depuis sa maison-atelier baptisée Kalela dont il conçoit l’architecture et la décoration intérieure Marqué par le naturalisme, son style dépasse peu à peu une représentation purement réaliste de la nature. Le Centre Pompidou présente la 1ère rétrospective en France de la peintre américaine installée à Paris depuis les années 1950 Shirley Jaffe (1923-2016). L’accrochage présente ses débuts expressionnistes abstraits, suivis des deux ruptures radicales conduisant à l’abandon de la gestualité à la fin des années 1960 et aux grandes toiles caractéristiques de la maturité par leur formes libres et unies et la présence d’un blanc incisif. À partir des années 1970, elle développe une écriture personnelle colorée aux contours ciselés à la géométrie à la fois ordonnée et contrariée, aléatoire en apparence, mais d’une rigueur implacable. Des espaces qui dynamisent et apaisent en même temps l’esprit… pour cette grande dame stimulante du courant abstrait.
Le pont des arts invite au plaisir rétinien pur des parterres éblouissants de marguerites et de chrysanthèmes de l’exposition sur le décor impressionniste et à faire un voyage immobile en Europe à travers le festival Circulation(s) de la jeune photographie européenne. Le musée de l’Orangerie donne un nouvel éclairage sur l’impressionnisme – oui c’est possible – avec les œuvres dites décoratives réalisées pour une clientèle privée ou pour les artistes eux-mêmes. Caillebotte, Cassatt, Cézanne, Monet, Morisot, Pissarro, Renoir, mais aussi Marie et Félix Bracquemond et Manet, se sont ainsi essayé aux panneaux muraux, éventails, céramiques avec des motifs floraux, des scènes de plein air, des baigneurs… Monet lui-même, dès 1915, appelait Les Nymphéas ses « grandes décorations », couronnement de cinq décennies de pratique et de réflexion de l’artiste – et plus largement des impressionnistes – autour de la question de la « décoration », notion cruciale tout au long du XIXe siècle. Le festival Circulation(s) est un rendez-vous incontournable exigeant de la photographie conduit par le collectif Fetart et ses dix curatrices qui affirment leurs convictions à travers une ligne artistique affranchie et le pari inconditionnel de l’émergence. L’appel à candidature est ouvert à tous les jeunes photographes européens, sans thème imposé. Le festival prend le pouls de leurs aspirations, rêves et préoccupations. Les artistes décortiquent les représentations de l’histoire, explorent leur origines ethniques, l’impact de la colonisation ou des migrations sur les identités ou les modes de vie, interrogent les limites de la science et de la technologie.
Le pont des arts invite à la promenade, la première en plein air avec l’exposition « Sur le motif. Peindre en plein air » à la Fondation Custodia et la seconde à la cour fastueuse de Philippe Le Bon, duc de Bourgogne avec une exposition à Beaune. A la fin du 18e siècle, les paysagistes européens pratiquent l’esquisse sur le motif en plein air, pour des études de petit format, peintes souvent sur papier, à la croisée de la peinture et du dessin. La Fondation Custodia propose un parcours thématique dicté par les motifs abordés : arbres, rochers, toits, volcans, ciels, campagne italienne … Ces œuvres au départ non destinées à la vente témoignent d’une fraicheur chromatique et d’un traitement de la lumière très modernes. Avec des artistes connus (John Constable, Rosa Bonheur, …) et d’autres moins (le danois Frederik Rohde, André Giroux, …). Beaune célèbre l’âge d’or de l’histoire du duché de la Bourgogne autour de ses trois figures emblématiques Philippe le Bon, Charles le Téméraire et le chancelier Nicolas Rolin dans trois lieux phare de la ville, l’hôtel Dieu (les Hospices Civils fondés par Nicolas Rolin), le musée du Vin et le musée des Beaux-Arts. Les œuvres des meilleurs peintres, orfèvres, sculpteurs incarnent la splendeur de ce 15e siècle, et le polyptyque du Jugement dernier par Roger Van der Weyden en constitue le point culminant. Ger Luijten, co-commissaire de l'exposition "Sur le motif. Peindre en plein air 1780-1870 », Fondation Custodia, Paris. Bruno François, chargé des collections, Hospices Civils de Beaune pour l'exposition " Le Bon, le Téméraire et le Chancelier - Quand flamboyait la Toison d'Or", Beaune.